Production de riz : Saliou Sarr corrige Papa Abdoulaye Seck, «On n’a pas produit plus de 300 000 t de riz en 2015»

LIBRES ECHANGES Avec… Saliou Sarr, président d’honneur du comité interprofessionnel de la filière riz

«On n’a pas produit plus de 300 000 t de riz en 2015»

Expert agricole, producteur paysan et membre du Comité interprofessionnel de la filière riz, Saliou Sarr mérite d’être écouté quand il parle de riz. Militant de l’autosuffisance alimentaire dans ce secteur, cet expert salue la volonté politique qui souhaite atteindre ce résultat. Néanmoins, il déplore les manquements dans la démarche, et dénonce la politisation de l’ambition, qui pousse à des postures politiciennes qui biaisent les opinions.

Actuellement au Sénégal, quels sont ceux qui produisent le plus de riz ? Est-ce  les exploitations familiales ou bien le système agro-business ?

Les plus grandes quantités de riz dans la vallée du fleuve du Sénégal, qui est le bastion rizicole du Sénégal, sont produites par les petits producteurs, les exploitations familiales. On peut dire à plus de 90%.
Le Gouvernement dit investir beaucoup de mo­yens dans la riziculture, mais on n’a pas vu une grande augmentation de la production.

Est-ce que ce n’est pas le fait  que les exploitations familiales ne soient pas organisées aussi bien qu’elles devraient l’être ?

Un bref rappel historique ! Depuis plusieurs décennies, on parle d’autosuffisance. On a débuté avec le Président Abdou Diouf, on a accéléré avec le Président Wade, avec l’appui de la Fao surtout, avec l’année internationale du riz, pour arriver à finaliser carrément un programme national pour l’autosuffisance en riz 2009-2012. Mais là, c’était plus un slogan qu’un objectif basé sur des quantités réalistes et réalisables avec les moyens adéquats. Avec le Président Macky Sall, on a repris le projet (Pnar 1), en concertation avec les acteurs.  On est partis des difficultés vécues dans le premier programme d’autosuffisance en riz, pour bâtir un nouveau.

La grande difficulté du premier Pnar (Programme national d’autosuffisance en riz), c’était qu’on devait surtout arriver à atteindre l’autosuffisance en riz par l’aménagement de dizaines de milliers d’hectares nouveaux (40 000 ha) qui coûtaient plus de 200 milliards de francs. Cela n’a pas été réalisé. C’est pourquoi le nouveau programme du Premier ministre Abdoul Mbaye en 2012 et  après celui du ministre Pape Abdou­laye Seck en 2014, c’était de bâtir la stratégie à partir de la double culture.

Donc, on part de cette difficulté (création de nouveaux aménagements) pour partir de ce qui existe : les superficies aménagées et pouvant être exploitées pour faire une double culture. Nous avons vu que c’est une hypothèse réaliste et nous avons fondé les résultats à atteindre à partir de  cette stratégie-là : emblaver en double culture de 55 mille ha  à partir de 2014, 60 mille ha en 2015, 65 mille ha en 2016 et 70 mille ha en 2017.

Pour atteindre quel tonnage ?

Pour arriver à  910 000 tonnes de paddy, 140 000 ha à raison de 6,5 tonnes par hectare pour 2017. C’est ça, les grandes masses en termes de calcul. Et cela devait être accompagné par l’achat de plusieurs dizaines de tracteurs, de moissonneuses-batteuses, faciliter les crédits des producteurs, des industriels et de l’ensemble des acteurs de la filière riz. Donc, l’objectif d’autosuffisance était bâti autour de ces orientations-là. On est à la troisième année, j’ai entendu mon ami, Dg de la Saed, Samba Kanté, dire que cette saison est la campagne de tous les records. Chaque année, c’est la même phrase qu’on lance.

Quand moi, j’élève la voix, je critique de façon objective  et j’en appelle à une attitude et à une réaction d’intellectuels et de cadres, n’en déplaise aux sirènes ! Si on regarde les objectifs par campagne et par année, on est très loin, de ce qui a été fixé. Si on prend l’année dernière, on devait faire 120  mille ha, 60 en hivernage et 60 en contre-saison. Quand on prend leurs statistiques, qui sont d’ailleurs contestés, on est à peu près à 60 mille ha (les deux campagnes) à partir de leurs propres chiffres, donc on est à 50%.

On est très loin de l’objectif de 120 000 ha et celui de la production. 2016, on démarre avec la contre-saison, on devait être à 65 000 ha, j’ai entendu dire qu’on a réalisé près de 43 mille hectares. A partir de ce chiffre, on peut dire qu’on est à peu près à 66%. Dans le passé, l’on a constaté que chaque fois qu’on a dépassé 35 mille ha en contre-saison, la campagne hivernale qui suit baisse, et cela pose problème. C’est vrai qu’il y a des progrès en contre-saison mais, ce qui pose problème est que la campagne d’hivernage qui suit, si on baisse, il n’y a plus de progrès. Parce que dans les années passées, on était autour de 40 mille ha en hivernage, c’est la contre-saison qui posait problème. On doit alors  pouvoir marcher avec les deux pieds.

Qu’est-ce qui justifie cela ?

Avec le feu  ministre, Hamath Sall, on est arrivés à des contre-saisons, par deux fois, entre 32 et 38 mille ha, sans les moyens qui y sont aujourd’hui dégagés. Le Gouvernement de Macky Sall a annulé les dettes paysannes  pour permettre un meilleur accès et ça a  incité le Crédit agricole (Cncas) à dépasser le cap de 7 milliards de francs de crédit de campagne.

Aussi, le Gouver­nement a fait venir plusieurs dizaines de tracteurs, et de moissonneuses batteuses. Alors, si on arrive en contre-saison à 43 mille ha alors que sans ces moyens, on était arrivés autour de 38 mille, je dis qu’il y a problème. Et ce n’est pas par manque de volonté des petits agriculteurs, c’est un problème d’organisation et de méthode, de réorientation des hypothèses, d’orientation de l’ensemble des acteurs y compris le Gouver­nement.

Pour exemple, j’ai salué l’effort du Gouvernement en matière d’achat de matériels agricoles, il a fait 60% de subventions sur ces tracteurs, mais les tracteurs devaient aller avec des offsets adéquats avec roues (matériels aratoires). Aujour­d’hui, non seulement les premiers tracteurs sont venus avec retard, mais on a amené des offsets qui ne sont pas adaptés, des offsets portés, qui n’ont pas de roues.

C’est une situation qui ralentit tous les efforts de travail et d’investissement pour les travaux du  sol.  Un deuxième effort d’investissement annihilé ou ralenti par  des problèmes de capacité du petit producteur, du fait que les tracteurs avec offset  subventionnés coûtent un peu moins de 16 millions de francs. Le producteur qui veut acheter ces matériels doit verser les 16 millions au trésor pour pouvoir prendre le tracteur.

Cela pose un problème d’accès au crédit et je me dis, est-ce qu’on ne devrait pas, comme le Gouvernement a pris le taureau par les cornes, en accordant 60% de subvention, identifier les organisations professionnelles agricoles les plus sérieuses, les plus sûres, leur donner le matériel à crédit. Et comme la Cncas finance le crédit campagne y compris les façons culturales, c’est-à-dire qu’en ce moment-là, c’est un circuit fermé et  sécurisé. Par exemple, quand une union de producteurs  doit prendre son  bon de crédit, comme c’est la même organisation qui fait les façons culturales, la banque est directement payée pour le crédit matériel. C‘est-à-dire que sur trois ans, en 6 campagnes, l’organisation paysanne est capable de  payer ce tracteur.

Dans le département de Dagana, vous allez voir les dizaines de tracteurs qui n’ont pas encore preneurs. Autre difficulté, cette fois-ci, de la responsabilité des petits paysans. On pense qu’avec la contre-saison, on a plus de rendement, plus de revenus, en oubliant que la filière est une chaîne avec plusieurs maillons qui doivent tous ga­gner, notamment le transformateur, qui reçoit un paddy non conforme.

Quand on emblave entre 30 mille à 45 mille ha, en deux mois, on n’a pas suffisamment de temps pour pouvoir récolter la parcelle, laisser sécher, façonner et encore aller en campagne. Cela pose problème. Il faut sensibiliser, faire des séances d’informations aux petits producteurs pour dire qu’on peut être à 30 mille ha en contre-saison  chaude et amener le maximum de superficie en hivernage, plus de 60 mille ha. Par exemple, 70 mille ha en hivernage et  30 mille  ha en contre-saison, cela veut dire qu’au lieu d’une double culture, on est à un taux d’intensité culturale de 143%.

Si l’on ajoute normalement, les 10 000 ha de Anambé,  cela fait 110 000 ha, multipliés par  6 tonnes/ha, c’est 660 000 tonnes de paddy bien séché et aux nomes de décorticage, plus 200 000 tonnes du système pluvial, c’est 860 000 tonnes de paddy. Avec un coefficient de transformation entre 60 à 62%,  on est à plus de  500 000 tonnes de riz blanc et on commence à inverser la courbe des importations.

C’est faisable sans problème. En contre-saison chaude, tu fais 30 000 ha, tu as le temps de les récolter et de les remettre, et elles viennent compléter les autres 40 000 ha pour arriver à 70 000 ha en hivernage. J’en appelle ainsi à un changement de l’hypothèse qui était retenue au début de l’élaboration du programme. Je le dis et j’insiste. Je suis de la vallée du fleuve Sénégal, je suis un patriote, j’aime le progrès.

Sur ce programme, je me suis battu avec toutes mes forces et mon énergie pour convaincre le Gouver­nement et mettre ma signature, au moment où ceux qui crient aujourd’hui étaient de l’autre côté, dans le camp de  Wade, et ont parfois  même participé à collecter sa caution pour aller aux élections présidentielles. Dans ce pays, quand on fait une critique, on la met dans le domaine de la politique politicienne, il est dans l’opposition,  il est contre… Non ! J’en appelle à un débat d’intellectuels et de cadres. Certains progrès ont été certes faits, mais ils sont insuffisants par rapport aux objectifs d’autosuffisance en riz pour 2017.

En 2016, le programme prévisionnel de la contre-saison chaude était arrêté à 65 000 ha. On est à  près de 40 000 ha et on sait que,  quand on dépasse 35 000 ha en contre-saison chaude, la campagne d’hivernage baisse. Cela veut dire qu’on fera moins de 40 000 ha en hivernage, soit moins de 80 000 ha dans la vallée du fleuve Sénégal, largement inférieurs aux objectifs de 2016 qui sont fixés à 130 000 ha. Cela veut dire, que si cela continue sans rectification jusqu’en 2017, on ne va pas atteindre l’autosuffisance. C’est pourquoi à un certain moment, j’ai appelé à une concertation nationale pour se réunir un moment,  faire  un bilan d’étape et  voir comment nos hypothèses ont été vécues dans la réalité et dans la pratique.

Certains disent que si on ne parvient pas à produire assez, c’est parce que les rizeries ne sont pas accessibles à tous les petits producteurs. Que la transformation pose problème ?

Oui, une autre difficulté, en vue des quantités de riz qui seront produites. Si on était à des niveaux de 1 million de tonnes, 800 000 tonnes, 600 000 tonnes de paddy, ça poserait de sérieux problèmes de transformation industrielle. Parce que la capacité réelle de transformation actuelle, disponible dans la vallée, est estimée autour de 120 000 tonnes. Donc, les décortiqueuses villageoises continuent de jouer le plus grand rôle. Le dernier recensement montre que plus de 60% du riz sont transformés par les décortiqueuses villageoises.

Malgré les installations industrielles ?

Oui, malgré les installations industrielles qui commencent à augmenter. Dans le diagnostic de départ, on l’avait signalé. Je fais partie du groupe qui disait qu’au lieu de pousser Serigne Mboup, Cheikh Amar ou Yérim Sow à prendre plusieurs dizaines de milliers d’hectares pour faire la production, ces entrepreneurs devraient être orientés vers les secteurs de la transformation et de la mise en marché. Et pousser les agriculteurs à faire plus de superficies, plus de production, sans que cette production n’ait de problèmes de transformation et de qualité. Ainsi l’arrivée de nouveaux industriels va compléter cette capacité existante au niveau de la vallée.

Est-ce que quelque part vous n’avez pas dit tout le problème de ce secteur ? A savoir que, pour le Gouvernement, c’est plus les grands capitalistes qui ont les moyens de pouvoir augmenter le taux de production plutôt que le petit paysan ?

Non du tout ! L’expérience a montré, dans la vallée où tu trouves les «agro-industriels», depuis  plus d’une dizaine d’années, avec le processus de libéralisation et la mondialisation, qu’il est avéré que les petits producteurs sont plus performants que les agro-industries. La preuve, la dernière arrivée, c’est Senhuile-Senthanol, qui n’était pas venue pour faire du riz, avec 25 000 ha pour faire du tournesol. Actuellement, il a démarré le riz, mais allez demander ses rendements !

Ils sont trop faibles ?

Oui trop faibles ! Ce sont les petits agriculteurs qui, en contre-saison chaude, arrivent à une moyenne de 6 tonnes à l’hectare, avec des pointes de 8 et de 10 tonnes à l’hectare. La même chose au niveau de la campagne d’hivernage. La même chose au niveau de la tomate industrielle (contre-saison froide). C’est avéré, ce n’est pas un problème de rendement ou de professionnalisme des petits agriculteurs, c’est une question d’organisation et de méthode. On a amené des tracteurs, les offsets adaptés ne sont pas arrivés.

On devait avoir plus de 50 moissonneuses-batteuses depuis 2 ans, on n’est pas encore arrivés au bout du tunnel. Quelquefois il y a un problème entre la prise de décision et la réalisation : un grand écart. Si on réorganise tout cela, on peut arriver, à partir de 2020, à des niveaux de plus de 70% de nos besoins. Je disais, en début d’année 2016, en me basant sur nos calculs, nos estimations par rapport à la réalité,  que l’année 2015 n’allait pas sortir plus de 500 000 tonnes de paddy, correspondant à 300 000 t de riz blanc pour tout le Sénégal.

On a envoyé des sirènes m’attaquer. Mais au finish, les statistiques du ministère du Commerce, notamment à travers le comité de régulation des importations montrent qu’il a, à deux reprises, autorisé respectivement en 2015 : 500 000 tonnes d’importation et 300 000 tonnes, qui font 800 000 tonnes de riz blanc. Donc, les faits me donnent raison. En effet, la consommation nationale du Sénégal est estimée 1 million cinquante mille (1 050 000) de tonnes. Si on exagère, on pousse à 1 100 000  de tonnes de riz blanc pour faciliter le calcul. : 1 100 000 de tonnes de riz blanc moins 800 000 tonnes, il reste 300 000 tonnes de riz blanc. 300 000 tonnes de riz blanc divisées par un coefficient de transformation de 60%,  on trouve  500 000 tonnes de paddy.

Ce que vous êtes en train de dire est absolument en contradiction avec les chiffres du ministère de l’Agri­culture ?

Oui, mais moi je vous donne là les bons chiffres. J’avais dit : «voilà la situation», on a contesté. Allez voir les statistiques du ministère du Commerce en matière d’importation ! On a importé 800 000 tonnes en 2015 : 500 000 tonnes et 300 000 tonnes : ce ne sont pas les chiffres de Saliou Sarr, mais ceux du ministère du Commerce, c’est officiel. Il y a un nouveau document du ministère du Commerce sur le système du récépissé d’entrepôt (Sre) sur le riz. C’est la même chose, On a estimé la production nationale à 300 000 tonnes de riz blanc, correspondant à près de 500 000 tonnes de paddy.

Alors que le ministère de l’Agriculture avait annoncé plus 900 000 tonnes en 2015 ?

Oui ! Comme vous le savez, dans ce pays à un certain moment, le Premier ministre a même dit en substance : «Regardons de plus près ces statistiques  au Sénégal, il faut qu’on arrête d’en donner à tour de bras !» Mais je ne suis pas dans ce débat de statistiques. On veut aller vers l’autosuffisance en riz  en 2017. On avait dit en 2016, en contre-saison chaude, qu’on devrait arriver à 65 000 ha. A l’arrivée, on a dit qu’on est arrivés à 43 000  ha. Je ne critique pas. Mais entre 43 000 et 65 000, il y a un grand gap. Et je rappelle encore, qu’avec feu Hamath Sall, ministre de l’Agriculture sous Wade, on est arrivés à des contre-saisons chaudes  de 35 à 38 000 ha. Avec tous les efforts qui ont été faits par le Gouvernement,  si on arrive seulement à 43 000 ha, il y a encore des efforts à faire. C’est ce que je dis : nous observons que depuis 3 ans, si on dépasse 35 000 ha en contre-saison chaude de riz, la campagne d’hivernage qui suit, baisse à des niveaux inférieurs à 30 000 ha, alors que nos plus grandes potentialités sont au niveau de la campagne  d’hivernage.

Comment vous expliquez cela ? Pourquoi la production hivernale baisse si la contre-saison est bonne ?

Ce sont les superficies emblavées qui baissent. Quand c’est un système de double culture, quand on fait par exemple 40 000 ha en contre-saison, cela veut dire que l’on a démarré la campagne au mois de février. Cela va à la fin mars pour les semis. Il y a les mois d’avril, de mai, de juin, et on commence à récolter en juillet et août ! Comment peut-on récolter 40 000 ha à partir du 1er juillet, laisser les parcelles sécher et les façonner, pour aller en campagne d’hivernage qui ne doit pas dépasser la fin août ! C’est un problème.

Actuellement, on n’a pas encore trouvé la bonne combinaison pour faire plus de 30 000 ha sans entacher nos potentialités de campagne en hivernage. C’est pourquoi, je dis, réduisons les superficies de contre-saison chaude. Comme, en campagne de contre-saison chaude, si on fait beaucoup, des milliers d’hectares vont être récoltés sous la pluie, cela entache la qualité du paddy, donc limitons-nous à 30 000 et allons sur 70 000 ha, par exemple. Laissons de côté l’hypothèse de double culture, faisons 143% de taux d’intensité culturale. Sur 70 000 ha cultivés en hivernage, au lieu d’emblaver encore 70 000, on refait seulement 30 000 ha.

On peut récolter à volonté, sans problème. Certainement que l’on va récolter en premier, les 30 000 ha qui vont aller en contre-saison sèche. Faire vite parce qu’on a renforcé en moissonneuses-batteuses, en batteuses, en tracteurs, donc on peut faire vite pour façonner 30 000 ha, bien les cultiver, bien les récolter et obtenir ainsi un paddy qui est de bonne qualité à 100%. C’est pourquoi, je dis que c’est un problème d’organisation, de réglage permanent. Ce n’est pas des questions de politique politicienne, mais plutôt une question technique, d’intellectuels et de cadres, mais surtout pas une histoire de sirènes ou de laudateurs.


LeQuotidien

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.