Naufrage du bateau Le Joola : Il y a 15 ans, la plus grande catastrophe de l’histoire de la marine, s’était produite au Sénégal

Ce mardi 26 septembre, le monde et le Sénégal se souviendront du naufrage du Joola, la plus grande tragédie maritime de l’histoire. Le 26 septembre 2002 le navire assurant la liaison Ziguinchor –Dakar avait sombré aux larges des côtes gambiennes. 1863 morts avaient été officiellement recensés.

Ziguinchor lieu de départ du navire et qui a payé un lourd tribu à ce drame, affiche une grande indifférence dans les préparatifs de l’An 14 du naufrage du Joola qui sera célébré sur fond d’interpellations et de doléances des familles de victimes.

Ziguinchor, cette ville qui a pourtant payé un lourd tribu à cette tragédie maritime du 26 septembre 2002 avec le naufrage du bateau Le Joola, rien ne montre que dans trois jours l’on commémorera le quatorzième anniversaire de ce drame qui a coûté la vie à 1863 victimes officiellement recensées.

Seuls les responsables de l’Association des victimes du Joola s’activent. Des opérations de désherbage au cimetière de Kanténe où reposent 46 victimes du naufrage ont été menées en rapport avec l’armée et les sapeur pompiers tient à préciser Moussa Cissokho de l’Association Nationale des Familles de Victimes du Joola (ANFV JOOLA) qui accuse l’Etat de vouloir pousser les populations à l’oubli.

«Nous, familles de victimes nous n’allons jamais oublier ce naufrage même s’il fallait, seules, entre famille de victimes, célébrer cette commémoration, nous allons le faire. Pas question d’oublier cette tragédie…», lance-t-il amèrement.

Même si dans certaines familles de victimes du Joola, l’approche de cette commémoration n’a rien changé dans le quotidien, la veuve Mme Cissé chapelet à la main dit n’attendre que le 26 septembre pour se recueillir devant les tombes à kanténe et formuler des prières pour son époux victime de ce naufrage.

Dans la ville, les populations manifestent une indifférence quant à, la célébration de ce 14èmeanniversaire. Certains ne cachent pas leur surprise lorsqu’ils sont interpellés sur l’imminence de la célébration de ce 14ème anniversaire. Une image d’indifférence qui frappe Ziguinchor depuis presque 10 ans.

Seules les premières années qui ont suivi le drame ont été célébrées dans une parfaite et grande solennité empreinte de grand hommage. Les Ziguinchorois languis des épisodes ludiques, folkloriques et politiciens qui marquaient souvent les commémorations se sont vite résignées à ramener ces célébrations à leurs dimensions solennelles.

DES JOOLA QUI GUETTENT TOUJOURS
Ces commémorations sont souvent l’occasion de ramener les populations à une prise de conscience. Car, après une tragédie d’une telle ampleur, nombreux étaient ceux-là qui ont fait leur introspection sur une panoplie de comportements à adopter. Mais très vite, les populations renouent d’avec les vieilles habitudes. Surcharges dans les transports, dangers sur les routes, refus de ports de gilet de sauvetage sont autant d’attitudes qui renseignent sur l’insouciance et le manque de prise de conscience.

Ce sont des jeunes à bord des moto-Jakarta sans aucune maitrise du code de la route qui circulent dans la ville sans être inquiétés. Conséquences : des accidents sont monnaie courante dans cette ville mal éclairée, exposée à toute sorte de banditisme. Des faits sur lesquels pourtant tout le monde méditait au lendemain du naufrage.

C’est peut-être pourquoi ce 14e anniversaire est placé cette année sous le signe de la «Prévention pour des systèmes d’alerte précoce» comme évoqué par le Président de l’Association des Familles de Victimes du Joola qui propose au parlement de voter une loi à l’image des américains pour que le 26 Septembre soit décrété «Patriot day» une journée patriote pour permettre aux sénégalais de se souvenir et de commémorer cette date.

Mieux, il demande également aux sénégalais d’observer une minute de silence le 26 septembre à 9 heures.

RENFLOUEMENT DU BATEAU, ORPHELINS DU JOOLA : DES QUESTIONS QUI REVOLTENT L’ANFV
La question de la prise en charge des orphelins reste une revendication centrale du membre de l’association des familles car pour eux, la mise en place de l’office des orphelins a plus créé de problèmes qu’elle n’en a résolu, déplore Moussa Cissokho qui estime que «certains enfants n’ont pas été pris en charge par cet office des orphelins. Ils ont été laissés en rade.

Le renflouement du bateau reste un autre combat pour les responsables de l’associations». Et pour cause soutient-il, «jusque-là, c’est l’omerta total de la part de l’Etat qui n’a pas cette volonté de renflouer le bateau pour permettre à nos chers parents disparus, d’avoir une sépulture digne et de permettre à leurs parents de porter le deuil … »

S’y ajoute le classement du dossier sans suite au Sénégal et en France. De quoi soulever l’ire des responsables qui assimilent une telle situation à un «culte de l’impunité qui prévaut au Sénégal». Ils s’expliquent difficilement de telles décisions de justice.

«Il faut faire la lumière sur ce naufrage car il est inadmissible que personne ne soit responsable de 2000 morts. C’est incroyable ! Nous ne l’accepterons jamais ! Avec les familles françaises, hollandaises … nous allons faire bloc pour porter le dossier au niveau de l’Union africaine et de l’Union européenne», peste Moussa Cissokho.

Autant de questions qui poussent ainsi Moussa Cissokho et son équipe à lancer ces propos : «Depuis les engagements pris lors du conseil des ministres délocalisés à Ziguinchor par le chef de l’Etat (Macky Sall, Ndlr), rien ne bouge. C’est comme si, il nous a oublié, il nous ignore».

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