Lettre Ouverte à la famille Khalifa Sall et à tous les Sénégalais: « S’emporter contre l’arrêt divin est une injure à Dieu»

Quand la justice et la politique se mêle, la cohabitation n’est pas souvent harmonieuse, le débat aussi en est toujours houleux. L’affaire Khalifa Sall qui défraie la chronique en est une parfaite illustration. On n’a jamais autant entendu parler du maire de Dakar que ces derniers jours.

  • Par Cheikh Elkountiyou, Docteur BiologisteCheikh Elkountiyou Docteur Biologiste

La justice reproche en effet au maire de la capitale sénégalaise l’utilisation « sans justification » de 2,7 millions d’euros des caisses de la mairie, et l’a placé sous mandat de dépôt dans la nuit du 7 au 8 mars, avec cinq de ses collaborateurs.

Dans les rues, les transports ou sur les marchés, les Sénégalais se passionnent pour cette affaire qui fait aussi les choux gras de la presse. Ses avocats, l’opposition, mais aussi des représentants de la société civile dénoncent un procès politique.

Entre réduction des comptes de l’Etat pour une gestion sobre et vertueuse et l’acharnement politique pour effacer un potentiel adversaire politique les langues se diluent. Mais face à une telle situation, il ne s’agit pas seulement de dire qui a tort ou qui a raison, mais aussi il s’agit de s’avoir quel comportement adopté ?

Le quasi Retour aux enseignements de l’Islam s’impose

Mes frères et sœurs, parmi les vertus qui constituent la parure du musulman, on compte la Patience et l’Endurance à supporter les incommodités des autres pour l’amour de Dieu. La patience est la contrainte de l’âme à accepter ce qui lui répugne et à supporter avec stoïcisme, le mal qui l’atteint. Le musulman se contraint à accomplir les actes de dévotion qui le rebutent. Il s’y résigne fermement. Il se retient de commettre des péchés ou de les aborder, si ardent soit son désir de les commettre.

Dans les épreuves, il se contient sans ne s’alarmer ni s’irriter, car, disent les philosophes, s’alarmer pour un mal déjà passé est une calamité et le faire pour une future probabilité, est une absurdité. S’emporter contre l’arrêt divin est une injure à Dieu, L’UNIQUE et le TOUT-PUISSANT.

Dans les épreuves, le musulman est réconforté par le souvenir de Dieu et de la grande récompense accordée en prix à la dévotion. Il est stimulé aussi par la crainte des menaces terribles lancées contre ceux que Dieu déteste et qui Lui désobéissent. Il a présent à l’esprit également, que rien n’arrête le cours des desseins divins, que ses décrets sont équitables et irrévocables, que l’on se montre résigné ou non. Il sait que sa résignation lui procure récompense et que son emportement n’engendre que péchés.

La résignation est une vertu qu’on peut acquérir à force d’entraînement. Mais le musulman qui a besoin de son Dieu, l’implore de la lui accorder et essaie de la raffermir en lui en se souvenant des exhortations et des promesses de récompenses faites aux gens stoïques, tels que ces versets : Croyants ! Soyez constants. Rivalisez de constance ! Soyez fermes et craignez Dieu. Ainsi atteindriez-vous à la félicité. (Coran, S. 3 – La Famille d’Omran, v. 200) Que la patience et la prière soient pour vous un réconfort. (Coran, S. 2 – La Vache, v. 45) Soit patients ! Dieu t’y aidera. (Coran, S. 16 – L’Abeille, v. 127) Endure patiemment ce qui peut t’atteindre. Tout cela est le propre d’une âme résolue. (Coran, S. 31 – Loqman, v. 17) Annonce une heureuse issue aux patients, à ceux qui, frappés d’un malheur disent : « Nous appartenons à Dieu et à Lui nous ferons retour ! ». Ceux -là, auront pour lot miséricorde et bénédiction de leur Seigneur. Ils auront suivi le droit chemin. (Coran, S. 2 – La Vache, v. 156) Ceux qui auront persévéré dans notre voie seront rémunérés compte tenu de leurs meilleures actions. (Coran, S. 16 – L’Abeille, v. 96) Nous avons fait d’eux, des chefs qui guidaient les hommes selon nos ordres, cela pour avoir su persévérer dans notre voie et avoir cru fermement en nos signes. (Coran, S. 32 – L’Adoration, v. 24) Ceux qui sont constants, seront dignement rémunérés au-delà de toute mesure ! (Coran, S. 39 – Les Groupes, v. 10) Le Prophète Mohammad, dit aussi : La patience est une lumière ! (Un guide éclairé). (Sources : Moslim) Celui qui veut être chaste, Dieu l’aidera. Celui qui cherche à se passer de ce que possèdent les autres, Dieu l’enrichira. Celui qui veut être patient Dieu viendra à son secours, Aucun n’a eu un don plus fécond que la patience. (Sources : Boukhari) C’est merveilleux ! Tout ce qui arrive au croyant, lui est favorable, Aucun autre n’a ce privilège : S’il est heureux, il remercie Dieu et c’est bien pour lui; s’il est malheureux, il se résigne et c’est bénéfique pour lui. (Sources : Moslim) Une fille du Prophète lui dépêcha une personne pour le prier de venir voir son enfant agonisant. Le Prophète lui envoya dire : Donne-lui le bonjour et dis-lui : Tout appartient à Dieu, ce qu’Il donne et ce qu’Il reprend. Pour toute chose est fixé un terme. Qu’elle se résigne et en demande à Dieu la récompense. (Boukhari) Dans un hadith à thème divin, Allah dit : Quand je frappe mon serviteur de cécité et qu’il se soumet à mon arrêt, je lui accorde en échange le Paradis ! (Sources : Boukhari) Quand Dieu veut du bien à quelqu’un, Il l’éprouve. (Sources : Boukhari) La valeur de la rétribution est proportionnelle à l’épreuve. Quand Dieu veut du bien à des gen, Il les met à l’épreuve. Celui qui se résigne aura la satisfaction du Seigneur, mais celui qui s’emporte encourt Sa colère. L’adversité ne cesse de s’abattre sur le croyant : atteignant sa personne, ses enfants et ses biens, si bien qu’il comparaîtra devant Dieu sans aucun péché. L’endurance du musulman [retourner au sommaire] Quant à supporter le mal, c’est aussi de la résignation mais plus pénible à supporter.

C’est le symbole des véridiques et des saints. Son sens réel, c’est être persécuté pour la cause de Dieu et supporter la souffrance sans rendre le mal pour le mal, sans se venger,  ni se soucier de sa personne tant que cela est fait pour l’amour de Dieu et en quête de Son contentement. Dans cette endurance, il a en vue comme exemple les Prophètes et les vertueux. Rares sont ceux qui parmi eux, n’ont pas été Malmenés et Persécutés pour la cause de Dieu.

Ben Messaoud disait : J’ai toujours présent devant moi ce spectacle poignant, celui du prophète Mohammed, à l’instar des anciens Messagers, battu par son Peuple, ensanglanté, essuyant le sang sur son visage en disant : Seigneur ! Pardonne à mon peuple, car il agit par ignorance.

(Sources : Boukhari et Muslim). Ce n’est là qu’un exemple de l’endurance du Prophète. En voici encore un autre : Un jour il distribua des biens. Un bédouin dit : « Ce partage est inéquitable ! » Cette critique parvint jusqu’au Prophète. Son visage s’empourpra, mais il finit par dire : Que Dieu fasse miséricorde à mon frère Moïse ! Il fût tout autrement offensé, mais il se montra plus endurant ! (Sources : Boukhari et Muslim) Khabab raconte ce qui suit : Nous nous sommes plaints au Prophète. Il était accoudé à l’ombre de la Kaaba […]. Nous lui dîmes : N’implores-tu pas Dieu pour nous faire triompher de nos persécuteurs, ne Le prie-tu pas pour nous ?

Il nous répondit : Auparavant, on prenait l’homme, on lui creusait une fosse on l’y mettait, puis, au moyen d’une scie placée sur la tête, on le coupait en deux. Avec des peignes en fer on lui arrachait la chair à même les os. Tout cela ne lui faisait pas renier sa foi. (Sources : Boukhari) Le Coran nous a rapporté les récits des prophètes et leurs réponses aux peuples qui les tourmentaient, on y lit : Comment ne pas nous remettre à Dieu, Lui qui nous a guidés vers des voies sûres pour notre salut ?

Aussi sommes-nous fermement résolus à supporter vos outrages. Dieu est le meilleur soutien de ceux qui se fient à Lui. (Coran, S.14- Abraham, v.12) Jésus, fils de Marie, ne cessait de dire aux fils d’Israël : Avant moi on vous a dit : Usez de la loi du talion : dent pour dent, nez pour nez… Mais moi je vous dis : Ne rendez jamais le mal pour le mal. Celui qui te donne un soufflet sur la joue droite présente lui ta joue gauche, celui qui te confisque ton manteau remets-lui ton habit.(Ghazali : El-lh’ia) Les compagnons du Prophète disaient : Nous n’estimions pas complète la foi de l’homme, tant qu’il ne faisait pas preuve d’endurance dans l’adversité.

Guidé par ces exemples vivants de patience et d’endurance, le musulman est toujours patient et endurant, espérant la récompense divine : il ne se plaint pas, ne s’emporte pas, ne riposte pas au mal par le mal, mais il le repousse par la bonté, il excuse, endure et pardonne. Dieu dit : Celui qui est patient et sait pardonner témoigne d’une heureuse maîtrise de lui-même. (Coran, S. 42- La Délibération, v. 43) « […] S’il est heureux, il remercie Dieu et c’est bien pour lui; s’il est malheureux, il se résigne et c’est bénéfique pour lui […]. » « […] supporter la souffrance sans rendre le mal pour le mal, sans se venger […]. » « […] Rares sont (les Prophètes) qui […] n’ont pas été malmenés et persécutés […] »

Oumar Cheikh LY & Cheikh Elkountiyou

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