Sénégal-Afrique du Sud du 14 novembre : Les occupants du parking du stade Léopold Sédar Senghor sommés de quitter les lieux

Les occupants du parking du stade Léopold Sédar Senghor seront incessamment déguerpis. Ils ont reçu une sommation du préfet qui devait expirer jeudi dernier. Le Quotidien est descendu sur les lieux hier. Ambiance.

Le stade Léopold Senghor étouffe à cause de l’anarchie qui prévaut sur le parking et aux alentours de l’infrastructure sportive. Un désordre indescriptible s’offre en effet aux yeux des passants ou amateurs de foot qui devront se faufiler entre les carcasses de voitures pour se frayer un chemin.

Une colonne de garages de mécaniciens où sont garées beaucoup de voitures fait face à la présence de cantines de pièces détachées et des tabliers. Les laveurs de voitures en rajoutent à la laideur du décor.

Nettoyer le parking avant Sénégal-Afrique du Sud

Avec le match retour que le Sénégal livre le 14 novembre prochain contre l’Afrique du Sud et comptant pour la dernière journée des éliminatoires du Mondial 2018, les autorités étatiques ont décidé de rendre le décor plus propre en le débarrassant de ses occupants «indésirables».

C’est ainsi que des sommations ont été servies aux responsables des garages mécaniques et autres cantines ayant aménagé leurs commerces sur le parking de quitter les lieux aujourd’hui.

Les mécaniciens, les premières cibles

Rencontré sur les lieux hier dimanche, Pape Mbaye, le représentant des professionnels de l’automobile (Fenapras), confirme l’info : «Je confirme en effet que le préfet, accompagné des éléments de la police des Parcelles Assainies, nous a servi la semaine dernière une sommation pour quitter le parking. On a 8 jours pour s’exécuter. Nous déplorons une telle démarche parce qu’on ne nous a pas informés au préalable.»

Se démenant comme un beau diable au milieu des carcasses de voitures qui obstruent le passage et tenant à peine sur ses deux jambes alourdies par la forte canicule qui enveloppe Dakar, le vieux Pape Mbaye révèle que des négociations sont en train de se tenir. «Nous devons nous réunir ici même pour voir ensemble la conduite à tenir. Mais je peux vous informer que nous avons déjà saisi les autorités religieuses. Nous voulons qu’on nous donne un autre délai, le temps de trouver une solution.»

«Nous pouvons être déguerpis à n’importe quel moment»

Mais selon lui, «tout est de la responsabilité de l’Etat qui n’a pas pensé construire des sites de recasement pour les mécaniciens». «Je l’avais même dit au Président Macky Sall au cours de la journée de l’artisanat», ajoute-t-il.

«La sommation devait expirer le jeudi 19 octobre, soit 8 jours après la réception des sommations», précise un autre interlocuteur qui a préféré garder l’anonymat. Et qui poursuit : «Du coup, nous pouvons être déguerpis à n’importe quelle heure, à n’importe quel moment. La politique du bulldozer ne peut être érigée en règle. L’Etat devrait plutôt protéger ses citoyens. Mais il ne fait que sévir. Nous qui occupons ce parking nous ne sommes pas des délinquants, mais des pères de famille qui travaillent à la sueur de notre front.»

«Le délai est trop court»

En tout cas, l »inquiétude se lit sur le visage de ceux visés par cette mesure. Tenant une clef et s’apprêtant à réparer le moteur d’une voiture, Hamath Dione, un mécanicien qui a aussi reçu une sommation, semble désemparé. «Je ne saurai vous dire où je compte aménager pour poursuivre mon job. L’espace se fait rare à Dakar et je juge le délai trop court. On ne peut pas en si peu de temps organiser notre déguerpissement», se plaint celui qui dit être sur les lieux «depuis 2012».

Réclamant des sites de recasement, le responsable de l’un des garages au niveau du parking pense que l’Etat sénégalais devrait allier cette décision avec des mesures d’accompagnement en construisant une deuxième zone industrielle.

Indemnisés à hauteur de 50 millions pour quitter les lieux, les mécaniciens sont revenus sur le parking pour aménager sur une partie de l’espace occupé déjà par d’autres mécaniciens, si l’on se fie aux explications de Hamath Dione.

Et Pape Mbaye de revenir à la charge : «On ne peut pas nous faire déguerpir comme ça sans mesure d’accompagnement. Nous faisons aussi des choses utiles pour la population. Nous faisons partie de l’Association des mécaniciens qui réparent gratuitement les voitures dans le cadre des événements religieux. Raison pour laquelle nous demandons à l’Etat de faire preuve de mansuétude en prolongeant le délai du déguerpissement au-delà du Magal de Touba», prévu le 8 novembre.

Mais apparemment, le temps joue contre eux, car avec l’expiration du délai de sommation, les bulldozers peuvent entrer en action à n’importe quel moment.

Le Quotidien

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.