Sûreté aéroportuaire : Amarante profite de la Téranga à Aibd

Amarante n’a pas obtenu l’agrément pour travailler sur la plateforme de Diass, mais cela n’a pas empêché la société française de profiter de la couverture offerte par Teranga, choisie à partir d’on ne sait quels critères, pour s’implanter et déployer son personnel à l’Aibd. Ledit personnel qui, de son côté, broie du noir au vu des conditions de travail et de rémunération qui lui sont offertes.

Le ministre des Transports aériens, Madame Maïmouna Ndoye Seck, au cours d’un échange avec les journalistes à quelques jours de l’ouverture de l’Aibd, avait déclaré que les opérateurs qui seraient sélectionnés pour le Pif (Poste inspection et filtrage) étaient déjà actifs sur la plateforme de l’aéroport Léopold Senghor (Lss). C’est dire que la surprise a été grande de voir que dès le 7 décembre, des employés portant la tenue verte floquée de la mention Teranga s’occupaient, à côté des éléments de la Force publique (police et gendarmerie), de cette tâche à l’aéroport de Diass.

Le Quotidien avait écrit, notamment dans son édition n°4430 du lundi 20 novembre 2017, que le Pif avait été attribué à la société française Amarante, propriété de personnages très proches des services secrets français. Au cours de l’enquête menée auprès de personnes bien au fait de ce dossier, des proches d’Amarante avaient nié avoir obtenu le marché en question. Et pour cause, il n’y avait pas encore eu appel d’offres, mais Maïmouna Ndoye Seck avait promis une gestion tout à fait transparente dudit dossier. Informations obtenues sur la plateforme de Diass, il se confirme que Teranga sécurité aéroportuaire (Tsa) a obtenu la licence d’exploitation du Pif à Diass, mais c’est le personnel d’Amarante et de la société Acces qui fait l’essentiel du travail.

Il semblerait en effet que Teranga ait obtenu la licence sans avoir vraiment le personnel requis et encore moins l’expertise pour assurer la sécurité aéroportuaire de Diass.

Elle est donc obligée de sous-traiter avec ces opérateurs qui travaillaient déjà sur l’aéroport de Dakar. Reste à savoir maintenant dans quelles conditions ce deal entre Teranga et les autres opérateurs se décline au plan financier. Et sur le plan opérationnel, il faudra aussi savoir comment les choses se passeront de manière concrète, car aussi bien Amarante qu’Acces sont en train de former leur personnel pour le préparer à prendre la relève des Forces de l’ordre qui, pour un temps certainement encore limité, sont affectées à une partie des tâches concernant la sûreté aéroportuaire.

Ainsi, une bonne partie du personnel d’Amarante se forme déjà avec intensité au contrôle laser et à la manipulation électronique. Il est donc difficile de croire que ces gens aient à abandonner leur place à plus ou moins brève échéance à des gens qui seraient embauchés pour le compte de Teranga sécurité aéroportuaire.

Un marché de 500 millions le mois

De toutes les manières, pour le moment, les choses semblent bien se passer pour les différentes entités. Les policiers et gendarmes, conscients qu’ils ne sont pas formés à ces tâches de contrôle des passagers, ne montrent aucune mauvaise volonté pour initier ceux qui sont appelés à les remplacer.

Pour le personnel d’Amarante, les soucis se posent plus du côté du traitement salarial et des cadences de travail. Du fait du niveau de spécialisation requis pour travailler sur Diass, nombre d’employés de ces opérateurs de la sûreté aéroportuaire devait se remettre à niveau, et seule une petite équipe devait s’occuper de l’essentiel du travail. Et il arrivait, presque jusqu’à la fin du mois de décembre, que des équipes fassent des quarts de dix heures à douze en poste. Puisque la plupart de ces gens habitent Dakar, ils n’avaient pas beaucoup de temps de repos.

Avec le niveau de recrutement et de formation, les choses se sont un tant soit peu améliorées ces derniers temps, et les cadences sont devenues un peu moins «infernales». S’agissant de la rémunération toutefois, le bout du tunnel n’est pas encore visible. Si l’on en croit le journal EnQuête dans son édition du week-end dernier, le marché de la sûreté aéroportuaire à Diass serait de 500 millions de francs Cfa le mois. Il faudrait se demander dans quelles poches tombe cette grosse manne, car le personnel de terrain, lui, n’en récolte que des miettes. Des informations recueillies par Le Quotidien, il apparaît que la grande majorité du personnel ne percevrait pas plus de 250 mille francs Cfa pour un Cdi. Mais la grande majorité des nouvelles recrues est classée comme des stagiaires en voie de recrutement. Ce qui leur assure des revenus entre 75 et 90 mille francs Cfa.

L’ennui est que ce statut de stagiaire peut être appliqué même à des personnes ayant plus de deux ans d’ancienneté. Et comme le dit un agent de sûreté interrogé à l’aéroport, «il n’est pas facile de trouver actuellement un emploi au Sénégal. Entre 75 mille francs Cfa et le chômage, quand on est soutien de famille, y a-t-il un choix à faire ?». Et cela, les responsables français le savent aussi bien que n’importe qui.

 

LeQuotidien

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