Polémiques préélectorales, le Sénégal de la « Politique » à l’épreuve ! Par Yéro GUISSE

C’est presque devenu une coutume au Sénégal, les périodes préélectorales font l’objet de polémiques et de controverses portant soit sur notre Constitution (loi fondamentale) ou sur le processus électoral (code électoral, fichier électoral, organisation des élections…)

Six (6) ans après la fameuse controverse sur le mandat présidentiel et le fameux projet du ticket présidentiel occasionnant un « 23 juin » historique, la scène politique sénégalaise est aujourd’hui secouée par une nouvelle polémique sur le parrainage. Comme en 2012, l’assemblée nationale sera une nouvelle fois solliciter pour voter un projet de loi (Parrainage) qui déterminera l’avenir de certains candidats à la prochaine élection présidentielle.

Les faits et le contexte rappellent de mauvais souvenirs avec notamment cette douloureuse matinée du 23 juin 2011 où le Peuple sénégalais uni comme un seul homme avait dit NON au projet de « Ticket Présidentiel ». En effet, l’ancien Président Abdoulaye Wade, dans sa volonté farouche de se maintenir au pouvoir avait demandé à « ses députés » d’adopter son projet de réforme constitutionnelle d’un “ticket présidentiel” comprenant un Président et un Vice-président susceptibles d’être élu au premier tour avec seulement 25% des suffrages exprimés. Grâce à la détermination du Peuple Sénégal, ce fameux projet (proposé en urgence à l’assemblée nationale) avait été  retiré en toute urgence. Ce jour mémorable marquait un éland’une « révolution citoyenne » avec notamment l’engagement de la jeunesse incarnée par le mouvement « Yen a marre » et une société civile déterminée qui a su mettre en place le « Mouvement du 23 juin » dont la ligne directrice était de défendre la Charte Fondamentale et de promouvoir les valeurs démocratiques.

A l’approche de l’électionprésidentielle, l’assemblée nationale incarnée par la 13ème Législature aura la lourde responsabilité de voter un nouveau projet de loi portant cette fois-ci modification de la loi électorale. En effet, c’est à l’issue du Conseil des Ministre du 19 mars que le Président Macky Sall a manifesté sa volonté d’instaurer le parrainage pour la prochaine présidentielle. Ainsi selon le principe du parrainage : « pour être candidat à la magistrature suprême, il faut se faire parrainer par au moins 1% des électeurs inscrits dans 7 régions, à raison de 2000 signatures par localité minimum. Si l’on se considère l’actuel fichier électoral avec ses 6,5 millions inscrits, tout candidat devra réunir 65 mille parrains pour pouvoir participer à l’élection ». Les motifs avancés par le camp présidentiel étaient notamment basés sur les propositions des concertations sur le processus électoral dont le rapport a été déposé sur la table du Président de la République. A noter au cours des concertations sur ledit processus, la question du parrainage opposait les différents partis politiques et l’opposition avait rejeté formellement la restauration du parrainage.

L’opinion nationale reste ainsi divisée sur la question. Si pour certains le parrainage peut contribuer à un meilleur choix des candidats, pour d’autres c’est une violation de la constitution. Aujourd’hui  l’opposition a fini de rejeter ce projet de loi et certains promettent au régime du Président Sall un « 22 juin Bis » si une fois le projet passe à l’assemblée nationale. Tous ces débats suscitent des interrogations au niveau de l’opinion : Pourquoi toutes ces polémiques en périodes préélectorales ? Pourquoi vouloir toujours changer les règles du jeu à l’approche des élections ? A quand la vraie rupture ?

Quoi qu’il en soit le « Sénégal de la politique » est plus que jamais réel. Les polémiques, les controverses, les manipulations et autres calculs politiciens prouvent à tel point que notre système est malade. Le pouvoir (opposition d’hier) défend et applique les pratiques longtemps combattues et l’opposition (dirigeants d’hier) critique les pratiques qu’elle défendait jadis. Face aux incohérences de notre classe politique et à la promotion de « l’intérêt personnel » au détriment de « l’intérêt général », le peuple sénégalais aura fort à faire pour désigner le meilleur candidat  au soir du 24 février 2019.

Yero Guissé

Mails : yeromamadouguisse@gmail.com / yero.guisse@yeroguisse.org

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