Un plan établi pour évacuer 4000 élèves des localités frontalières avec la Gambie

Quatre mille élèves sénégalais de 48 établissements scolaires situés à moins de cinq kilomètres de la frontière avec Gambie seront déplacés selon un plan d’évacuation déjà établi par les autorités académiques de Ziguinchor (sud), en prévision d’une éventuelle intervention militaire dans ce pays, a appris l’APS.
« Nous avons évalué toutes les écoles qui sont à moins de cinq kilomètres de la partie frontalière entre la Gambie et la Casamance. Cela fait un effectif de 4000 élèves provenant de 48 établissements. Un plan est mis en place pour les déplacer en cas ’intervention militaire en Gambie’’, a expliqué l’inspecteur académie (IA) de Ziguinchor, Ismaïla Diouf.
« Pour le moment, nous souhaitons que les appréhensions par rapport à une éventuelle intervention militaire en Gambie restent à l’état d’appréhensions », a dit M. Diouf à des journalistes, en marge d’une cérémonie de présentation de vœux au personnel de l’académie de Ziguinchor.
« Nous sommes à pied d’œuvre pour établir un plan d’action en cas d’attaque militaire en Gambie. Cette situation produira deux mouvements de populations. Les personnes qui quitteront la Gambie pour la Casamance, mais surtout les Sénégalais qui habitent le long des frontières gambiennes et qui devraient faire l’objet d’un déplacement pour raison d’insécurité », a-t-il poursuivi.
Analystes et observateurs n’écartent pas la possibilité d’une intervention militaire en Gambie, où Yahya Jammeh, au pouvoir depuis 22 ans, conteste les résultats de la présidentielle gambienne du 1-er décembre dernier, au lendemain de laquelle il avait pourtant reconnu sa défaite et félicité son adversaire Adama Barrow, le candidat de l’opposition, pour sa victoire.
Jammeh qui a déposé un recours devant la Cour suprême exige la tenue d’une nouvelle élection.
Réunis le 12 décembre dernier, les membres du Conseil de sécurité des Nations unies avaient « renouvelé leur demande au président sortant Jammeh de respecter le choix souverain du peuple de Gambie et de transférer sans condition et sans délai le pouvoir au président élu, M. Adama Barrow ».
La CEDEAO va poursuivre ses efforts pour un transfert pacifique du pouvoir, le but étant de convaincre Yahya Jammeh de quitter le pouvoir pacifiquement le 18 janvier au soir, date de la fin officielle de son mandat.
L’Union africaine qui soutient cette médiation somme également Yahya Jammeh de quitter le pouvoir. Son Conseil de paix et de sécurité, réuni ce vendredi à Addis Abeba, a indiqué qu’’’’à compter du 19 janvier, elle cessera de reconnaître Yahya Jammeh comme étant le président légitime’’.
Cette situation d’incertitude pèse également sur le Sénégal qui commence à enregistrer la venue de ressortissants gambiens sur son territoire.
Lorsqu’il y a insécurité en Gambie, a fait valoir l’inspecteur d’académie de Ziguinchor, les populations habitant à moins de cinq kilomètres vont se déplacer.
« Dans ce mouvement, il y aura des enfants scolarisés qui risquent de perdre du temps. Nous avons identifié les établissements susceptibles d’accueillir ce flux d’élèves sénégalais », a expliqué Ismaïla Diouf.
Dans la perspective d’une intervention militaire, les autorités académiques de Ziguinchor ont déjà pris des mesures avec la création d’un « site d’accueil fait de tentes, d’abris provisoires et de toutes les commodités nécessaires avec l’aide des partenaires de l’école ».
« Nous avons même prévu des appuis en termes de nourritures pour la prise en charge des familles si la situation d’insécurité se confirmait en Gambie », a insisté Ismaïla Diouf, dont l’institution se dit aussi préoccupée par le sort qui devrait être réservé aux écoliers gambiens qui trouveront éventuellement refuge à Ziguinchor avec leurs familles.
« Nous avons prévu d’accueillir des familles gambiennes qui vont venir en Casamance avec des élèves. Nous sommes en train d’identifier les enseignants gambiens pour qu’ils continuent les cours au Sénégal avec leurs élèves gambiens pour qu’il n y ait pas de rupture dans le cursus », a assuré l’inspecteur d’académie de Ziguinchor.
« Un plan d’action a été élaboré dans ce sens, et tout est budgétisé pour qu’on ne soit pas pris au dépourvu, mais encore une fois nous souhaitons que ce plan ne soit pas mis en application parce que la raison aura prévalu en Gambie », a-t-il relevé.
APS
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