Ousmane Sonko, le quatrième fils de Wade

« Nous étions trois, les trois fils de Wade, ainsi que la presse nous avait baptisés. Il y avait Idrissa Seck, le fils pressé, Karim Wade, le fils adoré, et puis moi, le fils discret ». Ainsi Macky s’exprimait-il à la page 70 de son ouvrage le Sénégal au cœur. Wade alors, semblait avoir assez de cœur pour chérir trois fils. Seulement, à 90 ans passés, le muscle aimant du pape garde toujours de sa vitalité, et ne se lasse d’aimer. Un fils ? Oui, un quatrième fils est né dans son cœur. Et, « à tout seigneur, tout honneur » : baptisons-le alors !

Ousmane Sonko ! Ce nom a fini de faire saliver plus d’une bouche. Il a fini de pénétrer toutes les oreilles. Mais, lorsqu’il est prêché par le pape du Sopi, le nom revêt une autre aura ! Et, c’est cette bénédiction qui vient auréoler le nom déjà honoré de l’ancien inspecteur des domaines. Wade l’a adopté. Il l’a sanctifié.

Aux yeux des jeunes, Sonko incarne la rupture, l’alternance générationnelle, tellement son discours est différent et novateur. Pour la classe intellectuelle, c’est un visionnaire éclairé, tel qu’en témoigne sa lucidité et sa capacité à décliner sa pensée politique dans un livre : « Solutions ». Aujourd’hui, c’est l’éternel capitaine du navire bleu-jaune qui semble faire cap sur lui. Sonko alors, nommons-le : c’est le fils béni.

Maître Wade est allé à la rencontre de ce quatrième fils. Le leader du Pastef, sur les antennes de la TFM confiera que le Père lui donne carte blanche pour venir se recueillir à sa cathédrale, de nuit comme de jour. L’ancien président, en cela, lui fait preuve d’une grande générosité. Mais, qu’en est-il de la Réalpolitique dans tout cela ?

Après 26 ans dans le désert de l’opposition, 12 ans dans le confort du palais, et 7 ans de retraite, il est évident que Me Wade Abdoulaye Wade est devenu une encyclopédie ambulante de L’art de la guerre. Est-ce donc par charité qu’il manifeste de la sympathie pour Sonko ? Ce dernier, certes, a dit que la question de la coalition n’est pas à l’ordre du jour, mais…

Quoi qu’il en soit, l’actuel président Macky Sall, anciennement fils discret de Wade, faisait savoir, toujours dans son ouvrage : « Karim avait pour lui les liens du sang, ce sont les plus forts ». En effet, le fils pressé qu’était Idy a été déshérité, de même que Macky. Des fils cependant, seul celui sanguin n’a subi les foudres du père.

Des questions alors s’imposent : Sonko, ce bel Icare aux ailes d’or, ne vole-t-il pas trop près du soleil en se laissant adopter par Me Wade ? Ne court-il pas le danger d’être désavoué par cette masse de jeunes et d’intellectuels qui lui était acquise en se frottant à celui-là que la volonté populaire avait banni du palais présidentiel en 2012? A l’évidence, seul le temps semble détenir la clé de ce mystère qui englobe la rencontre Wade-Sonko. Laissons-le suivre son cours normal…

 

♦ Moussa Seck – laviesenegalaise.com

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