Le Sénégal peut-il guérir de sa ‘’fièvre démocratique’’ ?

Sommes-nous allés trop loin dans notre quête de la démocratie, pour nous embourber dans cet étang rempli de boue, de crocodiles ou de je ne sais quoi encore ?

Tout nous semble possible et envisageable, en faisant abstraction de notre ‘’jeunesse’’ et de notre ‘’inexpérience’’ dans cette forme de démocratie importée de l’OCCIDENT.

Les sénégalais, ont-ils une soif démesurée de démocratie ou sont-ils en confrontation avec le reste du monde, pour être à la première marche du podium de la démocratie ?

Si je me pose autant de questions, c’est pour trouver des réponses appropriées à mon inquiétude, préoccupé que je suis par le foisonnement et les querelles incessantes des politiciens professionnels.

Car depuis 1980, notre ascension est fulgurante, et les ambitions des uns et des autres ont créé à mon humble avis, une course vers le pouvoir, l’entretenue par les partis politiques.

Il a fallu à peine un demi-siècle pour nous  mettre en tête des nations démocratiques les plus avancées, en brûlant plusieurs étapes de consolidation, plutôt nécessaires et indispensables.

Passer d’un parti unique à quatre partis autorisés puis à une libéralisation totale des formations politiques est une gageure qui ne peut être sans conséquences.

Ceci explique-t-il cela ?

Personne ne peut prévoir ce qui peut nous arriver demain, si nous ne mettons pas de l’ordre dans cette situation qui devient de plus en plus incontrôlable, moins  dans la conception que dans la pratique électorale.

L’adage dit bien : ‘’qui trop embrasse mal étreint’’ et c’est le cas de notre pays, pourtant creuset d’intellectuels de haut niveau, des hommes intelligents, formés à la raison discursive, et au modèle occidental mais minoritaires et totalement dominateurs du bas peuple qui lui est traditionnaliste et conservateur.

 Ce brouillement politique, ces débats aux plateaux des télés concernent uniquement ces intellectuels considérés comme des ‘’cadres devant diriger le reste du peuple’’.

Le décalage est profond entre cette race de politiciens et les populations  qui admettent et considèrent que le vote appartient à cette catégorie d’hommes instruits pour qui on doit aller voter.

C’est dans cet esprit que beaucoup d’électeurs pensent le faire, non par devoir mais par l’intérêt qu’ils portent pour un tel ou pour un autre candidat.

Certes, en nous comparant aux autres pays de l’Afrique sub-saharienne ou même du monde, le Sénégal peut être fier de sa démocratie et de ses avancées trop rapides à un mon sens.

En examinant différentes lois déjà votées et mises en application, on se rend compte que des camisoles trop larges  ont été  taillées pour un peuple qui a de la peine à les porter !

J’en citerai seulement deux qui m’ont paru avant-gardistes, mais prématurées.

Il s’agit de la loi sur la parité qui peine à s’appliquer à toutes les élections aujourd’hui et encore d’avantage dans le futur. Les partis politiques eux-mêmes sont confrontés déjà au choix des personnes pour le respect de cette parité.

La deuxième difficulté et la plus ardue reste la libéralisation des formations politiques qui ont atteint comme chacun le constate, un seuil critique, préjudiciable à notre stabilité politique à et l’ordre républicain, public.

Faut-il imputer  cette situation à la maturité des hommes politiques ou à leur amateurisme ?

Il n’y a qu’à examiner le code électoral actuel  pour découvrir l’extrême complexité des dispositions à faire appliquer pendant les élections.

Alors que faudra-t-il faire pour sauver notre démocratie qui a entamé  déjà une période ombrageuse née d’une lutte acharnée de politiciens pour accéder au pouvoir ou s’y maintenir ?

Il sera nécessaire  pour sauver notre pays de maintenir cette conception du pouvoir par le peuple et pour le peuple tel que l’a défini Montesquieu mais dans le respect de vos croyances, traditions, de votre culture en pensant plus à servir le peuple qu’à se servir.

Des critiques de plus en plus acerbes et fondées émanent des hommes et des femmes dans la gestion des biens publics et les réactions des  ‘’oubliés des récentes investitures’’ nous amusent à travers les medias par leurs menaces de vote-sanction aux élections du 30 juillet 2017 !

La prochaine législation aura un rôle capital à jouer dans l’assainissement de notre système politique.

  • Elle devra entre autre
  • reformer la loi sur la parité
  • reformer le code électoral en y insérant un nouveau mode de scrutin à deux tours aux élections législatives à venir, et en supprimant les proportionnelles, comme en France

Cette dernière  reforme aura l’avantage de résorber pour ainsi dire le nombre de partis politiques et coalitions par élimination pour défaut de résultat, fixé à l’avance.

Nous avons tous intérêt à ce que des élections crédibles et apaisées puissent se dérouler dans le calme, et que les résultats soient acceptés par la communauté nationale et internationale comme en 2012.

Notre salut est à ce prix, notre démocratie s’en trouvera renforcée, assainie, mais il faut accepter les prix à payer.

Fodé GUISSE

Email : fodeguissé@gmail.com

Fonctionnaire à la retraite  

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