Ni le PSE, ni le président Sall, ni vous, ni moi ne pourront développer le Sénégal! Par Mohamed Dia, Consultant bancaire

« Un homme, si opprimé soit-il, trouve un être à opprimer : sa femme ! » Sankara.

7 000 projets pour 14 098 milliards de Fcfa sont prévus pour la seconde phase du PSE de 2019 à 2024. Le gouvernement a déjà reçu la promesse de 8 065 milliards de Fcfa des bailleurs de fonds du groupe consultatif de Paris. Des dizaines de milliards ont été dépensés durant le septennat de Macky Sall et d’autres dizaines de milliards seront dépensés durant le quinquennat. Ces milliards pourront changer un peu la facette du Sénégal et créer quelques riches, mais l’émergence du Sénégal ne sera possible que par la libération de la femme.
 
Croissance démographique
 
Au Sénégal, le taux de fécondité est de 4,77 enfants par femme pour une population de plus de 15 000 000% 20000%20000 . Le taux de pauvreté est de 47 % et de plus de 60 % en milieu rural. Nous allons emprunter la théorie des malthusiens et néomalthusiens, selon laquelle, une population qui s’accroît d’une manière exponentielle, ne pourra jamais se développer. Le Sénégal a déjà dépassé le seuil de la population optimale. La population doit être consciente qu’en ne freinant pas cette croissance, il sera impossible de trouver les ressources nécessaires pour toute la population. Tant que la croissance démographique est plus rapide que le développement économique, il sera impossible de faire les investissements nécessaires dans notre capital humain pour éduquer la population et stimuler la croissance économique. Le capital humain dépend largement des investissements dans l’éducation et la santé. Ces investissements auront l’air dérisoires, car nous nous multiplions plus vite que l’Etat puisse créer les ressources nécessaires.
 
Santé
 
On dit souvent que pauvreté et mauvaise santé vont de pair. La question principale est de savoir si nous sommes en mauvaise santé parce que nous sommes pauvres ou si nous sommes pauvres parce que nous sommes en mauvaise santé ? Malgré la couverture maladie universelle mise en place et qui a augmenté le taux de couverture de 21 % en 2012 à 49 % en 2017, le Sénégal fait toujours face à de nombreux défis sanitaires. Certes, les pays riches ont leurs défis liés à une population vieillissante, mais les pays pauvres comme le nôtre font face à des besoins sanitaires fondamentaux. Le budget de la santé au Sénégal est en deçà des normes de l’OMS, mais cela est dû à une démographie croissante. Malgré toutes les réalisations de l’Etat dans le domaine de la santé, le taux de mortalité maternelle est de 320 pour 100 000 naissances. À noter aussi que seulement 53 % des naissances sont faites en présence de personnes de santé qualifiées. L’Etat met souvent en valeur la construction de nouvelles infrastructures sanitaires, cependant le mal est plus profond que cela. Il faut que la population et surtout les filles soient éduquées pour mettre fin à certaines croyances. Par exemple dans certains pays, la coutume est pour la femme d’accoucher seule avec Dieu, tandis que dans d’autres pays, il s’agit pour la femme d’accoucher seule et en silence. L’éducation et surtout l’éducation de la femme est la clé pour sortir de la pauvreté avant de pouvoir parler d’émergence. 
 
Éducation
 
Le système éducatif enregistre un taux brut de scolarisation de plus de 90 % avec un taux d’analphabétisation de plus de 55 %. Cela veut dire que ceux qui sont en âge d’aller à l’école y vont, mais que l’éducation est de très mauvaise qualité. Si en 2018, le Sénégal disposait toujours de milliers d’abris provisoires, cela montre que la démographie croissante est plus rapide que les moyens de l’Etat pour la mise en place des infrastructures nécessaires. Malgré un taux de scolarisation très élevé, nous assistons aussi à un taux d’abandon très élevé. Selon l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie, le salaire moyen mensuel est de 107 074 pour les hommes contre 68 078 pour les femmes. Avec un tel salaire, pensons-nous que les chefs de famille pourront prendre en charge tous leurs enfants ? Malheureusement dans le milieu rural, et même dans le milieu urbain, les filles sont sacrifiées aux dépens des garçons. 
 
Now What ?
 
Nous devons d’abord être conscients que nous sommes un pays pauvre avant de parler d’émergence. Nous devons ensuite accepter de freiner cette croissance démographique qui est synonyme de pauvreté, de faibles taux d’éducation et des taux de mortalité maternelle et infantile élevés. Quand on a une famille plus petite, il sera plus facile pour les chefs de famille d’investir dans la santé et l’éducation des enfants. Cela leur permettra aussi d’épargner pour que les banques puissent prêter aux PME et ces dernières de combattre le chômage ainsi que la pauvreté. Cela permettra aussi aux dépenses de l’Etat dans les secteurs de l’éducation et de la santé de se faire sentir. Certains diront que le taux de fécondité au Sénégal a drastiquement baissé, or tel n’est pas le cas. Durant les deux dernières décennies, ce taux n’a baissé que d’un point. Certes, les enfants représentent une richesse et une main d’œuvre, mais à quoi sert cette main d’œuvre qui n’est pas en bonne santé, encore moins éduquée, si ce n’est qu’augmenter la misère ? D’autres diront qu’avec une augmentation de la population, il y aura forcément une hausse de la consommation, malheureusement tel n’est pas le cas dans nos pays pauvres. Pour éradiquer la pauvreté au Sénégal, il faut impérativement freiner la croissance démographique. Il faut mettre les moyens contraceptifs disponibles et accessibles à tous. L’éducation sexuelle doit faire partie du curriculum scolaire pour que les femmes puissent décider librement.
 
La scolarisation des filles est impérative pour qu’une fois qu’elles deviennent des femmes, qu’elles puissent baisser le taux de fécondité. Une femme instruite qui arrive à s’entretenir a plus de chance de faire moins d’enfants qu’une femme non instruite. Sankara disait qu’il n’y a pas de révolution sociale véritable que lorsque la femme est libérée. N’oublions pas que le décollage de la Chine a vu le jour quand elle a instauré le contrôle des naissances. Avec près de 94 % de sa population étant musulmane et près de 99 % de sa population étant religieuse, le Sénégal sera-t-il prêt à freiner sa croissance démographique ? Les chefs religieux, accepteront-ils de jouer le rôle de facilitateur dans ce combat qui nous sortira de la pauvreté ? Si la contraception est autorisée en cas de maladie en islam, alors ne pensez-vous pas qu’elle soit autorisée en cas de pauvreté ? La pauvreté et la maladie sont très similaires. Certains viendront avec des versets coraniques et des hadiths, cependant, en islam, peut-on choisir de suivre certaines règles et d’en ignorer d’autres ? 
 
« La vraie émancipation de la femme, c’est celle qui responsabilise la femme » Sankara. 

 
Mohamed Dia, Consultant bancaire
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