Présidence de l’Union Africaine : Abdoulaye Bathily a déjà élaboré son programme

Sa candidature n’est pas encore officielle, mais Abdoulaye Bathily a déjà élaboré son programme de campagne pour le poste de président de l’Union africaine d’après nos confrères de Seneweb. 

Ce weekend à Kigali, au Rwanda, Abdoulaye Bathily va tenter de convaincre qu’il est le meilleur candidat pour diriger l’Union africaine (Ua). Son objectif : 1. Pousser les chefs d’État et de gouvernement du 27e sommet de l’organisation à rouvrir la liste des candidatures, qui a été bouclée depuis le 31 mars. 2. Les persuader qu’il a le meilleur profil pour prendre la succession de Nkosazana Dlamini-Zuma, qui ne brigue pas un nouveau mandat. Pour ce faire, confie un de ses proches, il va présenter à Macky Sall, Paul Kagamé et Cie un manifeste dans lequel il décline ses ambitions pour l’Afrique.

Le document, consulté par SeneWeb, est intitulé « Professeur Abdoulaye Bathily : Un engagement constant au service de l’indépendance et du développement de l’Afrique ». Il comporte trois chapitres. Le premier résume son parcours, de l’École militaire préparatoire africaine (Empa) Charles-Ntchoréré de Saint-Louis, où il « a très tôt pris conscience de l’unité du continent par-delà la diversité de provenance de ses camarades venus de l’ensemble des pays d’Afrique occidentale et centrale », à ses récentes missions au service de la paix et de la diplomatie mondiales, en passant par sa formation académique et ses actions politiques et syndicales.

La deuxième partie souligne ses compétences, son expérience professionnelle, retrace son parcours politique, revisite les étapes de sa formation et rappelle ses affiliations professionnelles.

La troisième et dernière partie, sans doute la plus importante, celle qui le plonge de plain-pied dans la campagne pour la présidence de l’Ua, Bathily décline sa « Vision programmatique » avec comme slogan : « Notre continent, ma plateforme ». « Vision programmatique »

Le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu pour l’Afrique centrale s’engage sur trois axes. Le premier est intitulé « Le panafricanisme en marche ». Il y promet, entre autres, de « servir de porte-étendard fidèle à (la) vision collective (locale) de la solidarité intra-africaine en ces moments de plus en plus périlleux de l’Histoire », d’« œuvrer avec l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement ainsi que tous les organes de (l’)Union pour accélérer le mouvement grandissant visant à faire de l’Afrique un foyer pour tous les Africains et leurs descendants, y compris la libre circulation, sans visa, des citoyens africains partout dans le continent », « renforcer le principe consistant à apporter des solutions africaines aux défis africains, investir dans la diplomatie préventive pour ‘’faire taire les armes’’ partout à travers l’Afrique et mettre fin à toute forme de discrimination », « défendre et illustrer le principe et la pratique du rejet de toute forme de changement anticonstitutionnel de gouvernement dans (le) continent », « contribuer à l’enracinement de la participation pleine et égalitaire de la femme africaine dans les affaires publiques en tant que pièce-maîtresse de (l’)agenda panafricain ».

Deuxièmement, Bathily s’engage pour « Une commission performante ». Ce qui implique, notamment, de « poursuivre les réformes en cours visant à rendre les réunions de (l’)organisation continentale pertinentes sur le plan des politiques et pragmatiques sur le plan de l’orientation et des actions », d’« orienter le travail des Comités techniques spécialisés de l’Union pour en faire des plateformes actives de politiques axées sur les résultats », d’« augmenter les capacités d’alerte précoce et de réponse rapide de la Commission dans tous les domaines susceptibles de constituer une menace directe ou potentielle à la vie et aux droits humains ».

Troisième et dernier point du programme de Bathily : «Une Union pour relever tous les défis ». Il s’agira de « célébrer l’Union et sa Commission comme un legs historique méritant d’être valorisé par les générations successives d’Africains », de « venir à bout des divisions corrosives héritées d’une domination étrangère multiséculaire et doter les générations d’Africains nés après les indépendances des moyens de s’affranchir de tous les jougs et de toutes les servitudes de façon à unir l’Afrique de nouveau, et ce faisant, rendre un hommage mérité (aux) aïeux et ancêtres (des Africains) ».

Le mur de l’Afrique centrale

Abdoulaye Bathily espère séduire les chefs d’État et de gouvernement avec ce programme ambitieux. Il peut d’ores et déjà compter sur le soutien des présidents Macky Sall (Sénégal), Alpha Condé (Guinée), Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Ibrahima Boubacar Keïta (Mali) et Roch Kaboré (Burkina Faso). Paul Kagamé, assure un des proches de Bathily, roulerait également pour lui.

Mais les jeux sont loin d’être faits pour l’ancien secrétaire général de la Ligue démocratique (Ld). L’Afrique du Sud, un poids lourd du continent, supporte la candidature de l’ancien président tanzanien, Jakaya Kikwete. La Communauté de développement d’Afrique centrale (Sadc) a jeté son dévolu sur la ministre botswanaise des Affaires étrangères, Pelonomi Venson-Moitoi. Ali Bongo est annoncé derrière l’Équato-Guinéen Agapito Mba Mokuy. Lequel avait sollicité le soutien du Président Macky Sall en se déplaçant à Dakar.

Une provocation dans le pays d’un de ses potentiels concurrents ? Agapito ne voyait pas les choses ainsi. Il disait s’en tenir à la ligne officielle du Sénégal qui n’avait pas à ce moment-là- ni même aujourd’hui- brigué le poste officiellement.

En effet, Bathily est en course, mais officieusement. Les listes de candidatures avaient été bouclées depuis le 31 mars.  Ce weekend, les chefs d’État et de gouvernement diront s’il faut les rouvrir, pour enregistrer de nouveaux concurrents, ou choisir parmi les trois prétendants déjà en lice, l’Ougandaise Speciosa Wandira-Kazibwe, la Botswanaise Pelonomi Venson-Moitoi et l’Équato-Guinéen Agapito Mba Mokuy.

Paul Kagamé, hôte du sommet, et Ellen Johnson Sirleaf, la présidente du Liberia et présidente en exercice de la Cedeao plaident, nous dit-on, pour que l’affaire soit pliée à Kigali ce weekend, avec une réouverture des candidatures suivie d’un vote.

Avec ces incertitudes liées à la procédure à suivre et les tractations qui s’annoncent rudes dans la capitale rwandaise, autant dire que pour la désignation du futur successeur de Dlamini-Zuma, le suspense est garanti.

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