L’école de Pire Saniokhor creuset de la révolution Toroodo

Le groupe de recherche et d’étude du patrimoine intellectuel sénégalais a entamé, mardi à Dakar, une série de manifestations marquant le 240e anniversaire de la révolution Torodo qui fut un puissant levain dans le processus de la construction de l’unité nationale à travers le dépassement des clivages ethniques hal poular et wolof.

C’est à Pire Saniokhor au Kajoor cœur du pays Wolof ,ou s’est forgée l’idéologie toroodo .En effet toutes les figures emblématiques de la révolution toorodo firent leurs études supérieures au sein de l’Université islamique de Khaly Amar Fall de Pire sous le rectorat de leur maitre le marabout enseignant Demba Fall , on peut citer entre autres : Thierno Sileymaane Baal de Boodé, Abdou Khadri Kane de Kobillo, Thierno Bayla Percedio Sow de Haawre, Tafsiru Amadu Hammaat Wane de Kanel ,Elimaane Bubakar Kane de Dimatt, Thierno Abdarahman Sall dit Tenanta-Jangoobe de Diandiooli ,Tafsiru Diabiri de Diagnioum, Thierno-Mollé Mamadu Lih de Thilogne ,Alfa Amar Seydi Yero Buso de Hooréfoondé, Thierno Abdul Karim Daffe Diawando de Seeno-Palel, Alfa Amadu Nah dit Eliman Lewa de Sooringo, Thierno Yusuf Lam de Diaranguel.

C’est pendant leur séjour universitaire à Pire en pays wolof à travers un dense réseau propédeutique ,que ces lettrés halpoularen nourris à l’idéologie du jihad – qui a été développée dans tous les foyers islamiques de la région au fil des siècles depuis l’épisode almoravide jusqu’au mouvement Toubenan du XVII eme siècle -ont constitué le parti des toorodo, qui s’est fixé pour objectif de faire de l’islam, déjà religion de la quasi-totalité du peuple Fuutanké, le principe du pouvoir politique et du droit.

De retour au Fouta ,les anciens condisciples de Pire après le congrès clandestin de Horefondé entamèrent le processus révolutionnaire qui aboutit à la chute du dernier descendant de Koly Tenguella le Satigi Souléye Ndiaye .
Le régime des Denyankobé défait, le Fouta devient un havre de paix et de sécurité ou affluèrent des milliers paysans opprimées des royaumes voisins wolofs .Ce qui permit un fort brassage ethnique entre foutanké et wolof surtout au niveau des provinces du Lao Dimat et Tooro.

Comme toutes les révolutions, celle des Toroodos, dés qu’elle fut consolidée, chercha à s’exporter surtout au niveau des royaumes méridionaux wolofs du Walo , du Diolof et du Cayor.

C’est dans cette perspective que ,venu au secours des marabouts wolofs du Ndiambour et du Baol opprimés suite au martyr du Serigne Malamine Sarr , l’Almamy Abdoul Khadr Kane sera vaincu à Bounghoy par une coalition thiédo dirigée par le Damel Amary Ndella Coumba Fall et le Brack Fara Peinda Tégue Rella Mbodj et retenu prisonnier pendant de longs mois à Bardiale au Cayor.

Cette guerre sainte menée par le successeur de Thierno Souleymane Baal, ne fut point une guerre tribale entre envahisseurs hal poular et des wolofs, mais une alliance entre réformateurs musulmans du Cayor , du Walo et l’état théocratique toorodo contre les royaumes ceddo .

Nous pouvons dire que la révolution Toroodo conçue en pays wolof , qui fit du Fouta un asile sur pour tous les opprimés musulmans wolofs , un bouclier défenseur de l’islam fut un levain puissant dans l’interpénétration interethnique wolof et halpularen et un facteur dans le dépassement des clivages ethniques au nord du Sénégal.

Amadou Bakhaw DIAW Walo Richard Toll
diaogo.nilsen@gmail.com

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.