Sénégal – Japon : Un exemple de coopération multiforme et dynamique

Depuis bientôt 40 ans, le Japon entretient avec le Sénégal l’une des relations de coopération les plus dynamiques en Afrique touchant presque tous les segments du développement. L’empire nippon part du constat que le Sénégal demeure confronté à de multiples problèmes liés à un déséquilibre et surtout à une insuffisance d’investissements de base entre le milieu rural et urbain, en plus d’une croissance démographique galopante non maitrisée. Une situation que le Sénégal partage avec plusieurs pays africains et qui fait que, dans beaucoup de domaines de coopération, il  constitue un  pays pilote pour le Japon.

Pour accélérer une croissance saine de l’économie, gage de stabilité et de sauvegarde de la démocratie, le Japon a axé sa politique de coopération  sur les Objectifs du millénaire pour le développement (Omd) et le Plan Sénégal émergent (Pse) dans sa stratégie décennale 2014-2023. Le Pse a défini trois axes majeurs que sont : la Transformation structurelle de l’économie et croissance, le Capital humain, protection sociale et développement durable, et la Gouvernance, institutions, paix et sécurité.

Pour atteindre ses objectifs, le Japon a privilégié une approche à la base en faisant du corps des volontaires de la Jica le  bras armé de cette coopération. Constituée d’une centaine de jeunes japonais formés dans les principales langues du pays et éparpillés dans toutes les régions, pour une durée de deux ans, la Jica encadre les populations sous la supervision d’une vingtaine d’experts japonais. Elle exécute, sur le terrain, un programme établi en collaboration avec les différents ministères dans des secteurs clés comme la pêche, l’agriculture, l’éducation ou la  santé.

Le plus important secteur d’intervention du Japon reste, sans doute, l’éducation, considérée comme le fondement de tout développement, notamment par une maitrise de la lecture, de l’écriture et du calcul, la construction d’infrastructures scolaires et la fourniture de matériel didactique. Dans ce sillage, il accompagne aussi le gouvernement dans l’étude des mathématiques pour combler les insuffisances des apprenants dans ce domaine.  Des experts japonais mettent à disposition leur expérience et ont été envoyés dans les zones rurales pour former les formateurs.

L’ÉDUCATION, UNE PRIORITÉ
Le Japon entend renforcer aussi son appui à la formation professionnelle par le biais du Centre de formation professionnelle et technique Sénégal-Japon (Cfpt) et plusieurs jeunes sénégalais ont été envoyés dans ce pays pour des formations de courte durée en informatique. En ce qui concerne la formation de longue durée, il y a « l’initiative Abe » pour les Masters, d’une durée de 2 à 3 ans, pour apprendre le business avec l’option de faire un stage de quelques mois dans des sociétés privées japonaises pour des étudiants sénégalais.

La coopération touche aussi la question des genres par le biais d’un programme  pour les femmes axé sur l’amélioration de la santé maternelle, l’autonomisation de la femme dans son milieu d’origine et la promotion de la femme active dans la culture du riz. Dans le domaine de la riziculture, le Japon contribue à la recherche de l’autosuffisance en riz du Sénégal pour l’horizon 2017 à travers la Coalition pour le développement de la riziculture en Afrique (Card) et la nouvelle Alliance du G8.

Le Japon poursuit la mise en place des infrastructures de base dans les zones urbaines afin d’améliorer la qualité du cadre de vie, dégradée à cause de la migration massive des populations des zones rurales vers les villes et aggravée par les catastrophes causées par les inondations.

Dans ce cadre, il a beaucoup appuyé le projet d’usine de dessalement de l’eau de mer pour la sécurisation de l’approvisionnement de Dakar en eau, soutenu la Couverture maladie universelle (Cmu) en mettant à la disposition du Sénégal des experts japonais dans le domaine de la santé en collaboration avec le ministère de la Santé.Macky Sall et le Premier Ministre Japonais

APPROFONDISSEMENT DE LA DÉMOCRATIE
Sur le plan politique, Tokyo et Dakar ont des visions communes sur l’approfondissement de la démocratie, de la paix et de la sécurité compte tenu de la poussée du terrorisme et des mouvements de radicalisation de ces dernières années et  contribue largement au Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité depuis sa première édition.

Sur le plan culturel, le concours de Haïku, initié par l’ambassade du japon, est largement connu avec plus d’une trentaine d’éditions depuis sa création pour susciter la curiosité intellectuelle des Sénégalais sur la culture japonaise et développer leur réflexe poétique.

Les différentes interventions du Japon sont planifiées, en collaboration avec l’ambassade, en fonction des priorités des partenaires sectoriels du gouvernement. Chaque année, une grande conférence est organisée avec les ministères concernés pour évaluer les programmes déjà soutenus et identifier les nouveaux objectifs sur lesquels travailler.

SECURISATION DE L’APPROVISIONNEMENT DE DAKAR EN EAU : L’USINE DE DESSALEMENT, UN AUTRE SYMBOLE DE LA RELATION ENTRE LES DEUX PAYS

Le Japon apporte une contribution à la couverture des besoins en eau de Dakar. Il finance, à travers l’Agence de coopération japonaise (Jica), l’usine de dessalement d’eau de mer pour un coût de 135 milliards de FCfa.

L’usine de dessalement d’eau de mer figure parmi les projets de sécurisation des besoins en eau de Dakar et des centres urbains de Thiès, Mbour et la Petite côte. Cet ouvrage hydraulique est financé par l’Agence de coopération japonaise (Jica) pour un coût global de 135 milliards de FCfa. L’importance de l’ouvrage et des investissements ont motivé la visite du président de la Jica, Shinichi Kitaoka, au Sénégal. Il avait fait un tour aux Mamelles et apprécié l’emplacement de l’ouvrage qui vient consolider les relations exemplaires qu’entretiennent les deux pays. « C’est un projet merveilleux qui s’inscrit en droite ligne de la qualité des relations entre les deux nations. D’autant plus que, pour nous, le Sénégal est un pays clé en Afrique », avait souligné M. Kitaoka.

Plusieurs autres étapes ont marqué le processus. A titre d’exemple, la signature de l’accord pour le financement de l’usine entre le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Amadou Bâ, et l’ambassadeur du Japon au Sénégal, Takashi Kitahara.

Les enjeux stratégiques
L’usine de dessalement est inscrite sur le registre des ouvrages de sécurisation. Sa contribution à l’effort de la satisfaction de la demande sera de 50 000 m3/j et extensible à 100 000 m3/j. Cet apport additionnel met en relief toute la pertinence d’explorer cette source qui est à proximité de Dakar. Car si rien n’est fait, le déficit atteindrait 202 017 m3/j en 2025 et 390 888 m3/j en 2035. « Nous mettons en œuvre un plan stratégique cohérent qui devrait nous permettre non seulement de sécuriser l’alimentation de Dakar en eau mais aussi de conforter cette sécurisation à travers la diversification des sources. C’est ce qui explique l’ambition du gouvernement de construire une nouvelle usine, voire la première usine de dessalement d’eau de mer en Afrique de l’Ouest », a fait remarquer le directeur général de la Sones, Charles Fall.

L’usine revêt des enjeux stratégiques. Les principales sources d’approvisionnement en eau de la capitale sont à plus de 250 km. La panne de l’usine de Keur Momar Sarr, en septembre 2013, avait plongé Dakar dans une longue pénurie d’eau. « Il nous fallait alors trouver une source alternative. De ce fait, nous devons regarder le dessalement sous l’angle d’une réserve stratégique. C’est comme si nous avions un réservoir de 50 000 m3. En plus de cela, si nous réduisons les pertes d’eau, les économies pourront tourner aux environs d’une capacité de production équivalente à celle de l’usine de Ngnith qui est de l’ordre de 40 000 à 42 000 m3/j », avait expliqué Charles Fall. Poursuivant, il avait informé : « Cette production, cumulée aux économies d’eau d’un volume de 50 000 m3, équivaudrait à une usine d’une capacité qui oscille entre 90 000 et 100 000 m3/j ».

La réalisation de ce projet placera le Sénégal parmi les premiers pays de l’Afrique de l’Ouest qui mobilise l’eau de mer pour la consommation humaine. Mais, c’est la nouvelle tendance dans le monde. Et les pays africains, avec le croît démographique le plus important à travers le monde ainsi que les multiples usages de cette ressource, n’avaient pas d’autres options que d’emprunter la voie de la diversification de leurs sources d’alimentation. « Le dessalement, nous pouvons dire que c’est une première en Afrique de l’Ouest francophone. C’est historique pour le Sénégal. Il fallait oser, aller vers le dessalement. Et l’Etat a porté le projet ! Oui, d’aucuns soutiennent que le dessalement est coûteux. En vérité, il faudra considérer cette technologie sous un angle beaucoup plus global. Nous ne pouvons pas la résumer en termes de coût. Nous avons opté pour un système d’approvisionnement mix : le transfert d’eau sur 250 kilomètres et le dessalement d’eau de mer. Certains pays ne font que du transfert et d’autres ne font que du dessalement », avait affirmé le directeur de la Sones dans un entretien accordé au « Soleil ».

HYDRAULIQUE RURALE : LA CONSOLIDATION DU PRÉCIEUX APPORT AU PROFIT DES SÉNÉGALAIS DES PROFONDEURS
Le Japon est présent dans le secteur de l’hydraulique rurale depuis les premières années des indépendances du Sénégal. Il a construit des centaines de forages dans des villages. Aujourd’hui, le pays du « Soleil levant » a maintenu le volume de ses investissements pour ce secteur si vital pour plusieurs raisons.

Le Japon n’est pas seulement présent dans l’hydraulique urbaine. Il a construit plusieurs forages dans des contrées du Sénégal. Des centaines de villages ont étanché leur soif grâce à la coopération japonaise. Le 7 mai dernier, ce pays a réaffirmé sa volonté d’aider d’autres Sénégalais des profondeurs à avoir accès à ce liquide précieux. Cette volonté s’est traduite par la signature d’un accord de don estimé à 3,900 milliards de FCfa entre le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Amadou Bâ, et l’ambassadeur du Japon à Dakar, Takashi Kitahara. Cette enveloppe est réservée à la mise en œuvre du Projet d’approvisionnement en eau potable et d’amélioration des conditions d’hygiène en milieu rural.

Lors de cette cérémonie, le représentant-résident de l’Agence japonaise de coopération internationale au Sénégal, Ryuichi Kato, a énuméré la liste des ouvrages à construire et des équipements à acquérir. Il s’agit de forages, l’installation d’équipements, la construction de cabines, des réservoirs d’eau, des réseaux de distribution, des édicules publics et l’aménagement de dispositifs de lave-mains dans les régions de Tambacounda, de Matam et de Kédougou. Au total, 34 villages seront impactés pour une population estimée à 28 900 personnes. Parmi les autres programmes soutenus par le Japon, il y a le Projet eau potable pour tous et appui aux activités communautaires (Peptac), avec des objectifs de mise en service de 109 systèmes d’alimentation en eau potable en milieu rural. La présence du Japon dans ce secteur est ancienne. Déjà, en 1979, il a mis une enveloppe de 71 milliards de FCfa sous forme de subventions. Ces ressources ont permis la mise en œuvre de plus de 13 projets de construction de 120 forages couplés aux châteaux d’eau, l’acquisition d’équipements, la mise en place de deux subdivisions de maintenance (Sm) et deux brigades de puits et forages (Bpf). De même, dans le cadre du Programme d’urgence pour l’approvisionnement en eau afin de faire face aux changements climatiques, une enveloppe de 5 milliards de FCfa a été dégagée, pour la période 2008-2010, dans le but de servir à la réhabilitation des forages ruraux motorisés et l’achat d’équipements d’exhaure et de pièces pour les camions et les pick-up, de pompes, de kits d’outillage. En somme, l’apport du japon a été précieux dans l’amélioration des indicateurs à travers le Programme d’eau potable et d’assainissement du millénaire (Pepam).

FORMATION DES FORMATEURS, APPUI AU CFPT… : LES AXES D’UN PARTENARIAT FÉCOND DANS LA FORMATION PROFESSIONNELLE ET TECHNIQUE

Formation des formateurs, appui au Centre de formation professionnelle (Cfpt), définition des filières de formation, etc. La coopération sénégalo-nipponne dans le domaine de la formation technique et professionnelle repose en grande partie sur ces principaux axes.

Le Centre de formation professionnelle et technique (Cfpt), à lui seul, symbolise la place de la formation professionnelle et technique dans la coopération bilatérale entre le Sénégal et le Japon.

Par le nom générique qui lui est collé et connu – Centre Sénégal-Japon – il est à la pointe de la formation des ressources humaines dans le secteur très primordial de la formation professionnelle et technique. Un secteur auquel l’Etat, à travers l’Axe 2 du Plan Sénégal émergent (Pse), veut donner une nouvelle orientation.

L’Etat, depuis quelques années, s’est doté d’une nouvelle loi d’orientation concernant la formation professionnelle collée à l’apprentissage. A côté de la loi d’orientation, un organe a été mis en place pour mettre en œuvre cette vision. C’est la Commission nationale de concertation sur la formation professionnelle qui regroupe l’Etat, les entreprises et les partenaires sociaux. Il y a aussi la mise en place de dispositifs de financement comme le Fonds de financement de la formation professionnelle et technique qui, entre autres missions, est chargé de mobiliser les ressources nécessaires au financement de la formation professionnelle et technique et de financer les actions de formation initiale ainsi que les actions de formation continue des personnels d’entreprise, des demandeurs d’emploi et des porteurs de projet d’insertion.

Formation des formateurs
Si, aujourd’hui, l’Etat recommence à donner de la valeur à la formation professionnelle, le Japon, lui, a toujours compris l’importance de ce sous-secteur dans la formation des cadres intermédiaires qui peuvent servir dans l’industrie. En plus d’être un des fleurons de la formation professionnelle et technique au Sénégal, le Cfpt est aussi un pont entre le Sénégal et le Japon dans leur coopération. Un pont sous lequel beaucoup d’eau a coulé et qui a aussi permis à plusieurs générations de traverser le lien reliant l’école à l’entreprise. Le Centre de formation professionnelle et technique Sénégal-Japon fait partie des structures de formation avec un fort taux d’insertion de ses diplômés. L’insertion professionnelle, après la formation, est, aujourd’hui, un axe sur lequel repose la nouvelle orientation du secteur de la formation professionnelle et technique. L’expérience du Cfpt dans ce sens pourrait servir d’exemple.

Au-delà de la vingtaine de milliards de FCfa investis par le Japon au Cfpt, dans le cadre du fonctionnement et de l’équipement, le pays du « Soleil levant » appuie aussi le Sénégal dans la formation des formateurs. Une coopération technique qui englobe par la même occasion l’amélioration des contenus de la formation technique et professionnelle, les nouveaux programmes de coopération publique-privée, etc. Le Japon qui se fonde sur sa propre expérience estime que l’éducation et le développement des ressources humaines sont essentiels pour le développement d’un pays.

CENTRE DE FORMATION PROFESSIONNELLE ET TECHNIQUE : LE FLEURON DE LA COOPÉRATION BILATÉRALE SÉNÉGALO-NIPPONNE

A côté du Cices, les imposants bâtiments du Centre de formation professionnelle et technique (Cfpt) Sénégal-Japon sont visibles pour marquer la coopération entre les deux pays. Créé en 1984, ce centre traverse les années tout en gardant ses édifices et sa renommée. Une réputation bâtie sur la solidité des relations entre les deux pays et la qualité de la formation qui y est dispensée.

Un des premiers établissements de formation spécialisés dans la maintenance industrielle, son action entre dans la politique gouvernementale de développement du secteur industriel qui accorde une grande importance à la formation professionnelle.

La principale vocation du Cfpt est la formation de techniciens intermédiaires d’exécution qui viennent rétablir l’équilibre au niveau de la main d’œuvre industrielle en servant de courroie de transmission entre les cadres et les ouvriers. Dans le cadre de l’offre d’éducation et de formation tout au long de la vie, la formation continue des professionnels est mise également en œuvre depuis 1989 sous forme de modules de perfectionnement. Plus de 2000 participants ont ainsi bénéficié de plus de 200 séminaires de formation à l’échelle nationale et internationale.

Les pensionnaires du Cfpt sortent avec un Diplôme de technicien supérieur et technicien de l’industrie. Les domaines de formation varient, pour le Diplôme de technicien supérieur, entre l’Informatique industrielle et Réseaux, l’Automatique, l’Electromécanique, la Maintenance des installations du bâtiment et la Maintenance des engins lourds. S’agissant du Diplôme de technicien de l’industrie, les filières de formation sont l’Electrotechnique, la Mécanique auto et l’Electromécanique.

RENFORCEMENT DE LA CARTE SCOLAIRE, QUALITE DES ENSEIGNEMENTS/APPRENTISSAGES… : L’ÉDUCATION, UN SECTEUR PRIORITAIRE
S’il y a un secteur qui a le plus bénéficié de la coopération entre le Sénégal et le Japon, c’est bien celui de l’éducation. Dans le domaine de l’accès, l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica) a construit 4122 salles de classe et 1011 écoles pour un montant de plus de 30 milliards de FCfa. A cela s’ajoutent des projets phares de formation qui ont contribué à améliorer la qualité des enseignements/apprentissages et des ressources humaines.

Le Japon fait partie des pays-partenaires potentiels du Sénégal dans le domaine de l’éducation. De l’avis de la directrice de l’Enseignement élémentaire, le Sénégal et le Japon entretiennent une coopération « multiforme ». Selon Khady Diop Mbodj, la coopération intervient dans l’éducation à un niveau stratégique et touche les domaines clés du secteur. C’est ainsi que, depuis 1991, l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica) intervient dans la construction d’infrastructures scolaires « à travers l’aide financière non remboursable ». Ce qui a permis la construction et l’équipement de 4122 salles de classe et 1011 écoles dans l’élémentaire et dans l’enseignement moyen.

A partir de 2011/2012, le gouvernement du Sénégal a entamé une politique d’extension et de densification de sa carte scolaire jusqu’au collège. Ainsi, en partenariat avec la Jica, l’Etat a mis en œuvre un projet de construction d’ouvrages scolaires dans les régions de Dakar et Thiès. Il s’agit de 285 salles de classe, 186 box d’hygiène et 21 blocs administratifs. Le même projet a été étendu aux régions de Kaolack et Louga pour un coût global de 11 milliards FCfa. De 2013 à 2015, un projet similaire est déroulé dans la banlieue de Dakar. Sa réalisation a permis d’augmenter les capacités d’accueil des Collèges d’enseignement moyen (Cem). Au total, ce sont 189 salles de classe, 166 blocs d’hygiène et 20 blocs administratifs qui sont construits pour un financement d’environ 6,4 milliards de FCfa.

Toujours dans le souci d’améliorer l’accès et le maintien des enfants dans les structures éducatives du moyen, les Inspections de l’éducation et de la formation (Ief) de Kaolack, Nioro, Fatick, Mbour2 et Dioffior ont été renforcées en infrastructures scolaires. vCes circonscriptions se sont partagé 176 salles de classe, 45 blocs d’hygiène et 16 blocs administratifs. Plus de 3,8 milliards de FCfa ont été investis pour la réalisation de ces ouvrages. A ces réalisations s’ajoute la construction et l’équipement du Centre régional de formation des personnels de l’éducation et de la (Crfpe) de Fatick pour un montant de 1,2 milliard de FCfa. En clair, les interventions du Japon, à travers la Jica, en termes de réalisations d’infrastructures scolaires ont beaucoup contribué à l’amélioration des capacités d’accueil. Elles ont également grandement participé à la résorption des abris provisoires, un des casse-tête des autorités éducatives du Sénégal

AMÉLIORATION DE LA QUALITÉ DES ENSEIGNEMENTS/APPRENTISSAGES

En réalité, la Jica n’intervient pas que dans les constructions et les équipements scolaires. L’amélioration de la qualité des enseignements/apprentissages fait aussi partie de son champ d’intervention. C’est pourquoi plusieurs projets-programmes relatifs à la formation des ressources humaines sont initiés. C’est le cas du Projet de renforcement de l’enseignement des mathématiques, des sciences et de la technologie (Premst). Il est d’abord expérimenté dans les régions de Louga, Thiès et Fatick de 2007 à 2010 pour un montant de 605,8 millions de FCfa.

L’objectif visé est d’améliorer la qualité des enseignements/ apprentissages en mathématiques, sciences et technologie. Dans sa phase 1, le projet a pu former 13 500 enseignants et 1 700 directeurs, avec un taux de participation de 77,9 %. Ces résultats encourageants ont permis son extension aux autres régions, pour la période 2011-2015, pour un financement de 964,4 millions de FCfa, dont 767,5 millions de FCfa de la contrepartie sénégalaise. Durant cette deuxième phase, 54 800 enseignants, 5300 directeurs et 1800 représentants de cellules ont été formés. Toutes les sessions de formation ont eu lieu à distance, puis en regroupement par zone, et sont assurées par les membres de l’équipe technique nationale et ceux de l’équipe technique régionale ou encore l’équipe technique locale. A en croire le comité de pilotage dont la coordination est assurée par la Direction de l’enseignement élémentaire, le Premst a participé avec succès au renforcement des capacités pédagogiques des enseignants de l’élémentaire à travers la formation continue avec l’approche « Etude de leçon ».

RENFORCEMENT DES DISCIPLINES FONDAMENTALES
Toujours soucieux du développement de l’enseignement des mathématiques, le ministère de l’Education nationale et la Jica ont lancé un troisième programme dénommé Projet d’amélioration des apprentissages en mathématiques à l’élémentaire (Paame). Il est financé à hauteur de 3,42 milliards de FCfa, dont 1,66 milliard de FCfa de la contrepartie sénégalaise. Il est mis en œuvre depuis 2015 et va jusqu’en août 2019. Le projet vise 20 écoles situées dans les deux zones pilotes, à savoir les académies de Kaolack et Kaffrine. Il s’agit, dans ce projet, de mettre en œuvre les pratiques qui contribuent à améliorer les apprentissages des élèves en mathématiques. Une activité qui sera étroitement liée au renforcement des capacités pédagogiques des enseignants en mathématiques et à la capacitation des comités de gestion de l’école pour permettre la pérennité des activités.

L’inspecteur Aliou Badara Diop, coordonnateur du projet, précise que les produits du Paame peuvent aussi servir d’intrants dans la mise en œuvre des Contrats d’amélioration de la qualité (Caq) des écoles mais aussi des Plans d’amélioration de la qualité (Paq) des Ief en aidant la mobilisation de toutes les parties prenantes autour du Comité de gestion de l’école (Cge). Selon l’inspecteur Diop, les premiers résultats obtenus sur le terrain par le Paame sont « satisfaisants ». Pour lui, des progrès sont notés aussi bien dans le fonctionnement des cellules d’animation pédagogique que dans celui des Cge et Ucge. Toutefois, il reconnaît que des efforts restent à faire dans la mobilisation des communautés et des collectivités locales pour atteindre les objectifs.

GESTION ET GOUVERNANCE DU SYSTÈME

En 2015, le ministère de l’Education nationale, avec l’appui de la coopération japonaise, a mis en place un autre programme dénommé Projet d’amélioration de l’environnement scolaire (Paes). Ce dernier a contribué à l’amélioration de l’environnement scolaire et à la qualité de l’éducation à travers l’implication des communautés et des collectivités locales dans la gestion des écoles et l’élaboration de matériels didactiques supplémentaires. A travers ce nouveau projet, la coopération japonaise a fourni une assistance technique remarquable dans la mise en place et le fonctionnement des Comités de gestion des écoles (Cge) et des Unions de comité de gestion des écoles (Ucge). Deux organes à travers lesquels les politiques d’autonomisation des écoles élémentaires vont se développer. Selon l’inspecteur Ibrahima Bâ, coordonnateur du Paes, il s’est agi d’impliquer la communauté et les collectivités locales dans la gestion de l’école. En plus de l’amélioration de la qualité des enseignements/apprentissages via les sessions de formation des enseignants dans les disciplines scientifiques, les capacités des apprenants sont également renforcées. Ainsi, les élèves des écoles des zones d’intervention ont pu bénéficier de cours de soutien et de livrets d’exercices.

Le Paes a d’abord été expérimenté dans les régions de Fatick, Louga et Kaffrine. Et, dans le cadre du Programme d’amélioration de la qualité et de l’équité dans l’école de base (Paqeeb), il a été étendu aux autres régions.

L’EXPERTISE JAPONAISE POUR UNE MUTUALISATION D’EXPÉRIENCES

La coopération sénégalo-japonaise est aussi visible dans le domaine des échanges d’expériences pédagogiques. Depuis plusieurs décennies, les volontaires japonais interviennent dans le secteur de l’éducation au Sénégal. Bon nombre d’entre eux sont soit dans le cycle préscolaire soit dans l’élémentaire. Ils y développent de nouvelles méthodes de gestion et de pratiques de classe et confectionnent aussi des outils pédagogiques et d’apprentissage. Un ensemble d’instruments qui participent à améliorer la qualité des enseignements/apprentissages. La directrice de l’Enseignement élémentaire affirme que la collaboration entre les volontaires japonais et les enseignants sénégalais a donné lieu à la mise au point d’outils pédagogiques importants. La plupart de ces volontaires s’activent dans la promotion de l’éducation musicale, des travaux manuels, de l’éducation physique et sportive et de l’enseignement des sciences et des mathématiques, fait remarquer Mme Mbodj. A l’en croire, la Jica est conforme aux principes de Paris et a donné beaucoup de satisfactions. Elle a également permis de transformer positivement le système éducatif.

COOPERATION SANITAIRE : LE COUPLE MÈRE-ENFANT AU CŒUR DE LA POLITIQUE DE SANTÉ DU JAPON AU SÉNÉGAL

L’amélioration de la qualité des soins et le renforcement de l’accès aux services sont au centre des interventions du gouvernement japonais dans le domaine de la santé au Sénégal. Le pays du « Soleil levant » œuvre ainsi pour que le Sénégal ait des ressources humaines, des infrastructures et des équipements aux normes. Aussi, le Japon qui fait du couple mère-enfant l’une de ses priorités veut promouvoir une bonne politique de référence-contre référence. L’objectif étant de renforcer la capacité du Sénégal en tant que Centre d’excellence pour les pays de l’Afrique de l’Ouest francophone.

La coopération sanitaire entre le Sénégal et le Japon est multiforme. Elle se matérialise en termes de construction et d’équipement de structures sanitaires, de renforcement des capacités des prestataires à travers des sessions de formation, d’allocation de ressources pour appuyer certains programmes visant directement les populations, etc. Parmi ces derniers, il y a la Couverture maladie universelle (Cmu), une initiative du président Macky Sall, lancée, en 2013, pour faciliter aux populations l’accès à des soins de santé de qualité. C’est justement pour appuyer le Sénégal dans la réduction des inégalités sociales, afin que les 80 % de la population qui n’ont pas d’assurance maladie puissent aussi accéder aux soins sans grandes difficultés, que le Japon a octroyé à notre pays, en 2016, en marge de la 6ème Ticad (Addis-Abeba, Nairobi, 27-28 août 2016), 41 milliards de FCfa. « Nous avons beaucoup de défis à relever pour réussir la Cmu. C’est pourquoi nous avons tendu la main aux partenaires. Le Japon a accepté de nous aider pour 2016-2017 avec la somme de 41 milliards de FCfa. Cet appui nous permettra de régler les questions d’inaccessibilité géographique et financière aux structures sanitaires », s’était réjouie le Pr Awa Marie Coll Seck, à l’époque ministre de la Santé et de l’Action sociale.

Soucieux de faciliter aux populations sénégalaises l’accès aux soins surtout les couches vulnérables, le Japon va aussi doter le Sénégal d’un Centre d’application pour la santé de la mère et de l’enfant. Le protocole d’accord de financement non remboursable dudit centre qui sera implanté à l’Ecole nationale de développement sanitaire et social (Endss) a été paraphé en 2014. Le coût de réalisation de cette infrastructure visant également à renforcer la formation des prestataires, en l’occurrence les sages-femmes et les infirmiers, est estimé à 3,52 milliards de FCfa. Une préoccupation d’autant plus légitime que le Sénégal fait face à une mortalité maternelle (392 décès pour 100.000 naissances vivantes, Eds 2015) et infantile (39 pour 1000, Eds 2015) encore élevée. Cela, malgré les nombreuses initiatives déroulées pour limiter les décès des femmes et des enfants.

C’est d’ailleurs dans la croisade contre les décès maternels et infantiles au Sénégal que s’inscrit le Projet de renforcement de soins de santé maternelle et néonatale (Pressmn). Déroulé par le ministère de la Santé et de l’Action sociale, ce programme est également soutenu par la coopération japonaise. Il vise à promouvoir l’accouchement humanisé ; ce dernier étant « un ensemble de conditions qui permettent à la femme d’être à l’aise et de vivre l’accouchement comme un évènement heureux. L’accouchement à style libre fait partie intégrante de l’accouchement humanisé », souligne-t-on, précisant que « l’objectif est d’assurer le bien-être de toute parturiente et de tout nouveau-né afin de répondre aux normes et protocoles de santé de la reproduction au Sénégal ». L’accouchement à style libre permet aux femmes d’adopter la position de leurs choix : debout, assis, accroupi ou couché.

Après une première phase concluante (2009-2011) dans les régions de Tambacounda et Kédougou, la deuxième phase, lancée en 2014, s’est déroulée dans la région de Dakar, précisément au Centre de santé Gaspard Kamara (district sanitaire centre). Et l’objectif ultime est de passer à l’échelle ce modèle de soins de santé maternelle et néonatale, en rendant ces derniers plus humanisés, conformément aux bonnes pratiques recommandées par l’Organisation mondiale de la santé (Oms). Et, aujourd’hui, nombreuses sont les structures sanitaires du Sénégal qui souhaitent être dotées des équipements nécessaires à la mise en place de l’accouchement humanisé. Ce, pour une meilleure prise en charge du couple mère-enfant.

ACCES AUX SOINS : L’EMPIRE DU « SOLEIL LEVANT » MOBILISÉ DANS LA CONSTRUCTION ET L’ÉQUIPEMENT DE STRUCTURES SANITAIRES

Le pays du « Soleil levant » participe à l’élargissement de la carte sanitaire du Sénégal. C’est ainsi que de nombreuses structures de santé ont été construites et/ou équipées pour davantage faciliter aux populations l’accès aux soins.

La construction et l’équipement de structures sanitaires occupent une place de choix dans les interventions du Japon au Sénégal. En attestent les réalisations effectuées dans les régions de Tambacounda et Kédougou, précisément au niveau des centres de santé de Makacolibantang, Dianké Makha et Saraya. Des zones caractérisées par leur éloignement (plus de 700 km de Dakar) et leur enclavement et bénéficiaires du Projet d’aménagement des infrastructures sanitaires signé en 2009. Ce dernier vise à relever le plateau technique et le niveau de développement social de ces régions périphériques (Est du pays) encore fortement touchées par la pauvreté et où l’accès aux soins de santé est encore très faible.

Le Centre régional de formation de Tambacounda, qui a été réhabilité dans le cadre de ce projet financé à hauteur d’environ 8,3 milliards de FCfa, fait aussi partie des bénéficiaires du Projet d’aménagement des infrastructures sanitaires dans les régions de Kédougou et Tambacounda. C’est en avril 2014, lors du Conseil des ministres délocalisé dans la région de Kédougou, qu’a été inauguré le Centre de santé de Saraya en présence du chef de l’Etat, Macky Sall, et de l’ambassadeur du Japon au Sénégal, Takashi Kitahara.

A l’occasion, M. Kitahara avait avancé que la construction et l’équipement de ces infrastructures traduisent la politique de santé du Japon axée sur la santé de la mère et de l’enfant. C’est aussi « la concrétisation de la volonté exprimée par le Premier ministre du Japon, Son Excellence Monsieur Shinzo Abe, lors de l’Assemblée générale des Nations unies, en 2013, de bâtir « une société où les femmes brillent », avait-il indiqué. A sa suite, le président de la République, Macky Sall, avait réaffirmé la volonté du gouvernement du Sénégal de fournir les efforts nécessaires pour que les populations de ces régions qui ont difficilement accès aux structures de santé soient correctement prises en charge. Il avait aussi exhorté, tout comme M. Kitahara, les personnels de santé, la commune et les populations bénéficiaires à veiller au bon usage et à l’entretien efficace de ces centres.

La réhabilitation de la maternité de l’hôpital Principal de Dakar (Pavillon Saint-Louis), inaugurée en 2013, la réalisation des infrastructures et l’équipement du Projet d’aménagement du service radiographie du Centre de santé Popenguine, avec un financement du Japon d’un montant d’environ 49 millions de FCfa (74,599 euros), entrent aussi, parmi tant d’autres, dans le cadre du programme d’appui du pays ami au Sénégal dans le domaine de la santé. Tout comme les équipements d’une valeur de 46 millions de FCfa offerts par le Japon, en 2013, au Service chirurgie pédiatrique de l’hôpital d’enfants Albert Royer.

UNE UNITÉ DE SOINS MOBILE AUX FORCES ARMÉES SÉNÉGALAISES
L’hôpital de campagne de niveau 2, offert par le Japon à l’armée sénégalaise, au mois de juillet 2017, entre dans le soutien à la mise en place d’infrastructures sanitaires de qualité.

Cet outil de soins mobile, d’un coût de 655 957 000 de FCfa, est composé de « 30 lits avec des modules de chirurgie, d’anesthésie-réanimation, de radiologie, de chirurgie dentaire et deux ambulances médicalisées ». Augustin Tine, ministre des Forces armées, qui a reçu cet hôpital de campagne des mains de l’ambassadeur du Japon au Sénégal, Shigeru Omori, avait souligné que cette infrastructure devra permettre au Service de santé des armées de « mieux faire face au plus près à toutes les situations d’afflux massif de blessés ».

Surtout, avait-il rappelé, dans le contexte actuel « marqué par l’accroissement et la diversification des menaces de toutes sortes, avec comme corollaire l’augmentation de la demande d’offre de soins médico-chirurgicaux à travers le pays et dans la sous-région ». Outre cet aspect, l’ambassadeur du Japon s’était réjoui du fait que cet hôpital de campagne va « améliorer la qualité des soins des populations n’ayant pas accès aux structures sanitaires ».

COOPERATION AGRICOLE : LUTTER CONTRE LA PAUVRETÉ ET CIBLER L’AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE

L’agriculture et le développement rural sont parmi les secteurs privilégiés par la coopération japonaise au Sénégal, eu égard aux objectifs de Stratégie de lutte contre la pauvreté et aux politiques d’autosuffisance alimentaire que l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica) a toujours accompagnés.

Cette volonté politique de promouvoir le développement de l’agriculture au Sénégal s’est confirmée davantage avec le lancement de l’initiative Card (Coalition pour le Développement du Riz en Afrique) lors de la Ticad IV (Conférence Internationale de Tokyo pour le Développement de l’Afrique en mai 2008) dont l’objectif principal est de doubler la production du riz en Afrique dans les 10 années à venir, à travers une meilleure coordination des investissements et de l’assistance technique dans ce secteur. Dans le passé déjà, le Japon a financé sous forme de subvention non remboursable plusieurs projets dans le cadre de l’augmentation et l’intensification de la production agricole.

La coopération sénégalo-nipponne est très dynamique et cible des axes prioritaires. C’est ainsi qu’un certain nombre de programmes et projets agricoles ont été mis en avant par la coopération japonaise pour améliorer le secteur agricole. Bras armée et outil de cette coopération l’Agence japonaise de la coopération internationale (Jica), explique que le Programme d’amélioration de l’économie rurale (Paer) met essentiellement l’accent sur l’appui aux filières agricoles et productives qui représentent la première source de revenus des ménages. Mis en place pour « booster l’économie rurale », le Paer poursuit l’objectif de « promouvoir/les chaînes de valeurs agricoles à travers diverses composantes telles que l’amélioration de la productivité et de la qualité des produits, l’amélioration des circuits de distribution, l’optimisation de la gestion des exploitations agricoles, etc. »

Le Programme est, rappelle la Jica, mis en œuvre conformément aux orientations stratégiques contenues dans le Plan Sénégal émergent (horizon 2035). Il veut aussi répondre aux priorités contenues dans le Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalaise (Pracas) ainsi qu’à la Stratégie nationale de sécurité alimentaire et de résilience, déclinée dans un Programme quinquennal d’appui à la sécurité alimentaire et à la résilience (Pnasar 2018-2022). Un autre projet agricole non moins important est le Projet d’amélioration de la productivité du riz dans les aménagements hydro-agricoles de la Vallée du fleuve Sénégal (Papriz 2). Il s’inscrit dans la poursuite des acquis du Papriz 1 que la Jica avait mis en place cet appui dans le cadre de la coopération technique afin de booster la production et la productivité du riz dans l’aménagement hydroagricole de la vallée du fleuve Sénégal. L’amélioration de la productivité et de la rentabilité de la riziculture dans la vallée était l’objectif général du Papriz 1 lancé en 2010 pour une période de 4 ans.

Des experts mis à disposition
L’appui japonais à l’agriculture a compris également l’envoi d’experts en qualité du riz et en emballage. L’expert riz a appuyé pour la « planification, le suivi et l’évaluation du programme de promotion de riz local » tandis que l’expert en emballage aura mis à profit son séjour de trois mois pour imprégner les organisations de producteurs, les distributeurs et les commerçants sur l’amélioration de l’emballage du riz local, le label, l’étiquetage, etc.

Le Projet de renforcement des capacités des petits producteurs horticoles (Shep) est mis en œuvre dans le but « d’augmenter les revenus des petits producteurs horticulteurs par la mise en pratique d’une approche nouvelle orientée vers le marché ». La formulation d’une approche d’agriculture orientée vers le marché adaptée au contexte de la zone des Niayes ; le renforcement des capacités des ressources humaines impliques dans la vulgarisation de l’agriculture orientée vers le marché tout comme une pratique, par les producteurs des zones cibles, d’activités de production et de commercialisation basées sur l’approche d’une agriculture orientée vers le marché sont des résultats fortement attendus. Le projet Shep est mis en œuvre avec la collaboration de l’Association des Unions maraichères des Niayes (Aumn) pour une durée de 5 ans (2017-2022), et en partenariat avec la Direction de l’horticulture et l’Ancar.

Un autre et non moins important projet de renforcement est le Projet de renforcement des capacités en matière de gouvernance de la sécurité alimentaire et de la résilience. Mis en œuvre avec le Secrétariat exécutif du conseil national de sécurité alimentaire du Sénégal (Secnsa), il a pour but de « renforcer la sécurité alimentaire et la résilience à travers, notamment l’amélioration des mécanismes de coordination et de suivi évaluation ». Ce projet est mis en œuvre pour une durée pour une durée de 4 ans entre 2017 et 2022.

La Jica veut ainsi travailler à « stimuler le développement global de l’économie rurale et la résilience contre le risque du changement climatique par le développement communautaire basé sur l’entretien de la durabilité des bases de production, l’augmentation des revenus des ruraux, la diversification des sources de revenus, la création d’activités économiques et la maîtrise de la dégradation de l’environnement ».

BOOSTER LE DÉVELOPPEMENT PAR LES INFRASTRUCTURES

Au Sénégal, le Japon a toujours apporté un important appui au développement des infrastructures. En effet, le Japon veut faire de ces infrastructures un levier du développement. D’autres projets ont été mis en œuvre pour contribuer à la croissance économique durable du Sénégal et à plus grande échelle pour l’intégration régionale de l’Afrique de l’Ouest.

Dans son Plan d’actions pour les cinq prochaines années, initié lors de la 4ème Conférence Internationale de Tokyo pour le Développement de l’Afrique (Ticad IV), le Gouvernement du Japon a placé les Infrastructures de transport régionales, y compris les ports, dans les hautes priorités. En plus, dans une dynamique de soutien au Nouveau partenariat économique pour le développement de l’Afrique (Nepad), le Japon s’est engagé à contribuer à la réduction de la pauvreté par le biais de la croissance économique en apportant une aide prioritaire au développement des infrastructures qui contribue au renforcement de l’intégration économique africaine. C’est ainsi que les interventions du Japon dans ce secteur sont déclinées à travers la réalisation du corridor Bamako-Dakar par le sud qui intègre le Programme d’actions communautaires des infrastructures et transport routiers (Pacitr) de l’Union économique et monétaire de l’Ouest-africain (Uemoa). « Ce corridor d’intérêt communautaire, est un des axes majeurs nécessaires à la préservation et à l’amélioration des échanges terrestres entre les populations frontalières. Ce qui fait que l’impact socio-économique de cette liaison routière profite aux deux Etats (Mali et Sénégal), mais aussi aux pays voisins, à travers le désenclavement des zones desservies, l’accroissement de la mobilité et la liaison avec les voisins mais surtout le développement des activités agricoles et de commerce dans la région », lit-on dans une note de la Jica.

Le Programme de d’aménagement routier et de facilitation du transport sur le corridor Bamako-Dakar par le sud porte également une empreinte japonaise. Le Japon est intervenu en co-financement sous forme de prêt concessionnel dans ce programme avec la Banque africaine de développement (Bad) et la Banque ouest-africaine de développement (Boad) sur les tronçons routiers entre Kédougou et Falémé (réhabilitation du tronçon Kédougou-Saraya (61 Km), construction du tronçon Kharakhéné-Falémé (21,3 Km). Le programme a pour objectif de contribuer au renforcement de l’intégration économique et de la coopération sous-régionale, et au désenclavement des pays.

Le programme comprend des travaux routiers (en béton bitumineux 05 cm) et d’aménagement d’infrastructures socio-économiques (cases de santé, forages, pistes, rurales…) pour répondre à des besoins immédiats des populations riveraines, ainsi que des mesures de facilitation du transport et du transit sur le corridor. Ce programme est en conformité avec les objectifs du Nepad dont il fait partie du plan d’actions à court terme. Il avait démarré, du côté sénégalais, en 2008.

Autres domaines d’intervention
Dans le domaine de l’information et des technologies, la coopération japonaise a construit la Nouvelle Maison de la Rts en 1987, fourni des programmes de TV à la Rts en 1989, tout en renforçant des capacités télévisuelles de cette même Rts en 2005. La coopération japonaise a aussi une étude sur le système de gestion de l’information sur les infrastructures socio-économique de la zone urbaine de Dakar en 2000. Ou encore la mise en place d’un système de gestion de l’information sur les infrastructures socio-économiques de la zone de Dakar en 2002 et l’affectation, pour une durée de deux ans, d’un expert japonais.

La construction de l’Usine de dessalement de l’eau de mer des Mamelles est l’un des projets-phares de la coopération japonaise tant par son financement que par ses objectifs. D’un montant de 145,615 milliards de FCfa, ce projet veut combler la forte demande en eau qui va avec la croissance démographique étant entendu que l’approvisionnement actuel ne peut satisfaire la demande quotidienne maximale.

La Jica a signé un accord de prêt avec le gouvernement de la République du Sénégal pour le projet de dessalement de l’eau de mer des Mamelles. Ce projet prévoit, selon la Jica, la construction d’une nouvelle usine de dessalement d’eau de mer, la première en son genre au Sénégal (capacité de production : 50,000 m3/ jour), à Dakar, la capitale, ainsi que l’amélioration du réseau de canalisations urbaines.

La réhabilitation du Môle 3 du Port de Dakar construit en 1939 devrait faire du bien à l’infrastructure qui prend en charge les « 15 millions de tonnes annuelles de marchandises pour le Sénégal, mais aussi les marchandises destinées au Mali ». D’un montant de 21 milliards de FCfa, la réhabilitation a été conclue par un don qui don qui permettra « un chargement et un déchargement des marchandises plus sûr, plus efficace et plus hygiénique ».

L’approvisionnement en eau potable et l’amélioration des conditions d’hygiène dans les zones rurales (Japon 14) est un autre pilier du développement infrastructurel. D’un montant de 4,18 milliards, Japon 14 est un « projet de construction d’ouvrages hydrauliques et d’assainissement dans les régions de Tambacounda (3 sites), Matam (1 site) et Kédougou (1 site) en 2017. Ce projet a permis à 34 villages et à une population d’environ 28.900 personnes vivant dans les sites ciblés, de bénéficier des installations réalisées », selon la Jica.

SHIGERU OMORI, AMBASSADEUR DU JAPON AU SENEGAL : « LA VISITE DU PRÉSIDENT MACKY SALL RENFORCERA NOTRE COOPÉRATION DÉJÀ DYNAMIQUE »

L’ambassadeur du Japon au Sénégal, Son Excellence Shigeru Omori, s’est prononcé sur la coopération entre les deux parties à la veille de la visite du chef de l’Etat sénégalais dans son pays. Une coopération qu’il trouve déjà « très dynamique » et qui devrait être renforcée au terme de cette visite. Il revient en chiffres et en détails sur d’importants aspects de cette coopération dans l’entretien qu’il nous a accordé.

Excellence, nous sommes à la veille d’une visite du président de la République du Sénégal, Macky Sall, au Japon. Pouvez-vous revenir sur l’importance de cette visite dans les relations entre les deux pays ?
Son Excellence Monsieur le président Macky Sall a déjà effectué une première visite au Japon, en 2013, pour participer à la 5ème Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad V). La visite de cette année est encore plus importante, puisqu’elle est la première visite bilatérale du président au Japon et devra marquer sa participation au Forum sur la Couverture sanitaire universelle (Csu). La visite bilatérale du chef de l’Etat est le témoignage de la plus haute distinction dans le protocole diplomatique. Le Japon souhaite renforcer ses relations bilatérales, qui sont déjà excellentes, avec le Sénégal. Le président Macky Sall et le Premier ministre du Japon, M. Shinzo Abe, auront un entretien. Le Premier ministre offrira également un dîner en l’honneur de son hôte.

La coopération entre les deux pays est diversifiée. Pensez-vous que cette visite puisse la booster davantage ?
Nous sommes persuadés que cette visite renforcera davantage cette coopération qui est non seulement variée, mais très dynamique. Nous sommes présents dans divers domaines, en parfaite réponse aux attentes des autorités sénégalaises. Des infrastructures à la santé, en passant par l’éducation et le renforcement des capacités des ressources humaines, nous poursuivons effectivement une bonne coopération avec le Sénégal.

Pourriez-vous être plus explicite sur cette coopération ?
Pour citer quelques projets de coopération japonaise au Sénégal, nous pouvons noter le Projet de réhabilitation du Môle 3 du port de Dakar d’un montant de 3 milliards 971 millions de yen, soit environ 19 milliards 855 millions de FCfa, le Projet de dessalement de l’eau de mer aux Mamelles d’un montant de 27 milliards 463 millions de yen, soit environ 137 milliards 315 millions de FCfa. En plus, le Japon fournit diverses aides dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche, de la santé, du développement urbain et sanitaire… Dans le volet de la coopération technique, le Japon envoie des experts et conseillers de divers secteurs pour accompagner les efforts du Sénégal dans la réalisation de sa politique de développement. Certains sont déjà sur place et nous prévoyons l’arrivée d’autres dans les années à venir.

Notre pays accueille également des stagiaires et des fonctionnaires sénégalais dans le cadre des programmes de formation. Nous avons aussi un programme spécifique appelé « Initiative Abe – African business education » – dans le cadre duquel le Japon reçoit des jeunes africains pour des études de 2 ans en vue d’obtenir un Master’s degree et d’effectuer un stage dans des entreprises japonaises. Nous voulons bien que cette visite booste davantage la coopération entre nos deux pays qui est déjà très dynamique.

Il faut aussi rappeler que la coopération japonaise en faveur de l’Afrique se base sur deux principes fondamentaux que sont l’appropriation par les pays africains de leur développement (Ownership) et le partenariat du Japon pour accompagner leurs efforts dans ce sens (Partnership). Ce partenariat se traduit par des réponses aux demandes faites par chaque pays africain dans des dossiers de requête spécifiques aux besoins de chacun.

Ces deux éléments de base ont dégagé des résultats des différentes éditions de la Ticad, dans le cadre de laquelle le développement des pays africains repose sur trois piliers : la promotion de la transformation économique structurelle par la diversification économique et l’industrialisation, notamment par la création d’infrastructures de qualité et le développement des ressources humaines ; la promotion de systèmes de santé résilients pour la qualité de vie par le renforcement des systèmes de santé, en réponse aux crises de santé publique, et plus spécialement l’adhésion à la Couverture sanitaire universelle (Csu) ; et la promotion de la stabilité sociale pour une prospérité partagée, notamment par la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.

Que faites-vous spécifiquement dans le cadre de la transformation économique qui est une de vos priorités ?
Dans ce cadre, le Japon apporte une contribution importante pour le développement du Sénégal et a décidé d’envoyer au Sénégal, au mois de janvier 2018, une forte délégation composée de nombreux hauts responsables de diverses entreprises japonaises pour tenir une conférence sur les infrastructures de qualité. Le Japon possède une très grande expertise dans ce secteur.

Expertise fondée sur notre expérience grâce à un environnement sous forme d’archipels connaissant beaucoup de désastres naturels. Ce qui nous a menés à développer nos infrastructures résilientes.

La santé sera au centre des questions à aborder lors de la visite du président sénégalais avec l’initiative qu’est la Couverture sanitaire universelle (Csu). Quel est le modèle japonais dans ce domaine ?
Nous essayons, effectivement, de faire la promotion de systèmes de santé résilients pour la qualité de vie par le renforcement des systèmes de santé, en réponse aux crises de santé publique, et plus spécialement l’adhésion à la Couverture sanitaire universelle (Csu). Dans l’exécution de ce pilier au Sénégal, le Japon aide le gouvernement à réaliser la Csu par le biais d’un prêt d’un montant de 8 milliards 440 millions de yen, soit environ 42 milliards 200 millions de FCfa. Le but de ce prêt est d’aider les autorités sénégalaises à réaliser la Csu dans leur pays. Pour la réussite de la Csu au Sénégal, le Japon envoie aussi des experts et des équipements médicaux nécessaires. Le Sénégal figure parmi les pays modèles pour promouvoir la Csu.

Nous développons aussi d’autres axes dans la coopération sanitaire. Et pour citer quelques réalisations japonaises dans le domaine de la santé, nous pouvons rappeler le Projet de renforcement des soins de santé maternelle et néonatale (Pressmn), qui vise à former des infirmiers et sages-femmes pour permettre l’accouchement humanisé, ou encore le Projet d’appui au renforcement du système de santé (Parss) visant à améliorer l’efficacité de l’administration médicale. Une autre réalisation est le projet de lutte contre le virus Ebola à travers la fourniture d’équipements nécessaires comme des lits, des produits antiseptiques au Centre de santé désigné pour le traitement de la maladie, à savoir le Centre hospitalier de Fann. Le Japon a également fourni des équipements destinés à renforcer la surveillance.

Le Forum sur la Couverture sanitaire universelle, auquel prendra part le président sénégalais, est co-organisé par le gouvernement du Japon, l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica), la Banque mondiale, l’Organisation mondiale de la santé (Oms), l’Unicef, et l’Uhc 2030. Le but est de passer en revue les résultats de la Csu au niveau national, régional et mondial, et d’échanger des expériences et leçons concernant le progrès de la Csu dans chaque pays.

La présence japonaise au Forum de Dakar sur la paix et la sécurité se fait remarquer. Qu’est-ce qui l’explique ?
Le Japon participe au Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité de l’Afrique par un concours financier mais aussi par une présence de responsables. Le Japon apporte, et cela depuis la première édition, une contribution financière régulière au Forum. Pour la récente et 4ème édition de ladite rencontre, le Japon a financé à hauteur de 100 millions de yen, soit environ 500 millions de FCfa, la plus grande contribution, et dépêché un ministre délégué du ministère des Affaires étrangères. Donc, malgré la distance géographique, le Japon s’engage pour la paix et la sécurité de l’Afrique.

Dossier réalisé par une équipe du Journal Le Soleil – Quotidien national d’informations 

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