Portabilité des numéros de la téléphonie mobile : Asutic fait un constat d’échec

L’Association des utilisateurs des technologies de l’information et de la communication (Asutic) fait un constat d’échec de la portabilité des numéros de téléphone dont la mise en œuvre vient de boucler une année au Sénégal.

1er septembre 2015-1er septembre 2016. Voilà un an que l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp), en collaboration avec les opérateurs de téléphonie, procédait au lancement de la portabilité des numéros de la téléphonie mobile. Cette décision a été prise «pour permettre aux utilisateurs d’accéder à une meilleure qualité de services mais surtout bénéficier d’une baisse des tarifs des opérateurs». Mais aux yeux des membres de l’Association des utilisateurs des technologies de l’information et de la communication (Asutic), la mise en œuvre de cette innovation reste pour le moment un échec. Ndiaga Guèye, président de l’Asutic explique : «le chemin à parcourir reste entier, car les données manquent pour évaluer le service par rapport aux objectifs déclarés par l’Artp, lors de son lancement, le 1er septembre 2015. Tout au plus, les chiffres avancés par le régulateur lors d’un séminaire à Saly, 3183 portages sur 15 millions d’abonnés, étaient déjà en décembre 2015, les signes précurseurs d’un échec. Ainsi on comprend son silence total sur l’impact de la portabilité sur le marché des télécoms. Dans aucun de ses rapports trimestriels, l’Artp n’a donné d’indicateurs ni sur le nombre de personnes qui ont utilisé le service, ni sur l’amélioration de la qualité du service, encore moins sur l’évolution vers la baisse des tarifs des opérateurs». En outre note l’organisation de défense des utilisateurs des Tic dans un communiqué, «il y a une absence totale de communication sur ce nouveau service, juste quelques affiches à Dakar et spots à la télévision, le Sénégal des profondeurs est oublié par l’Artp. La conséquence est que la majorité des Sénégalais ne sait même pas que le service existe, ou si elle est au courant, n’en comprend pas le fonctionnement». Ainsi rappelle l’association, «un service n’est utile que si les destinataires sont au courant de son existence. Aussi une campagne de communication doit-elle être déroulée sur la portabilité sur toute l’étendue du territoire national et dans les langues locales les plus parlées».

«Absence de communication»

En septembre 2015, l‘Asutic exprimait déjà des réserves sur les bénéfices de la portabilité au Sénégal pour les utilisateurs. Elle estimait que les conditions de succès d’un tel service n’étaient pas encore réunies, compte tenu des caractéristiques actuelles du marché du mobile. Ce dernier est un oligopole peu concurrentiel, dominé par un opérateur puissant. En plus, il y a presque exclusivement que du prépayé dans un environnement marqué par une floraison de téléphones double SIM. Malgré tous ces facteurs qui pouvaient être des causes d’échec, selon Ndiaga Guèye, la portabilité aurait pu avoir des chances de succès si dans sa mise en œuvre, l’Artp avait exigé des opérateurs un dispositif de signal sonore permettant d’identifier chaque opérateur, gage de transparence des tarifs. En effet, explique-t-il, «avec la portabilité, sans un signal sonore pour chaque opérateur, les tarifs appliqués pour un appel ne peuvent être connus à l’avance. Lorsque quelqu’un téléphone de son portable vers un autre appareil mobile, il lui est impossible de savoir s’il appelle sur un numéro dans le même réseau ou dans un autre du fait que l’appelé peut avoir transféré son numéro de l’opérateur d’origine, généralement identifiable par le préfixe, vers un autre opérateur. Ainsi les Sénégalais sont dans un flou total à cause de ce manquement dans la mise en œuvre du service de portabilité au Sénégal. Et depuis le 1er septembre 2015, les Sénégalais ignorent le réseau de leur correspondant quand ils placent un appel». Face à cette situation, l’Asutic exige de l’Artp la mise en place d’un signal sonore pour chaque opérateur.


LeQuotidien

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