Saint Louis : la Population du Gandiolais se mobilise contre les rejets toxiques d’une usine chinoise

Le Gandiolais commune composée de plusieurs villages, situé dans le département de Saint-Louis souffre de véritables problèmes écologiques et environnementaux. On n’a pas encore fini d’épiloguer sur les conséquences néfastes de l’ouverture de la brèche en 2013 et les problèmes du foncier dans cette zone, que les populations se braquent déjà contre une usine chinoise. Son nom est Sea Production qui se charge de la fabrication et de la vente de farine de poissons.

Installée depuis plus de trois ans, ce complexe est en train de devenir une préoccupation pour la santé publique. Et les habitants des villages de Ndiawsir, Ngaina Lébou, Mbambara, Keur Barka, Diele Mbame et Doune Baba Dièye ont manifesté leur courroux dans les rues en arborant du rouge. Ils étaient des centaines de jeunes, femmes et vieux, pancartes à la main, avec des slogans hostiles à l’usine chinoise pour demander son démantèlement. ‘‘Halte à la pollution !’’ ont-ils scandé.

Les manifestants fortement mobilisés ont déploré pacifiquement la situation dans laquelle ils vivent depuis des années sans que les ‘‘autorités concernées ne pipent mot’’. Le chef de village de Keur Mame Barka Babacar Ndiaye a été le premier à se mettre face à la presse, après la marche, pour lister les désagréments causés par l’usine.

Ils sont d’ordre sanitaire, olfactif et sonore. ‘‘C’est une odeur nauséabonde qui se dégage de l’usine ; nous sommes tous malades, les enfants toussent à longueur de journée’’, a-t-il révélé. Et il se rappelle qu’un gamin qui se baignait dans le fleuve a perdu la vie pour avoir bu l’eau polluée par les déchets déversés par l’usine dans ce cours d’eau. ‘‘L’office des lacs et cours d’eaux est interpellé sur la situation car cet affluent est en train d’être pollué dangereusement’’, a-t-il lancé.

Dépités, courroucés, les habitants du Gandiolais pensent que c’est un sort qui s’est abattu sur eux car les problèmes se succèdent dans cette zone et aucune autorité ne vient à leur secours. Moussa Camara, très remonté contre l’administration sénégalaise, se rappelle que les populations, en 2016, étaient allées voir le chef de service régional de l’environnement de l’époque, M. Dia qui, selon lui, avait décrié l’implantation de cette usine ‘‘faite sans étude d’impact environnemental’’. Pour M. Camara, cette affaire est une nébuleuse. ‘‘En ce temps-là, les populations s’étaient levées et l’usine avait été fermée ; mais aujourd’hui, elle est rouverte au grand dam des habitants riverains et ceci, grâce à un lobbying tapi à l’ombre pour des liasses de billets’’, a-t-il soutenu. ‘‘Les Chinois corrompent les gens’’, a-t-il avancé de manière ferme.

Pour M. Camara, même la ville de Saint-Louis n’est pas épargnée car, à l’en croire, des quartiers comme celui de Pikine, qui sont à quelques pas du bras du fleuve où se déversent les déchets, sont touchés. Agacé par l’attitude des Chinois qui, selon lui, osent demander aux populations de venir les voir avec les ordonnances, il pense que l’heure a sonné pour que des décisions fortes soient prises. Elèves et enseignants se sont joints à la lutte car le bruit de l’usine trouble la quiétude des établissements scolaires de la localité. Madeleine Sall, enseignante à Keur Barka, témoigne que les potaches sont perturbés et que leur vie est en danger permanent. Celle-ci pointe un doigt accusateur sur le maire du gandiolais, Arona Sow, qui ‘‘est de mèche avec les Chinois’’.

Aujourd’hui, les ressources halieutiques (poissons, crevettes) sont menacées de disparition. L’écosystème est touché avec les mangroves qui sont menacés par les déchets. Ainsi, les membres de la convention des Gandiol-Gandiol qui ont pris part à la marche de contestation contre l’usine chinoise ont dénoncé le non-respect de la Constitution qui stipule le droit pour le citoyen sénégalais de vivre dans un environnement sain.

Le Président El hadj Ndiogou Diop de s’offusquer en outre de la violation des codes de l’environnement et de la santé matérialisée par les rejets malsains quotidiens de déchets de l’usine. ‘‘Le Gandiolais ne peut endosser une nouvelle souffrance en dehors de la brèche’’, a-t-il dit.

Fara Sylla – EnQuete

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