UEMOA : la conséquence d’un mauvais casting sur le long feuilleton qui a opposé le Sénégal au Niger

Le long feuilleton qui a opposé le Sénégal au Niger pour l’attribution du poste de président du Conseil de l’Union économique et monétaire ouest africaine de (Uemoa) a finalement pris fin. Et les dirigeants de la sous région se sont arrangés pour que personne ne perde la face. En effet, le Président Mahamadou Issou fou du Niger avait mis un point d’honneur à faire asseoir un de ses compatriotes sur le fauteuil de président de la Commission de l’Avenue Joseph Ki-Zerbo à Ouagadougou, et il ne pouvait plus accepter d’autres couleuvres, après les différents sommets où le Sénégal avait parvenu à faire prévaloir son point de vue. Il en avait quasiment fait un casus belli, et tout le monde avait intérêt à trouver une sortie honorable.

En effet, au moment où la zone Cemac connaît de très fortes turbulences, dues au cours fluctuant du pétrole qui constitue quasiment la matière de base des économies de la sous-région, auxquelles il faut ajouter des incertitudes politiques qui menacent là aussi quasiment tous les pouvoirs en place, les dirigeants de l’Uemoa avaient intérêt à montrer un visage plus uni, d’autant plus que les économies de cette partie de la zone Franc sont bien plus vigoureuses sur le plan macroéconomique. Et Macky a dû céder à la realpolitik, et lâcher le candidat qu’il destinait à la succession de Soumaré. Cette décision qui lui a coûté, parce que politiquement impopulaire dans son pays, lui a pourtant été imposée par la décision cavalière du président sortant de la Commission.

L’ancien Premier ministre Cheikh Hadjibou Soumaré, le poulain dont Wade avait porté la candidature en dépit du bon sens, et à l’en croire, à l’insu du plein gré de l’intéressé, dont on se rappelle qu’il disait à l’époque «je ne suis pas candidat et si on me proposait le poste je dirais non», avait annoncé sa démission en septembre 2016. Sans lui, il était difficile au Sénégal d’espérer conserver le poste, surtout que le Niger basait sa candidature sur le respect d’un Acte additionnel de l’union qui lui réservait le poste après le premier mandat du Sénégalais. Avec un candidat crédible, le Président Macky Sall aurait pu défendre sa cause. N’est-il pas après tout à la tête de la seconde économie de l’Union ? L’Uemoa pourrait-elle survivre à une sortie du Sénégal, le seul pays qui connaît une stabilité politique couplée à une croissance économique saine ? Difficile à croire.

Mais c’est là que l’on a manqué de ressources humaines de qualité pour défendre notre cause. Cheikh Hadjibou Soumaré n’était pas le candidat de Macky Sall. C’était un homme sans épaisseur, imposé par Wade au détriment de El Hadj Abdou Sakho contre sa volonté et celle de tous. Avec lui, il était difficile de pouvoir sortir vainqueurs de l’épreuve de force avec Issoufou.

Maintenant, nous sommes contraints de nous fier à la bonne foi de nos partenaires de l’union qui nous promettent que ladite présidence de la Commission reviendra «définitivement» au Sénégal après cet intérim nigérien. Et nous sommes priés, en attendant, de nous consoler avec les strapontins du poste du vice-gouverneur de la Bceao, totalement creux, ainsi que de la présidence du Crempf, qui vaut ce qu’il vaut, quand c’est notre compatriote Atepa Goudiaby qui occupe déjà la présidence du Conseil de la Brvm. On le voit, dans cette affaire, le seul à être satisfait est Cheikh Hadjibou Soumaré qui voulait partir pour, selon les dires, «ne plus subir les quolibets des fonctionnaires nigériens de la Commission». Comme si quelqu’un qui a été Premier ministre dans un pays aussi libre que le Sénégal pouvait se laisser ébranler par de telles considérations.

En somme, il nous aura vraiment coûté cher, ce Hadjibou. Maintenant, digérons notre défaite et laissons le Niger gérer notre zone économique !

Par Mohamed Guèye – LeQuotidien

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