Portrait : Emmanuel Macron, le futur président français !

Presque inconnu des Français il y a trois ans, l’ancien ministre de l’Économie est arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle française, ce dimanche 23 avril avec 24,01% des voix. Le “phénomène” Macron étonne le monde, qui a scruté durant des mois cet animal politique étrange dans le paysage politique hexagonal. Le 07 mai il pourrait devenir le successeur de François Hollande.

Emmanuel Macron, né le à Amiens, est un homme politique, ancien haut fonctionnaire et banquier d’affaires français.

Diplômé de l’ENA en 2004, il devient inspecteur des finances avant de commencer en 2008 une carrière de banquier d’affaires chez Rothschild & Cie. Membre du Parti socialiste entre 2006 et 2009, il est nommé secrétaire général adjoint au cabinet du président de la République française auprès de François Hollande en 2012 puis ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique en 2014 dans le gouvernement Manuel Valls II.

En , il fonde son mouvement politique, baptisé En marche !, puis démissionne quatre mois plus tard de ses fonctions de ministre. Le 16 novembre, il annonce sa candidature à l’élection présidentielle de 2017. Le 23 avril 2017, au premier tour de cette élection, il est le candidat obtenant le plus de suffrages (24,01 %)2 et se qualifie face à Marine Le Pen pour le second tour.

Famille

Emmanuel Jean-Michel Frédéric Macron est le fils de Jean-Michel Macron, médecin et professeur de neurologie au CHU d’Amiens3 et responsable d’enseignement à la faculté de médecine de cette même ville4, et de Françoise Noguès, médecin et conseillère de la sécurité sociale5.

Ses grands-parents maternels sont originaires de la région de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), où il séjourne occasionnellement6,7. Il affirme devoir son engagement à gauche8 à sa grand-mère, principale de collège.

Vie privée

Le 9, au Touquet où il réside10, Emmanuel Macron épouse Brigitte Trogneux, professeur de français11 de vingt-quatre ans son aînée12,13,14, rencontrée en 1993 au cours d’un atelier de théatre qu’elle anime dans son lycée15, alors qu’il est âgé de quinze ans et en classe de seconde16.

Ses témoins de mariage sont le professeur d’économie Marc Ferracci17 et l’homme d’affaires Henry Hermand18. Ce dernier est proche d’Emmanuel Macron depuis son stage d’élève haut fonctionnaire chez le préfet de l’Oise19. Son épouse participe activement à sa campagne présidentielle de 201720.

Pendant dix ans, il suit des études de piano au conservatoire d’Amiens3,21. Il a par ailleurs pratiqué la boxe française8 et le football.

Formation

Il est, de la sixième à la première, élève du lycée La Providence, un établissement privé catholique d’Amiens fondé par la congrégation des jésuites22. Il poursuit ses études à Paris au lycée Henri-IV, où il obtient le bac S avec la mention très bien23. Il est également lauréat du concours général de français en 199423,24.

Admis en hypokhâgne et khâgne au lycée Henri-IV (classes préparatoires de lettres CPGE B/L – filière lettres et sciences sociales), il échoue à deux reprises à l’écrit du concours d’entrée de l’École normale supérieure25,24,26. Il obtient par la suite une maîtrise27, puis un DEA28 de philosophie à l’université Paris-Nanterre29. Diplômé à 24 ans de l’Institut d’études politiques de Paris (2001), il étudie à l’ENA à Strasbourg de 2002 à 2004 dans la promotion Léopold Sédar Senghor30, pour laquelle le classement final est annulé par le Conseil d’État à la suite d’un recours pour excès de pouvoir31 (Emmanuel Macron fait partie des 75 requérants ayant saisi le Conseil d’État)32, sans que cela ait d’influence sur l’affectation d’Emmanuel Macron à l’Inspection des finances ni sur les autres élèves de la promotion33. Pendant sa scolarité à l’ENA, il effectue son stage en ambassade au Nigéria34.

Des éléments de sa biographie publiés dans les médias ont fait l’objet d’incertitudes et de contradictions. Ainsi, Emmanuel Macron semble avoir entretenu pendant un certain temps l’ambiguïté sur son prétendu passage par l’École normale supérieure26. Par ailleurs, il indique avoir réalisé un mémoire sur l’intérêt général, en rapport avec la philosophie du droit de Hegel, sous la direction d’Étienne Balibar, mais ce dernier indique ne pas avoir de souvenir ni de trace de cet épisode35, précisant : « Peut-être s’agit-il d’une censure inconsciente, je ne sais pas36. »

Carrière professionnelle

Inspecteur des Finances

En , à l’issue de ses études à l’ENA, il intègre le corps de l’Inspection générale des Finances (IGF)30,37. Emmanuel Macron devient l’un des protégés de Jean-Pierre Jouyet qui dirige alors l’IGF38. Il participe notamment à des missions sur la « valorisation de la recherche »39,40, la « fraude aux prélèvements obligatoires et son contrôle »41 et « la répartition des prélèvements obligatoires entre générations et la question de l’équité intergénérationnelle »42.

En , il est nommé rapporteur adjoint de la Commission pour la libération de la croissance française (« commission Attali »)43. En , il est nommé par décret membre de cette commission44. Il y rencontre notamment Peter Brabeck, alors P-DG de Nestlé, contact qui lui a permis chez Rothschild & Cie de conseiller le rachat par Nestlé de la filiale de lait infantile de Pfizer en 2012.

Le , Emmanuel Macron est co-rapporteur de la commission sur les professions du droit45.

En 2016, il démissionne de l’inspection des finances. En tant qu’énarque, il devait dix ans de services à l’État ; n’en ayant effectué que six (ses deux ans comme ministre n’étant pas comptés), il doit s’acquitter de la somme de 54 000 euros46.

Banquier d’affaires

En septembre 2008, il se met en disponibilité de la fonction publique et devient banquier d’affaires chez Rothschild & Cie47,48. Recruté par François Henrot sur recommandation de Jacques Attali et de Serge Weinberg, il indique que l’échec de son militantisme local et l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République l’ont poussé vers cette activité8.

En 2010, Emmanuel Macron offre son aide bénévole à la Société des rédacteurs du Monde (SRM49), dans le contexte de la revente du journal Le Monde.

Mais il est aussi en relation secrète avec Alain Minc, alors que celui-ci soutient une offre Perdriel-Prisa-Orange, et alors que cette offre paraissait à la SRM « particulièrement dangereuse »50.

Après une scène de roman, où il s’est caché à un 6e étage avec la porte de l’ascenseur bloquée, et où il est retrouvé par le vice-président de la SRM, Adrien de Tricornot51, il est mis fin à son rôle d’agent double50,52.

Fin 2010, il est promu associé au sein de la banque53.

En février 2012, il conseille Philippe Tillous-Borde, le PDG de Sofiprotéol qui prend 41 % du capital de Lesieur Cristal45.

En , il est nommé gérant et dirige l’une des plus grosses négociations de l’année (le rachat par Nestlé d’une filiale de Pfizer). Cette transaction, évaluée à plus de neuf milliards d’euros, lui permet de devenir millionnaire15,48. François Henrot dira de lui qu’« il aurait été, s’il était resté dans le métier, un des meilleurs en France, sans doute même en Europe »47. Entre décembre 2010, date de sa nomination comme associé-gérant, et mai 2012, celle de son arrivée à l’Élysée, Emmanuel Macron indique avoir gagné 2 millions d’euros brut54. Selon ses déclarations de revenus et de patrimoine faites à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, il a gagné plus de 2 800 000 euros bruts entre 2009 et 2013.

Carrière et parcours politique d’Emmanuel Macron

Débuts militants

Il commence à militer au Mouvement des citoyens (MDC) pendant près de deux ans54,55, mais son adhésion à ce parti n’est pas établie55. Alors à Sciences Po, il effectue un stage au cabinet de Georges Sarre, maire du 11e arrondissement de Paris et proche de Jean-Pierre Chevènement56. Il vote pour ce dernier au premier tour de l’élection présidentielle de 200255. Il explique : « Autant la deuxième gauche m’a inspiré sur le social, autant je considère que son rapport à l’État reste très complexé. Je me suis toujours interrogé sur le rôle de l’État, et c’est pour cette raison que je me tourne, plus jeune, vers Jean-Pierre Chevènement »55. À la suite du , il considère que l’échec de Lionel Jospin et du Parti socialiste (PS) s’explique notamment par l’incapacité de la gauche à tenir un discours de fermeté sur les questions de sécurité55.

Membre du PS à partir de l’âge de 24 ans, il y est actif, c’est-à-dire à jour de sa cotisation, de 2006 à 200915,57,58,n 2. Il collabore également avec la fondation Jean-Jaurès à partir de 200657.

Il rencontre François Hollande en 2006, par l’intermédiaire de Jean-Pierre Jouyet, et s’engage à ses côtés à partir de 201015. Lors de l’élection présidentielle de 2007, il fait partie du groupe les Gracques, composé d’anciens patrons et de hauts fonctionnaires, qui appelle à une alliance entre Ségolène Royal et François Bayrou59,60. Il essaie ensuite d’obtenir du PS une investiture aux élections législatives qui suivent en Picardie61. Cependant, les socialistes de Picardie refusant de le choisir, il n’est pas candidat61. Cet échec, associé à la victoire de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2007, l’encourage à donner un nouveau tournant à sa carrière61. En 2007, alors qu’il est soutenu par une grande partie des commerçants du Touquet-Paris-Plage, il renonce à se présenter aux élections municipales, refusant de s’encarter à l’UMP62. Il indique avoir « décliné une offre au cabinet Woerth en 2007 » car « cela n’était pas conforme à [ses] opinions »63. En 2010, il décline la proposition, portée par Antoine Gosset-Grainville et validée par le palais de l’Élysée, de devenir le directeur de cabinet adjoint du Premier ministre, François Fillon64.

Il soutient François Hollande lors de la primaire présidentielle socialiste de 20115 et ce avant l’affaire du Sofitel, alors que Dominique Strauss-Kahn était en tête des sondages65. De juillet à décembre 2011, il anime un cénacle d’experts et d’économistes, le groupe de la Rotonde, composé des économistes Philippe Aghion, Gilbert Cette et Élie Cohen, qui fait un rapport tous les 15 jours au candidat8,66. Ce groupe prône « un véritable choc de compétitivité », idée que Michel Sapin, chargé du projet présidentiel, ne retient pas17.

Secrétaire général adjoint de la présidence de la République (2012-2014)

Le , ayant réintégré la fonction publique, Emmanuel Macron devient secrétaire général adjoint de l’Élysée en tandem avec Nicolas Revel67,68. Il seconde le nouveau secrétaire général, Pierre-René Lemas.

Nicolas Prissette relève que « dès les premières semaines du quinquennat, le secrétaire général adjoint de 34 ans retient l’attention du microcosme : jeune, sémillant, atypique, pas très à gauche… Les journaux lui consacrent des articles. On s’intéresse davantage à ce personnage qu’au secrétaire général Pierre-René Lemas, qui occupe pourtant le poste clé parmi tous les autres, au cœur du pouvoir »69.

Dès l’été 2012, « l’ancienne cellule économique [de l’Élysée], dont Macron est désormais le plus haut gradé, concocte un plan choc : le passage temporaire aux 37 heures, jusqu’à la fin 2014, avec un bilan prévu pour voir si les Français peuvent repasser aux 35 heures, et la concentration des hausses d’impôts sur les plus hauts revenus. Le secrétaire général adjoint plaide dans le même temps pour un maintien de la défiscalisation des heures supplémentaires ». Ces propositions sont déclinées par François Hollande70. Emmanuel Macron est notamment l’un des artisans71,72, voire à l’origine73 du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi et du pacte de responsabilité et de solidarité74. Concernant ce dernier, il s’oppose à Nicolas Revel, chargé des questions sociales et « dont la fibre socialiste est plus affirmée », sur l’opportunité d’inscrire le projet dans le collectif budgétaire voté avant l’été 201475. Il contribue par ailleurs au choix de l’Élysée de ne pas légiférer sur les salaires des patrons et de privilégier un code de bonne conduite76. Il confie avoir songé à quitter son poste « à l’automne 2013 […] car notre réforme des retraites n’était pas à la hauteur de ce qu’on devait faire59. » Il apparait dans la liste des invités à la réunion du groupe Bilderberg de 2014 77 en sa qualité de secrétaire général adjoint de la présidence de la République.

Intermède (été 2014)

Le , l’Élysée annonce qu’il quitte le cabinet de François Hollande et que Laurence Boone reprend les dossiers économiques et financiers. Son titre et rang protocolaire de secrétaire général adjoint de l’Élysée n’est en revanche pas conféré à celle-ci, qui ne reprend que le titre de chef du pôle économie et finance78,79. Les observateurs expliquent son départ par ses déceptions de ne pas entrer dans le premier gouvernement de Manuel Valls et de ne pas obtenir gain de cause sur l’approfondissement des réformes engagées par le gouvernement75, ou encore par l’arrivée comme secrétaire général de Jean-Pierre Jouyet, « beaucoup plus au fait des questions économiques et financières, mais aussi des questions européennes, que ne l’était son prédécesseur Pierre-René Lemas »80,36. Alors qu’il espérait récupérer le poste de secrétaire général, il est également déçu de la décision de François Hollande de nommer ce dernier à la tête de la Caisse des dépôts et consignations36.

Jouyet indique qu’Emmanuel Macron quitte le cabinet de la présidence « pour mener des projets personnels dans les domaines de l’enseignement et de la recherche »81. Il cherche, selon les sources, à créer une société de conseil financier82,36, « une sorte de TOEFL multidisciplinaire pour évaluer les élèves »83 ou « un fonds d’investissement pour financer des projets innovants, notamment dans le domaine de l’éducation »36. Il décroche un poste universitaire à l’université de Berlin au début de l’été 2014 et obtient, avec l’aide d’Alain Minc, le titre de Senior Research fellow (en) en économie politique à la London School of Economics pour y devenir maître de conférence en policy-mix européen ; il a également cherché, par l’intermédiaire de Philippe Aghion, à décrocher un poste à l’université Harvard36,17.

Une candidature lui est proposée dans sa ville natale d’Amiens lors des élections municipales de 2014 mais il refuse l’offre 33. Alors que Manuel Valls propose à François Hollande, à l’issue de ces élections, de lui confier le ministère du Budget dans son premier gouvernement 17,80, le président de la République écarte cette idée en raison de cette absence de mandat électoral 33,75,80.

Ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique (2014-2016)

Emmanuel Macron lors de la passation de pouvoir au ministère de l’Économie.

Le , il est nommé ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique dans le gouvernement Valls II en remplacement d’Arnaud Montebourg 84, dont il conserve la moitié du cabinet83. Plusieurs personnalités ont été envisagées avant lui : Bertrand Delanoë, Louis Gallois, Gérard Collomb ou encore Pascal Lamy ; il est suggéré par Jean-Pierre Jouyet36. Alors inconnu du grand public85,86, il devient le plus jeune ministre de l’Économie depuis Valéry Giscard d’Estaing dans le premier gouvernement de Georges Pompidou en 196287. Il est qualifié par certains médias et acteurs politiques d’« anti-Montebourg »88,89 et de « symbole » d’un virage social-libéral de l’exécutif90,91,92,93. La passation de pouvoir entre les ministres a lieu le au ministère de Bercy94. Il a pour directeur de cabinet Alexis Kohler, qui fut directeur de cabinet adjoint de Pierre Moscovici de juin 2012 à mars 2014, quand celui-ci était ministre de l’Économie et des Finances95. Plusieurs de ses « lieutenants » sont « issus des réseaux DSK, ce ministre-star qui brillait à Bercy : Cédric O, Benjamin Griveaux, Stanislas Guerini… »96

Prenant la suite du projet de « loi sur la croissance et le pouvoir d’achat » porté par Arnaud Montebourg, qui se donnait pour objectif de « restituer 6 milliards d’euros de pouvoir d’achat » aux Français97, il présente au mois de décembre 2014 au Conseil des ministres, le projet de loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques, aussi appelé « loi Macron », qui a pour objectif de « déverrouiller l’économie française » en modifiant notamment la réglementation concernant le travail le dimanche, les professions réglementées, les transports et le permis de conduire, l’ouverture du marché autocar98 et la vie des entreprises et des salariés. Par peur de ne pas trouver de majorité sur ce texte, le gouvernement Valls II décide de ne pas faire voter cette réforme auprès des parlementaires et d’utiliser l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, pour la faire adopter99. Après son adoption le 10 juillet et une saisine du Conseil constitutionnel par l’opposition100, la loi est promulguée le 6 août 2015101.

L’OCDE estime que les mesures d’Emmanuel Macron généreront une hausse du PIB « de 0,3 % à un horizon de cinq ans et de 0,4 % à un horizon de 10 ans »102. À l’été 2016, Ludovic Subran, chef économiste de l’assureur Euler Hermes, estime à seulement un « demi-dixième de point » (soit 0,05 %) l’apport de la loi Macron à la croissance de la France103. Elle a pour mesure phare la libéralisation du marché des autocars longue distance, dits « autocars Macron »104,105.

D’après le journaliste Marc Endeweld, « les Français l’ont vraiment découvert à la télévision en mars 2015 », lors de son passage dans l’émission Des paroles et des actes36,106. En avril 2015, Le Monde estime qu’à travers ses prises de parole, Emmanuel Macron « assume désormais son social-libéralisme en pleine lumière, même si son cabinet réfute tout changement d’attitude ou de discours »107. Fin 2015, il hésite à quitter le gouvernement en raison du projet de réforme sur la déchéance de la nationalité, avec lequel il exprime son désaccord ; il y renonce car celui-ci « ne fait pas partie de [son] périmètre ministériel »108.

En janvier 2016, il dépose à l’Élysée et à Matignon un projet de loi, dit « Macron 2 » ou « nouvelles opportunités économiques » (NOÉ), qui est annulé par un arbitrage de l’exécutif109,103,110. Manuel Valls s’oppose tout particulièrement à ce qu’il présente ce nouveau projet de loi, dont le contenu est confié à d’autres ministères109. En février 2016, dans le cadre d’une réunion au palais de l’Élysée visant à arbitrer le contenu du projet de loi El Khomri, il accepte de s’effacer au profit de la ministre du Travail, à condition que le projet de loi comprenne deux dispositions qu’il avait prévu d’inclure dans le sien : la réécriture du licenciement économique et le plafonnement des indemnités prud’homales. Si Myriam El Khomri proteste et obtient alors gain de cause selon plusieurs témoignages, ces mesures sont finalement intégrées peu après dans le texte110,109. Dans le même temps, il est rétrogradé dans l’ordre protocolaire du gouvernement à l’occasion du remaniement réduit de février 2016111.

Le , à Amiens, il fonde le mouvement politique « En marche ! », qu’il veut « transpartisan » et qu’il définit comme étant à la fois de droite et de gauche112,113. Avec cette initiative, il assume pour la première fois son ambition de se présenter à une élection présidentielle114. Plusieurs députés lui apportent alors leur soutien115. Ce lancement fait l’objet d’une forte couverture médiatique116. Il s’accompagne de tensions avec François Hollande sur la question de la loyauté d’Emmanuel Macron à son égard113, et d’une dégradation de ses relations avec le Premier ministre Manuel Valls117. Emmanuel Macron entretient également de mauvais rapports avec Michel Sapin, ministre des Finances et des Comptes publics17,83,118, mais aussi avec les secrétaires d’État Axelle Lemaire (numérique), dont il a la tutelle, et Christian Eckert (Budget)119. Bénéficiant alors d’une très bonne image dans l’opinion, il voit celle-ci se dégrader en juin 2016, après une altercation filmée avec des syndicalistes120. Plusieurs journaux (L’Express, Les Échos, Le 1, L’Opinion) soutiennent plus ou moins ouvertement son action18 ; il est également un ami d’Éric Le Boucher, cofondateur et éditorialiste de Slate121. La presse lui consacre de nombreuses unes122, et la presse people obtient de très bonnes ventes en lui consacrant ses gros titres123. Certains observateurs évoquent ainsi la « macronite », désignant une attitude démesurément bienveillante à l’égard d’Emmanuel Macron, dont seraient atteintes la presse, voire l’opinion publique124,125,126. D’autres acteurs, issus de la gauche radicale (Jean-Luc Mélenchon, François Ruffin), utilisent le terme pour dénoncer son positionnement politique et son influence au sein de la gauche127,128,129.

Le 8 mai 2016, invité par la municipalité, il préside les Fêtes johanniques à Orléans, succédant ainsi à la journaliste Audrey Pulvar, qui avait elle aussi présidé la partie civile et purement laïque de ces Fêtes (le 8 mai 2015)130.

Son départ du gouvernement est pressenti à plusieurs reprises par la presse à partir de l’été 2015131. Il envisage de démissionner en janvier 2016, après l’annulation de son nouveau projet de loi109, puis après le meeting qu’il organise le 12 juillet 2016, au lendemain duquel Manuel Valls demande son renvoi à François Hollande132 ; il se voit alors contraint de repousser l’échéance en raison de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice et de l’attentat de l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray133,132,134. Lors de son entretien du , François Hollande déclare qu’Emmanuel Macron est tenu à la « solidarité » gouvernementale et à la nécessité de « servir jusqu’au bout » sans « démarche personnelle et encore moins présidentielle »131.

Il devient, en août 2016, le premier ministre d’un gouvernement socialiste à se rendre au Puy du Fou où il déclare qu’il n’est « pas socialiste ». Libération y voit « l’occasion de rester dans les bonnes grâces d’un public réputé plus catholique que la moyenne. Façon de prendre date, si d’aventure le leader d’En marche devait affronter François Bayrou sur la route de l’Elysée »135.

Le 30 août 2016, il démissionne de sa fonction de ministre de l’Économie136,137 pour se consacrer à son mouvement politique, « En marche ! »138,139 Il est remplacé par Michel Sapin, qui se voit attribuer cette fonction en plus de celle de ministre des Finances qu’il exerçait déjà136,140. François Hollande déclare alors qu’Emmanuel Macron l’a « trahi avec méthode »141,n 3. Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron déplore le fait que le gouvernement ait « fait beaucoup de choses à moitié », contrairement à ce qu’il préconisait142. D’après un sondage de l’Ifop, 84 % des Français approuvent alors le choix d’Emmanuel Macron de quitter ses fonctions ministérielles143.

Sous son action, le produit intérieur brut connaît des variations irrégulières, tandis que près de 91 000 nouveaux demandeurs d’emploi de catégorie A ont été enregistrés entre son arrivée et son départ du gouvernement103.

 

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