Thierno Bocoum : «Nos dirigeants ne sont pas dignes de confiance»

«Nos dirigeants ne sont pas dignes de confiance». C’est la conviction du député Thierno Bocoum. Présidant, avant-hier samedi à Kébémer, une réunion de sa formation politique, il a sauté sur l’occasion pour «déchirer» le projet de réformes constitutionnelles que le président de la République, compte soumettre aux Sénégalais, le 20 mars prochain.

Le président de la République, Macky Sall, ne doit pas compter sur le parti Rewmi d’Idrissa Seck pour engager une discussion avec ses opposants. Du moins, si l’on en croit le député Thierno Bocoum. En déplacement, avant-hier samedi à Kébémer, où il présidait l’Assemblée générale de la section départementale de Remwi, et fidèle à ses prises de position, le parlementaire s’est prononcé sur les discussions que le chef de l’Etat entend entamer en perspective du référendum : «Macky Sall a déjà donné la preuve qu’il ne va pas donner du crédit à sa parole. A partir de ce moment, nous ne pouvons nous engageons dans des discussions qui aboutiront à  un accord. Qu’est-ce qui nous dit qu’il va respecter les termes de  l’accord qui le concerne», s’est interrogé M. Bocoum. Comme pour répondre à sa propre interrogation, il clarifie : «Nous ne pouvons pas nous engager dans des discussions, tout en sachant que la personne avec qui nous avons discuté peut, du jour au lendemain, faire autre chose.» Cette parenthèse fermée, l’hôte de Kébémer aborde la question relative au mandat de Macky Sall : «Le président de la République est revenu sur sa parole de  respecter l’engagement qu’il a pris devant les Sénégalais de faire un mandat de 5 ans. Nous considérons que c’est une décision qui affaisse nos valeurs et qui mérite d’être sanctionnée par un «Non» massif. Notre parti a déjà pris position pour ce référendum du 20 mars et le cadre dans lequel nous nous trouvons a déjà pris l’engagement de voter massivement «Non». Donc, il faut que les Sénégalais sortent en masse  pour voter «Non». Car, s’ils restent chez eux, le «Oui» peut triompher. Aujourd’hui, il  faut que nos valeurs soient sauvegardées. Au-delà de tout, nous devons voter «Non» pour combattre le «wax-waxeet».

Abordant les autres points inscrits dans le projet de réformes constitutionnelles, Thierno Bocoum, très pessimiste, critique : «Les autres points ne sont pas clairs.  Actuellement,  ils (les tenants du pouvoir) sont en train de nous faire croire que Macky Sall n’aura pas 3 mandats (ce n’est pas prévu dans la Constitution), ils disent  aussi que nous ne courons aucun risque avec l’intangibilité de la laïcité, ils ne sont pas non plus clairs avec la suppression du 2e tour. Pis, ils  parlent également qu’un avis et une  décision n’ont aucune différence. Est-ce que nous devons les croire ? Ils ont déjà montré qu’ils ne sont pas dignes de confiance. Ils peuvent utiliser les textes et les interpréter à leur guise. Est-ce que les Sénégalais vont courir le risque d’aller voter une Constitution, qui pourrait être interprétée contre eux ? Ces réformes ont été faites dans la précipitation et font l’objet de beaucoup d’équivoques et d’interprétation. Il y a un défaut de confiance entre les Sénégalais et leurs dirigeants. Ces derniers, ne sont pas dignes de confiance. C’est pourquoi, avec ce référendum, le peuple va dire «Non» au  non-respect de la parole donnée. La tendance  qui se dégage montre que le Sénégal a besoin de mettre en scelle  nos valeurs, de reprendre des initiatives du point de la sauvegarde de nos acquis (…)»

L’Obs

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