Le ras-le-bol des Layènes et des résidents aux bords de la plage de Yoff, Diamalaye, Djily Mbaye

Les fils et petits-fils du khalife des layènes,associésau Collectif des habitants de la cité Bceao et Djily Mbaye, déplorent des abus de plus en plus flagrants sur la plage.

La situation a été tendue, par moments, entre résidents de Yoff. Certains exploitants du littoral se sont opposés aux jeunes layènes qui ont organisé une conférence de presse hier pour dénoncer les dérives sur cette partie du littoral où repose le fondateur de la confrérie religieuse, Seydina Limamou Laye. Le troisième fils de l’actuel khalife, qui était à la baguette, a dénoncé ‘‘la débauche des gens peu vertueux qui ont pris pour cible les foyers religieux pour les corrompre’’.

Pour Seydina Issa Diop Laye, la désacralisation de cette partie de la plage, combinée au laxisme de plus en plus prononcé des autorités, est en train de déborder. ‘‘Tout le village de Yoff ainsi que la cité Djily Mbaye déplorent ces pratiques dans cette partie de la plage qui est un site religieux. Les auberges, les bars, la drogue, les prostituées convergent ici. Quand les plaintes ont commencé à s’amonceler, on a cru bon devoir intervenir pour éviter tout soulèvement populaire, car on s’y acheminait inéluctablement’’, a-t-il lancé. Les jeunes layènes ainsi que l’Association des résidents de la cité Bceao ont fait bloc pour dénoncer l’état d’une plage de plus en plus gangrénée par des dérives de toutes sortes.

Le dignitaire annonce avoir saisi le président de la République qui a accusé réception, le ministre de l’Intérieur, le gouverneur de Dakar, la sous-préfète des Almadies. Il leur demande, comme palliatif, de faire application d’une règle légale, en attendant de prendre ce problème à bras-le-corps. ‘‘La loi anti-tabac, sur l’interdiction de fumer dans les espaces publics, doit être renforcée davantage et le président doit y veiller’’, a suggéré Seydina Issa Diop Laye. Mame Libasse Laye, petit-fils de l’actuel khalife a, quant à lui, été plus extrême dans ses revendications. Le concert organisé le weekend dernier à la plage de la Bceao est une pilule qui passe toujours mal. ‘‘Que ce soit Waly Seck ou un autre musicien, ils n’osent pas animer un concert dans une localité du foyer religieux dont il se réclame. Nous ne sommes plus disposés à accepter cet affront plus longtemps. Ceci doit être une préoccupation de tous les layènes et pas de Yoff uniquement’’, s’est-il emporté. Les jeunes layènes crient au complot, d’autant plus que les conduits d’égout, situés à intervalle régulier, déversent les eaux usées près du mausolée Seydina Limamou Laye à Yoff.

La semaine dernière, ce sont les résidents de l’autre localité layène – Cambérène – qui se sont fait entendre via le Comité d’initiative pour la défense de l’environnement de Cambérène (Cidec). Cette structure considère que le refus de respecter les engagements pris en 2012 pour délocaliser l’émissaire qui pollue cet endroit, qui est un lieu de pèlerinage, est ‘‘un manque de considération et de mépris de Macky Sall et son gouvernement pour (la) localité, capitale de la communauté layène’’.

Dans un communiqué parvenu à ‘’EnQuête’’, le Cidec s’était alors offusqué du manque de concertation avec le ministre de l’Assainissement Mansour Faye, alors que ses deux prédécesseurs Oumar Guèye et Pape Diouf l’ont reçu douze fois pour trouver une issue heureuse. Ces résidents subodorent même que la dépollution de la baie de Hann va se faire au détriment de Cambérène. En janvier 2010, l’annonce du projet d’agrandissement de l’émissaire de Cambérène, suite à un financement de l’Union européenne, avait suscité l’ire des populations qui se sont organisées sous le ‘’Ndigël’’ du Khalife général des layènes Seydina El Hadj Abdoulaye Thiaw Laye pour mettre sur pied le Cidec.

Tempérance

Pour autant, Seydina Issa Diop Laye a tempéré les ardeurs des jeunes layènes. ‘‘Malgré toute cette mobilisation qui montre l’intérêt que vous portez à la question, ce pays est un Etat de droit. Il y a des lois à observer’’, a-t-il déclaré en direction d’une foule très remontée contre les exploitants du littoral.

Le problème est aggravé, selon lui, par le fait que ce sont des résidents de Yoff euxmêmes qui sapent leurs efforts en délivrant en sous-main des autorisations. Il promet de révéler le nom des dignitaires religieux qui touchent à l’argent de cette exploitation. ‘‘Qu’on ne nous pousse pas à parler’’, met-il en garde. Si la dimension religieuse a été au cœur des récriminations, des préoccupations plus ‘‘terre-à-terre’’ se sont fait entendre. Sadikh Diop, habitant la cité Bceao et membre du collectif des riverains, dénonce le fait que les résidents des ‘‘cités Bceao, Djily Mbaye et Diamalaye’’ n’ont plus droit à la tranquillité : ‘’Nous vivons un cauchemar ici (…)

La nuisance sonore est insoutenable. Des compagnies de téléphonie ou agroalimentaire organisent des fêtes de telle sorte que les cités Bceao, Djily Mbaye et Diamalaye ne connaissent aucune sérénité. Avec ces concerts, même les enterrements au cimetière musulman de Yoff Bakhiya sont perturbés’’, se plaint-il. Il relativise tout de même le problème, en estimant que tous les exploitants ne sont pas logés à la même enseigne. Pour lui, ce n’est pas la fréquentation de la plage à des fins récréatives qui pose problème, mais le fait que la débauche, la discourtoisie, le bruit et l’indiscipline y soient érigés en mode d’existence. ‘‘Cette plage avait l’habitude de recevoir les familles dakaroises et celles de la banlieue qui ont tous le droit de la fréquenter pour agrémenter leurs journées, mais il n’y a plus aucune sérénité.

Nous allons nous unir avec la jeunesse layène, car nous subissons les mêmes désagréments qu’eux… Nous sommes tous fils de Yoff. Ce qu’on veut est qu’on se comporte comme jadis, en bonne entente ; que nous résidents, ne soyons pas dérangés et qu’eux exploitent la plage dans les conditions optimales’’, tempère Sadikh Diop.
EnQuete

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