PRÉSIDENTIELLE 2019 ET RISQUES DE SURENDETTEMENT : Les mises en garde du FMI

L’élection présidentielle de 2019 pourrait affaiblir la détermination du gouvernement à rééquilibrer le budget. C’est ce qui ressort de la 5e revue de l’instrument de soutien à la politique économique (ISPE) du Fonds monétaire international (Fmi). Dès lors, l’Institution de Bretton Woodsmet en garde le Sénégal par rapport aux risques de surendettement.

La croissance économique du Sénégal devrait se maintenir entre 6 et 7% à moyen terme, selon le rapport de la 5e revue de l’instrument de soutien à la politique économique (ISPE) du Fonds moné- taire international (Fmi) rendu public avant-hier.

Mais ceci, à condition que l’espace économique se prête à l’accroissement de l’activité des Petites et moyennes entreprises (Pme) et aux entrées d’investissements directs étrangers. “Si les réformes dans ce domaine restaient au point mort, le risque serait de revenir aux taux de croissance anémiques du passé et de mettre en péril la viabilité de la dette. Par ailleurs, l’élection présidentielle de 2019 pourrait affaiblir la détermination à rééquilibrer le budget, notamment en ce qui concerne les réformes structurelles et le traitement des besoins de financement dépassant le budget’’, alerte le Fmi.

En effet, selon cette institution, la Présidentielle de l’année prochaine peut donner lieu à des pressions en matière de dépenses. Ce qui va engendrer une “incertitude’’ quant à l’exécution du budget 2018 et à la continuité des politiques menées dans le cadre de la loi de finances 2019. “Il existe d’autres risques macroéconomiques, comme les fluctuations des prix du pétrole, qui pourraient avoir des effets directs (par le biais des importations de pétrole) et indirects (par le biais du FSIPP et de l’utilisation de produits pétroliers par l’entreprise publique de production d’électricité, Senelec)’’, lit-on dans le rapport.

Probable transfert du budget central en faveur de la Senelec

D’ailleurs, le Fmi rappelle que les prix de l’électricité ont été revus à la baisse de 10% début 2017, suite à la tendance baissière des prix internationaux du pétrole. Cependant, si dans un premier temps, cette baisse a eu pour conséquence “d’effacer le besoin de subvention’’ de Senelec en 2017 (comme en 2016), le document souligne que la récente augmentation des cours mondiaux du pétrole “pourrait appeler un transfert du budget central en faveur de la Senelec en 2017 et 2018. Sauf en cas de réduction des coûts de production ou d’augmentation des tarifs de l’électricité’’. Parmi les sources de risques extérieurs, le resserrement des conditions des marchés financiers régionaux et internationaux et les effets néfastes des menaces sécuritaires, sont également à prendre en considération. “S’ils venaient à se matérialiser, ces risques extérieurs pourraient avoir des effets négatifs sur la croissance et sur les finances publiques’’, précise le document du Fmi. Selon la même source, le Sénégal a entrepris de changer l’année de base du PIB de 1999 à 2014 avec l’assistance technique du FMI. “Les résultats préliminaires montrent une amélioration d’environ 30% du niveau du PIB nominal en 2014.

Les travaux techniques sont en cours et il est prévu qu’une série de PIB intégralement validée avec l’année 2014 pour référence sera disponible au cours du premier semestre 2018, à temps pour la préparation du budget 2019’’, informe le rapport. Ce changement d’année de base améliorerait certains indicateurs de la dette. Mais l’institution de Bretton Woods signale qu’il “n’aurait aucun effet’’ sur le service de la dette exprimé en pourcentage des recettes. Ce qui renforce donc “la nécessité de maintenir une position budgétaire et une stratégie d’emprunt prudentes’’.

325 milliards de F CFA de ressources extérieures pour les projets publics

En réalité, le déficit budgétaire global devrait atteindre l’objectif de 3,7 % du PIB. Mais le Fmi relève dans son rapport que les pressions sur le Trésor “persistent et alourdissent’’ l’endettement. “Maîtrisé au premier semestre 2017, le déficit devrait atteindre l’objectif nominal de fin d’année de 349 milliards F CFA.

Cependant, la dette progresse plus vite que ne l’indique le déficit budgétaire global car le Trésor a financé les déficits de La Poste et de la Caisse de retraite de la Fonction publique ainsi que des dépenses des affectations budgétaires des exercices précédents’’, renchérit notre source.

Pour atteindre l’objectif de financement global, à savoir le déficit budgétaire de plus 150 milliards de F CFA, soit 1,6% du PIB, l’institution suggère aux autorités d’avoir recours à une augmentation du report annuel de financement de fin d’année à l’exercice suivant. Celui-ci s’élevait à 116 milliards de F CFA soit 1,3% du PIB en 2016. Aussi, pour atteindre l’objectif de financement de 75 milliards de FCFA pour 2018 “sans recourir excessivement au report’’, le Fmi préconise de “réformer de manière drastique’’ les sources de ces besoins de financement.

Sur ce, le rapport de la 5e revue de l’instrument de soutien à la politique économique (ISPE) du pays du Fmi annonce que les projets financés sur ressources extérieures devraient s’élever à 325 milliards de F CFA en 2018. Soit une augmentation notable par rapport aux 230 milliards de F CFA envisagés au cours de la quatrième revue de l’ISPE. Le programme permettra donc un déficit global de 3,5% du PIB, contre 3,0% à la séance précédente. Ceci, à condition que les autorités “mettent en œuvre’’ les mesures visant à réduire le déficit budgétaire à moyen terme.

  • EnQuete
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