Rupture de stocks de médicaments au Sénégal – plaidoyer pour un «allègement» des procédures d’appels d’offres

Le marché du médicament au Sénégal est souvent confronté à une rupture de stocks. Au niveau de la PNA, l’heure est au plaidoyer pour un «allègement» des procédures d’appels d’offres soumises au code des marchés. C’était lors d’un déjeuner de presse avec les membres de l’Association des journalistes en santé, population et développement (AJSPD).

Le circuit de distribution des médicaments fait régulièrement l’objet de dysfonctionnements entraînant des ruptures d’approvisionnement de médicaments qui peuvent présenter un risque pour la santé publique. Avec une faible production locale, le Sénégal importe l’essentiel  de ses besoins en médicaments.  

Du coup, la PNA, chargée de ravitailler le public, a recours aux appels d’offres et est par conséquent soumise au code des marchés. Une situation qui se traduit parfois par des retards, notamment au niveau de la livraison des médicaments, essentiellement des génériques venus des fabricants asiatiques. Et si l’on se fie aux propos de la directrice de la PNA, Annette Seck, ‘’les obligations du code des marchés poussent à faire les procédures un an avant, et rien que les délais incompressibles de l’appel d’offres, c’est 296 jours, soit un an.’’ ‘’La livraison des produits, si ce n’est pas par avion, peut prendre 120 jours’’, se plaint-elle.

‘’Entre juillet 2011 et fin 2014, la Commission de règlement des différends de l’Agence de régulation des marchés publics (ARMP) s’est plusieurs fois penchée sur des litiges opposant la PNA et des fournisseurs’’, a révélé Mme Seck. ‘’Au moment de renouveler le marché, il (le fournisseur) pose des conditions. Alors que le marché comporte des clauses de prix non révisables’’, renchérit-elle.

Avant d’ajouter : ‘’Nous sommes contraints soit de continuer à négocier avec lui, soit de voir dans quelles mesures nous pouvons supporter certains frais, et pendant ce temps, nous épuisons nos stocks de réserve, soit de complètement mettre fin à ce marché et trouver un autre fournisseur sur la place, contractualiser vers un nouveau marché, faire un autre appel d’offres.’’ Parfois des fournisseurs renoncent momentanément après avoir pris des engagements vis-à-vis de la PNA », précise-t-elle.

Abdoulaye Diouf Sarr : il faut repenser le dispositif d’achat des médicaments

Le plaidoyer de la PNA n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Le Ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, conscient du risque pour la santé publique, a souligné qu’aucune procédure ne peut justifier la rupture des médicaments. Ainsi a-t-il proposé de repenser le dispositif d’achat des médicaments. ‘’Il faut un dispositif de prévention des ruptures qui renforce désormais les obligations de tous les acteurs de la chaîne du médicament, de l’entreprise pharmaceutique aux pharmacies d’officine’’, a-t-il soutenu.

A signaler qu’au Sénégal, l’ensemble des médicaments entrant dans les circuits réglementaires obtiennent une autorisation de mise sur le marché (AMM), délivrée à l’issue d’un  «contrôle technique» effectué par le Laboratoire national de contrôle des médicaments ‘’. Et selon le directeur de la pharmacie et du médicament, Abdoulaye Dièye, le recours à l’importation est massif. Selon des chiffres officiels, le Sénégal importe 90% de ses besoins en médicaments et les commandes se situent à 100 milliards FCFA par an pour le privé, et 4 milliards FCFA pour le public. Le Sénégal ne compte qu’une poignée de fabricants locaux.

En ce qui concerne la réglementation de l’ouverture d’officines privées, le dernier arrêté du ministère de la Santé renseigne qu’à Dakar et sa région, « la distance à vol d’oiseau » à respecter entre deux pharmacies est de 200 mètres pour ce qui est du centre-ville de la capitale. Dans les communes de la région de Dakar, une distance de 300 mètres doit être respectée. À l’intérieur du pays, la distance réglementaire est de 400 mètres, a expliqué Abdoulaye Dièye.

M.BA – Rewmi

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