Un deal en tractation depuis 2012 se concrétise : une réconciliation Macky/Wade, sur le dos des Sénégalais surpris

J’avais publié en mai 2016, un article relatif aux retrouvailles de la famille libérale. Et ce qui s’est passé entre Macky Sall et Me Wade, en parfaits politiciens qui cachent leurs jeux, confirme bien ce deal qui vient d’être concrétisé. 
« Les préoccupations des Sénégalais se trouvent bien ailleurs que dans les retrouvailles de la famille libérale. »

Si toutefois les rumeurs qui circulent avec insistance ces temps-ci dans notre pays sont avérées, ce serait vraiment un manque de respect total du président Macky Sall envers les 65% d’électeurs qui avaient voté en sa faveur en 2012 contre Me Wade. Ce serait même également, dans une certaine mesure une trahison et un détournement du choix des citoyens. Disons dans le vrai sens du terme de son engagement solennel envers le peuple sénégalais, comme toutes les autres coalitions qui l’avaient soutenu à la présidentielle de 2012. Ensuite, s’il tronque son mandat à sa plus simple expression contre de prétendues retrouvailles de la famille libérale, ce serait assurément la preuve de son manque d’ambition pour son pays et une absence de vision pour un homme d’État.

Par ailleurs, ce serait même dans une large mesure de l’arnaque intolérable et inacceptable. Car, le chef de l’État a appelé au dialogue politique, ce qui suppose que celui-ci est national et sans exclusive. Comment dès lors, peut-il ensuite envisager ou circonscrire ce dialogue à de simples retrouvailles politiques de la famille libérale ? Alors que dans le même temps, il gouverne depuis quatre ans avec des coalitions de familles et de partis politiques d’obédience idéologique plurielle, c’est-à-dire BBY, Macky 2012, etc.

Ce sont de telles attitudes et pratiques politiques inconvenantes de certains de nos hommes politiques qui consistent à ne respecter ni leurs paroles et moins encore, leurs engagements, envers le peuple. C’est cela qui fait que les citoyens sont désappointés, désorientés, déçus et frustrés aujourd’hui de leurs dirigeants. Et les citoyens deviennent de plus en plus, nombreux à être dégoûtés de la politique et des politiciens. Oui, cela à cause de leur fausseté incorrigible et leur tendance à vouloir corrompre et arnaquer tout le monde à la fois. En conclusion, tout cela, rien que pour demeurer le plus longtemps possible au pouvoir.

En effet, j’ai dénoncé dans une de mes contributions , l’importance et la place inappropriées que l’on veut accorder à ces retrouvailles de la famille libérale. Surtout, dans un État supposé de droit et démocratique au sein duquel il y a le multipartisme et le pluralisme idéologique. Par conséquent, ces retrouvailles ne sont rien d’autre qu’une affaire strictement privée et une manœuvre de citoyens membres d’un parti libéral originel, parmi les trois cents que l’on compte sur les treize millions de Sénégalais que nous sommes. Dès lors, elles n’ont rien à voir avec le fonctionnement de l’État et de la marche normale de la République. Donc, il faut le clamer haut et fort et de marinière intelligible, pour que nul n’en ignore. En réalité, cela est une énième manœuvre des libéraux. En effet, certains accoutumés au pouvoir et assoiffés de lui maintenant pour l’avoir perdu, font feu de tout bois pour y revenir. Mais leur démarche est obscure en elle-même et antidémocratique dans son essence. Car, la démocratie n’est pas une affaire privée dans cercle concentrique entre une minorité de citoyens, mais une affaire de tout le peuple donc, pluriel. Ces retrouvailles des libéraux sont plutôt une collusion ou une forme de combine politicienne indécente, de mauvais goût.

Les initiateurs ou les promoteurs des prétendues retrouvailles libérales camouflées sous le couvert de la nécessité de dialogue politique ne sont, en vérité que des politiciens en perte de vitesse dépourvus d’éthique et de sens républicain, qui cherchent à redorer leur blason. Mais ne sont mus que par la cupidité et leurs intérêts personnels, loin des préoccupations du peuple sénégalais. Voilà pourquoi ils sont en train de tisser un vicieux complot contre la démocratie et le peuple sénégalais dans son écrasante majorité. Mais pour les Sénégalais attentifs et clairvoyants, il ne fait l’ombre d’aucun doute que l’objectif fondamental visé par les libéraux dans ces retrouvailles n’est nullement le souci de trouver les solutions justes et durables aux problèmes qui assaillent et traumatisent les populations sénégalaises.

Mais, ne sont-ils pas d’ailleurs, à la base de nos nombreuses difficultés, à travers leur gestion cahoteuse et nauséabonde durant 12 pénibles années qu’ils ont passées à la tête du Sénégal et, qui se prolongent jusque-là ? Enfin, la préoccupation majeure et le but visé aujourd’hui, c’est de conserver le gâteau du pouvoir pour son partage à nouveau, entre toutes les composantes de la famille libérale réconciliée. Et avec la transhumance au gout du jour, ils veulent obtenir aussi une redistribution des rôles entre frères libéraux retrouvés. Tout cela au détriment des autres citoyens sénégalais, non inféodés au pouvoir libéral passé et actuel. Les Sénégalais doivent cesser maintenant d’être naïfs ou tels des jouets, entre les mains des libéraux depuis l’alternance 2000.

Réellement, en quoi les Sénégalais dans leur écrasante majorité sont-ils concernés par une reconstitution hypothétique d’un parti libéral en lambeaux depuis fort longtemps ? Parce que, en réalité et indubitablement, il s’agit bien de cela et, ni plus ni moins.
Alors, sauf si, les Sénégalais sont devenus maintenant des demeurés ou vraiment des naïfs, il est inadmissible que, des citoyens sénégalais doués de raison et de bon sens succombent à ce traquenard des libéraux ou à leur piège tortueux et indécent à l’égard du peuple sénégalais. Sinon, comment sérieusement, des gens tant soit peu responsables peuvent-ils vouloir faire croire aux Sénégalais que les retrouvailles du Parti démocratique sénégalais représentent une importance quelconque pour eux. Surtout, un Parti, disloqué en lambeaux et qui n’est devenu que l’ombre de lui-même. Mais les libéraux pensent naïvement qu’ils sont le passage obligé et unique condition nécessaire et suffisante, pour remettre le Sénégal sur les rails et régler ses problèmes cruciaux actuels de tous ordres. Quelle crédulité ou prétention démesurée !

Mais, est-il pensable et acceptable après que le peuple a chassé par la voie démocratique, un pouvoir, pour incompétences, pour magouilles et malversations diverses avérées dans tous les domaines enfin pour mal gouvernance, que celui-ci tente son retour aux affaires par voie contournée ? Surtout, lorsque cette gouvernance se solde par un pillage systématique des principales ressources du pays à leur profit, au point qu’il fallut l’alterner par un autre. Mais malheureusement, ce régime qui le succède et que nous avions pensé en mesure et capable de nous débarrasser de toutes ces pratiques épouvantables que nous avions décriées, parce qu’il s’était engagé publiquement devant la nation, de remplir cette haute tâche. Et une telle tâche est devenue aujourd’hui incontournable pour que le Sénégal puisse émerger véritablement. Mais, le président Sall tergiverse depuis et même se renie sur des engagements majeurs.

Enfin, au regard de ce décor peu reluisant, c’est-à-dire : les inégalités sociales, les deux poids et les deux mesures dans la gouvernance publique de l’État. Le Sénégal est caractérisé par une justice qui manque notoirement d’équité et cela ne cesse de s’aggraver chaque jour et au détriment des plus déshérités. Avec tous ces manquements incalculables qui lui incombent, le président Sall devrait, devant ces immenses tâches importantes et urgentes en plus de ses autres charges relatives à la gouvernance du pays, en souffrance, leur consacrer tout son temps plutôt que de s’occuper de prétendues retrouvailles d’une famille politique absolument insignifiantes pour le pays. Déjà, il a fait la part belle aux délinquants qui ont pille le pays et, à une catégorie sociale faite de privilégiés au-dessus des lois en leur faisant bénéficier de l’impunité malgré leurs fautes graves.

Donc, une discrimination singulière dans l’application stricte et rigoureuse des lois de la République sur tous…
Ainsi, en lieu et place de prendre le taureau par les cornes les importants problèmes prioritaires et vraiment urgents, c’est-à-dire l’économie, l’éducation, la santé et l’amélioration du mieux-être des populations sénégalaises, etc. non le président Macky Sall se préoccupe plutôt de retrouvailles libérales et sa réconciliation avec Me Wade. Oui, comme si nous l’avions élu pour cela. Et tous ceux-là qui s’agitent autour de cette question le font par opportunisme et intérêt strictement personnel, mais non, pour l’intérêt général du peuple sénégalais.

Au demeurant, il n’existe nulle part au monde, de pays où le pouvoir et l’opposition ne s’affrontent pas à travers des idées et des programmes dans le cadre d’une démocratie normale. Par conséquent, vouloir éliminer à tout prix, cette confrontation politique toute normale dans la vie d’un État de droit démocratique, entre le pouvoir et son opposition est un non-sens et illogique, parce que relevant totalement et pratiquement de l’irréel.

Mais le président Macky Sall a-t-il déjà oublié qu’il a été élu avec, comme tâche de sortir le Sénégal de son enlisement, du fait de la gouvernance cahoteuse du pouvoir libéral sortant afin de remettre le pays sur les rails du développement économique, social et culturel ? A-t-il oublié aussi que sa mission est de rompre avec le passé décadent des libéraux pour pouvoir satisfaire les besoins fondamentaux d’existence des Sénégalais meurtris dans leur chair? En effet, depuis son arrivée au pouvoir, le président Sall tergiverse sur l’accomplissement de sa mission pour laquelle les Sénégalais l’ont élu, c’est-à-dire conduire le pays à bon port et non de se préoccuper des retrouvailles libérales. Quelle grande déception a été pour ces Sénégalais, d’avoir fait ce constat de l’attitude équivoque du président Sall, qui tout de même, avaient fondé de l’espoir sur lui ?

Nous avons tous fait le constat que, les poursuites de la traque des biens mal acquis par la CREI sont présentement à l’arrêt momentané ou peut-être même définitivement arrêtées. Mais, est-ce que d’ailleurs, tout cela n’entre pas dans le cadre de la stratégie souterraine des retrouvailles de la famille libérale ? Car en fait, tous les incriminés de la liste des 25 sont cette famille ou leurs amis. En tout cas, ce qui est sûr, l’on n’en parle plus et la CREI brille par son silence.

Par ailleurs, si l’on y regarde de plus près, le régime du président Macky Sall, comme celui son prédécesseur Me Wade, préfère s’atteler à faire la promotion d’une minorité de Sénégalais ou bien se réconcilier avec sa famille politique et libérale, que de rompre définitivement avec les pratiques indécentes du régime sortant. Des pratiques, consistant à enrichir artificiellement ses amis ou des hommes d’affaires véreux par des exonérations de douanes frauduleuses ou des remises gracieuses d’impôts illégales. Avec de telles pratiques anti-économiques, nous parler d’émergence du pays, dans ces conditions-là, est un leurre ou plutôt des farces tout simplement. Et ce sont ces pratiques-là qui ont immergé notre pays dans, les profondeurs de la pauvreté, des inégalités sociales intolérables, de l’impunité inacceptable et, instauré un système de privilège au profit d’une caste d’hommes et de femmes au sommet de l’État. Et cette caste se considère être au-dessus des lois. Voilà le visage hideux que nous renvoie la deuxième alternance comme la sœur jumelle de la première.

Et par-dessus tout, nous venons, d’apprendre encore avec indignation sans limites par une voix autorisée le comble ou l’inédit que, nos « honorables » députés, malgré leur statut d’honorable législateur et de surcroît tous les privilèges innombrables dont ils bénéficient, ne payent pas en plus, l’impôt sur leurs revenus. Alors que les pauvres retraités même avec leurs pensions maigres s’acquittent de leur impôt sur le revenu à la source, cette obligation citoyenne, mais aussi patriotique. Mais, l’on se demande logiquement, si, ce sont les députés qui bénéficient de tous ces privilèges inacceptables et illégaux, qu’en est-il alors des membres du gouvernement, du Conseil économique, social et environnemental, des directeurs généraux, etc ?

Dans le cas d’espèce, le Président de la République est directement interpellé, parce que ce cas gravissime, ne peut relever de personne d’autre que de sa responsabilité, si réellement nous sommes dans un Etat de droit organisé et une République consacrée. Et de pareils cas tenez-vous bien, foisonnent dans le pays, à cause du laisser-aller et laisser-faire qui permettent à de tels scandales de se produire avec une impunité totale. Ce scandale sans précédent n’en est qu’un parmi tant d’autres au Sénégal. Et cela illustre à suffisance les pratiques indécentes courantes et impunies de nos gouvernants comme nous les avons soulignées plus haut. Ces comportements et ces pratiques de nos dirigeants sont la preuve manifeste qui justifie que le poisson pourrisse par la tête. Ainsi, le sommet de l’État se comporte indiscutablement, comme des prédateurs notoires et antipatriotiques.

En tout cas, sans l’impunité dont ils bénéficient toujours en leur faveur comme d’habitude, les députés et tous ceux qui illégalement, profitent de cette faille de l’administration sénégalaise qui est devenue aujourd’hui totalement informelle et désincarnée, de sanctions sévères auraient dû être prises à l’encontre. Et cela va de soi que ces impôts dus et illégalement non payés par nos députés fraudeurs devront être intégralement remboursés par les débiteurs, jusqu’au dernier centime. C’est le minimum !

Mais le Président Macky Sall devrait s’inspirer sans complexe, des exemples utiles, pertinents et patriotiques des pratiques de certains chefs de l’État, en l’occurrence celui du Bénin, Patrice Talon. Oui, ce dernier, aussitôt son installation, a commencé par rapporter tous les décrets de complaisance qui étaient pris par son prédécesseur pour accorder des privilèges par-ci et là. Il a également supprimé toutes les agences budgétivores en doublons avec des ministères, certaines indemnités complaisantes purement politiciennes accordées à des camarades de parti, ainsi que les fonds politiques et postes inutiles, mais créés pour les besoins de recaser des amis, et tout cela était supporté par les contribuables. Des actes et mesures de telle nature qui vont parfaitement dans le sens d’une gestion vertueuse et rigoureuse des deniers publics et de la rationalisation du train de vie de l’État sont, à saluer et à encourager partout en Afrique où cela se fait. Et pourtant, le président Macky Sall avait parfaitement, bel et bien cette opportunité et cette latitude de le faire en 2012, mais hélas ! Il a préféré malheureusement passer outre et rater ainsi, le coche.


Mandiaye Gaye
Mandiaye15@gmail.com
Dakar, le 17 octobre 2019

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