Lancement du rapport Doing Business 2018 : Allocution de Louise Cord – Directrice des Opérations dela Banque mondiale

Lancement du rapport Doing Business 2018

Dakar – 31 octobre 2017

**********************************

 

Allocution de Mme Louise Cord – Directrice des Opérations dela Banque mondiale pour le Sénégal, la Mauritanie, la Guinée-Bissau, la Gambie et Cabo-Verde

 

Tout d’abord merci d’avoir pris le temps pour participer au lancement du rapport Doing Business 2018.

Vous le savez certainement, ce rapport est la principale publication conjointe entre IFC et la Banque mondiale :

  • Le rapport Doing Business, qui fête cette année ses 15 ans d’existence, capture les améliorations de l’environnement des affaires dans maintenant 190 pays selon dix indicateurs spécifiques ;
  • Nous en convenons : ce rapport ne capture donc pas toutes les réformes passées par les pays pour améliorer leur environnement des affaires ;
    • Mais pour autant il prend en compte des réformes clefs qui contribuent à la formalisation et à l’expansion des PME, ainsi qu’à l’investissement privé. Ce sont les deux leviers principaux de la création d’emploi, qui est le chemin le plus direct pour sortir de la pauvreté.

  • L’Afrique subsaharienne a réussi, en à peine 10 ans, à devenir la première région réformatrice au monde.
    • Dans le rapport de 2017, les pays d’Afrique subsaharienne avaient passé un record de 80 réformes ;
    • De manière globale, à la date du dernier rapport, notre région avait passé 715 reformes comptées par le rapport Doing Business.

Le Sénégal n’est pas resté en marge de ce mouvement impressionnant :

  • Le Sénégal continue sur sa lancée comme l’un des réformateurs les plus constants dans la région :
    • Guidé par son objectif de créer un climat compétitif pour stimuler l’investissement privé, dans la droite ligne du Plan Sénégal Emergent, le pays a amélioré significativement son classement général ces dernières années. En effet, il est remonté de 14 positions entre 2015 et 2017. On peut également s’attendre à une amélioration importante cette année grâce aux 5 réformes qui ont été mises en œuvre.
    • Le Senegal a accompli six réformes dans le rapport 2015, quatre réformes dans le rapport 2016, quatre réformes dans le rapport 2017, et cinq réformes retenues cette année, comme nous le verrons dans quelques instants, soit dix-neuf réformes en quatre ans ! Ces chiffres impressionnants témoignent de l’engagement stratégique constant du gouvernement pour améliorer le climat des affaires et, ainsi, encourager l’investissement et créer plus d’espace à l’initiative privée dans l’économie sénégalaise.

Au-delà du rapport Doing Business, l’engagement du gouvernement pour améliorer la compétitivité et permettre un rôle plus actif du secteur privé dans l’économie est également manifeste dans le cadre des réformes structurelles, que ce soit dans le domaine de l’énergie, des télécoms, ou de l’agriculture, notamment.

S’il est vrai que nous sommes rassemblés pour célébrer les progrès accomplis, il ne faut pas perdre de vue qu’il reste encore beaucoup à faire – pour l’ensemble des pays de la région – pour rivaliser avec les économies reconnues comme meilleures réformatrices !

  • En effet, la majorité des pays d’Afrique subsaharienne, même s’ils sont en nette progression, demeurent au bas des classements de compétitivité ;

Nous saisissons l’occasion de suggérer plusieurs pistes qui devraient permettre au Sénégal d’approfondir les réformes, et d’améliorer sa compétitivité. Il s’agit notamment de :

  • Continuer à simplifier la fiscalité des affaires et l’effectivité des contrôles en douane. En effet, la poursuite des réformes visant à moderniser l’administration des taxes et impôts, notamment au travers de la généralisation du télépaiement à tous les usagers, ainsi qu’un renforcement du contrôle sur les importations devraient permettre de renforcer la formalisation. Comme le Recensement General des Entreprises l’a souligné, plus de quatre-vingt-dix pourcent (90%) des entreprises sénégalaises sont informelles. Or les enquêtes auprès des entreprises révèlent que la concurrence du secteur informel constitue la principale contrainte à leurs opérations. L’enjeu est donc énorme, tant en termes des recettes, de l’Etat de droit, que de la compétitivité de l’économie.

  • Les efforts visant à améliorer la justice commerciale sont également à encourager, car celle-ci constitue le socle sur lequel repose l’environnement des affaires. Sans une justice efficace et accessible, les contrats perdent leur valeur, les litiges peinent à se résoudre, et il est de plus en plus difficile pour les entreprises d’étendre leurs opérations et passer à l’échelle. Dans ce sens, la mise en place effective du tribunal du commerce doit permettre de professionnaliser la justice commerciale, et d’améliorer sa transparence et sa vitesse d’exécution.

  • Par ailleurs, la poursuite du programme de dématérialisation des procédures administratives et l’effectivité des paiements en ligne sont critiques. Ceci s’applique à tous types de procédures administratives essentielles pour les entreprises, comme par exemple l’accès au registre du commerce et du crédit mobilier, l’obtention d’autorisations comme le permis de construction ou d’occuper, ou l’obtention de documents administratifs comme le casier judiciaire ou les certificats de conformité. La dématérialisation des transactions et des paiements permet d’améliorer la transparence et la vitesse d’exécution, de limiter la corruption, mais aussi de rendre plus efficace la collecte des frais, droits et taxes. Par ailleurs, une réflexion de fonds sur les systèmes de paiement en ligne s’impose pour l’exportation, car les entreprises sénégalaises sont actuellement limitées dans leurs moyens d’effectuer des ventes de biens et services en ligne a l’étranger. Recevoir des paiements de carte de crédit en ligne de clients en Europe ou en Asie pour la vente d’une semaine à l’hôtel ou l’exportation de mobilier par exemple, est quasi impossible. La question est complexe et implique de nombreux acteurs, étatiques, régionaux, mais également du secteur bancaire, et elle mérite une attention particulière, si l’on veut que les entreprises sénégalaises puissent pleinement bénéficier des opportunités existantes sur les marchés internationaux. Des pays comme le Kenya constituent des exemples intéressants desquels s’inspirer à ce niveau.

  • Les pistes d’amélioration ci-dessus sont toutes conditionnées par le développement du secteur des télécommunications. Un secteur bien règlementé, où la concurrence est effective dans les différents segments clés, que ce soit la fibre optique, la téléphonie mobile ou l’accès à l’internet doit permettre au Sénégal de mieux tirer profit de ses atouts technologiques et de favoriser le dynamisme du secteur privé dans des filières nouvelles telles que l’entreprenariat numérique. Toute amélioration des services et réduction des coûts dans ce secteur clé sont susceptibles d’avoir un impact décuplé non seulement sur la compétitivité des entreprises au Senegal, mais également sur l’efficacité des efforts de dématérialisation des services en cours.

Mesdames et Messieurs, je souhaite aujourd’hui renouveler l’engagement du Groupe de la Banque mondiale, pour continuer notre soutien au Gouvernement sénégalais dans cette démarche.

  • En avril dernier, le Conseil d’administration de la Banque mondiale approuvait le projet de Développement du Tourisme et des Entreprises, pour un montant de 69,800,000 (soixante-neuf millions huit cents milles) EUROS, qui visera notamment à redynamiser le secteur stratégique du tourisme, qui créer de nombreux emplois. Ce même projet appuyer également les entrepreneurs et PME sénégalaises, au travers d’un Concours de Plan d’Affaire, et d’un Fonds à Frais Partagés. Il permettra enfin d’améliorer le climat des affaires dans les régions économiques hors de Dakar, en facilitant la mise en place de Plateformes de l’investissement à Saint-Louis, sur la Petite Cote, à Kaolack, et à Ziguinchor notamment.
  • Nos programmes régionaux soutiennent également le partage d’expertise au sein de la communauté des réformateurs à travers le Continent. Nous avons ainsi mis en place la plateforme dénommée Ease of Doing Business Initiative. Celle-ci réunit les acteurs impliqués dans le processus de réforme des environnements des affaires en Afrique Sub-Saharienne et favorise, par l’organisation de conférences annuelles, les échanges de bonnes pratiques. Le Sénégal a eu l’occasion d’y participer à plusieurs reprises.

Enfin, pour conclure, je tiens, à travers vous, Excellence, à féliciter le gouvernement sénégalais pour son engagement fort dans ce travail important.

Nous saluons également l’APIX et tous les membres du Comité de Reformes du Climat des Affaires, ainsi que les nombreuses équipes au sein des ministères et agences de l’Etat qui travaillent sans relâche dans ce travail de longue haleine. C’est un travail qui se fait souvent dans l’ombre, mais qui est absolument critique pour permettre au Sénégal de réaliser ses objectifs d’émergence.

 Je vous remercie pour votre aimable attention !

 

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.