Perspectives pour l’économie mondiale : Afrique subsaharienne, le vent tourne-t-il ?

La Banque mondiale a indiqué aujourd’hui que, malgré son tassement récent, la croissance économique mondiale restera solide en 2018, à 3,1 %, avant de se modérer progressivement sur les deux années suivantes, sur fond de ralentissement de l’activité dans les économies avancées et de stabilisation de la reprise dans les principaux pays émergents et en développement exportateurs de produits de base.

Tendances récentes : L’Afrique subsaharienne continue d’enregistrer une reprise économique modeste soutenue par une augmentation de la production de pétrole et de métaux, elle-même stimulée par la hausse des prix des produits de base, sous l’effet de l’amélioration des conditions agricoles et de l’accroissement de la demande intérieure.

Plusieurs pays, dont le Ghana, le Kenya et le Nigéria, ont connu une reprise des activités manufacturières, tandis que l’engagement renouvelé des pouvoirs publics en faveur de réformes du cadre macroéconomique et de dispositif de gouvernance renforce la confiance des investisseurs et des consommateurs en Angola, en Afrique du Sud et au Zimbabwe.

Ailleurs, notamment au Kenya et en Gambie, les dépenses de consommation augmentent, à la faveur d’une inflation faible et d’un rebond des envois de fonds. Les déficits des comptes courants sont en train de se résorber dans les pays exportateurs de pétrole, mais ils se creusent dans d’autres où la croissance des importations est forte en raison d’investissements publics importants. Alors que l’inflation baisse dans de nombreux pays, notamment au Kenya, au Mozambique et en Ouganda, elle s’établit à deux chiffres dans plusieurs autres, y compris en Angola, au Nigéria et au Soudan.

Les déficits budgétaires se sont réduits dans les pays exportateurs de pétrole, mais ils se sont accrus dans les pays exportateurs de métaux, et de gros déficits budgétaires entraînent des niveaux d’endettement élevés dans la région. Les pays d’Afrique subsaharienne sont en train de délaisser les traditionnelles sources bilatérales et multilatérales d’emprunt pour recourir à des émissions obligataires et à des créanciers non membres du Club de Paris, d’où des coûts de service de la dette plus élevés et des vulnérabilités croissantes de certains pays sur le plan de la dette.

Perspectives : La croissance dans la région devrait atteindre 3,1 % en 2018 et 3,5 % en 2019, contre 2,6 % en 2017, la reprise se renforçant progressivement dans les plus grandes économies. Le Nigéria devrait enregistrer une croissance modérée de 2,1 % au cours de cette année, car l’activité demeure atone dans le secteur industriel non pétrolier en raison du faible niveau d’investissement.

L’Angola devrait afficher une croissance de 1,7 % cette année et de 2,2 % l’année prochaine, aidée en cela par une disponibilité accrue de devises, la hausse de la production de gaz naturel et un regain d’optimisme de la part des entreprises.

La croissance en Afrique du Sud devrait s’établir à 1,4 % en 2018 et à 1,8 % en 2019, une reprise de la confiance des entreprises et des consommateurs soutenant une croissance plus forte des dépenses d’investissement et de consommation.

La hausse de la production minière et la stabilité des prix des métaux devraient stimuler l’activité en République démocratique du Congo, qui afficher une croissance de 3,8 % en 2018 et 4,1 % en 2019, et en Zambie où la croissance devrait s’établir à 4,1 % cette année et à 4,5 % l’année prochaine.

La croissance au Ghana devrait ralentir, ramenée de 6,9 % en 2018 à 6,7 % en 2019, à mesure que les effets de la forte production de pétrole se dissipent.

L’activité économique devrait rester soutenue dans les économies à faible intensité de ressources naturelles, telles que la Côte d’Ivoire et l’Éthiopie, soutenue par l’amélioration des conditions agricoles, l’investissement dans les infrastructures et la demande des ménages. Certes le revenu par habitant dans la région passera au vert, mais il demeure inférieur à la moyenne à long terme ainsi qu’à la moyenne des économies émergentes et en développement, ce qui souligne la nécessité de prendre des mesures pour stimuler la croissance potentielle. Une accélération soutenue de la croissance du revenu par habitant est nécessaire pour progresser dans la réduction de la pauvreté dans la région.

Risques : Les risques d’assombrissement des perspectives demeurent prépondérants. Un resserrement plus rapide que prévu de la politique monétaire dans les économies avancées pourrait refréner l’appétence des investisseurs pour des actifs à plus haut risque sur les marchés pionniers. Une chute des prix des matières premières aurait un impact néfaste sur la région.

Si les transitions politiques dans plusieurs pays – Afrique du Sud, Angola et Zimbabwe – ouvrent des perspectives de réformes, elles présentent aussi le risque d’affaiblir les réformes déjà engagées. Les risques liés à la viabilité de la dette sont également importants.

L’épidémie d’Ebola pourrait ralentir la croissance en République démocratique du Congo et dans la sous région si elle se propage plus rapidement que prévu dans les grands centres urbains et dans les pays voisins. Le retour de la sécheresse constitue un autre risque important d’assombrissement des perspectives régionales et pourrait gravement perturber la reprise économique.

 

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