La violence basée sur le genre, une réalité en milieu professionnel

La violence basée sur le genre (Vbg) est une réalité en milieu professionnel et dans les établissements d’enseignement. Ainsi que le révèle une étude menée par le Groupe d’études et de recherches en genre et sociétés. Le ministère de la Femme, de la Famille et du Genre a officiellement lancé, hier, le démarrage de 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles, en partenariat avec Onu-Femmes.

A l’occasion, Ndèye Fama Ndiaye, du Groupe d’études et de recherches genre et sociétés (Gestes) a fait la présentation d’une étude qui traite de la question. Leurs équipes ont travaillé sur un échantillon de 70 entreprises dont 25 sociétés anonymes, 25 sociétés publiques, 10 Gie et 10 Sarl et Suarl.

Ainsi, 140 agents ont été interrogés (70 femmes et 70 hommes). Il ressort de l’étude que, sur la base des effectifs des 70 entreprises visitées, le sexe masculin est plus représenté : 64,70 % d’hommes contre 35,30 % de femmes. Le document renseigne que les violences basées sur le genre (Vbg) interviennent souvent aux heures de travail, avec un taux de 92,50 %, à l’heure de pause (2,50 %) et hors des heures de travail (5,00 %). On apprend aussi que les violences physiques représentent 9,70 %, celles psychologiques 35,50 % et celles sexuelles 6,50 %. Il y a aussi des violences économiques et financières (27,40 %) et sociales (6,50 %). Les autres types représentent 14,50 %. L’étude souligne que, le plus souvent, les victimes se résignent (60,90 %). A côté, il y a ceux qui crient leur détresse (8,70 %), ceux qui se défendent (21,70 %) et ceux qui arrêtent de travailler (8,70 %). Parmi ceux qui réagissent, 20 % informent le syndicat et 40 % tiennent au courant la direction. Le document souligne que des auteurs de ces violences réagissent par la menace (12,12 %). Il y en a qui promettent de ne plus recommencer (9,09 %) et ceux qui évitent la victime (18,18 %).

D’autres (15,15 %) expriment un refus ou avouent (3,03 %). Mais la majorité (42,42 %) demande des excuses. Dans ces lieux de travail, des solutions sont préconisées et sont de plusieurs ordres. Il y a la prévention des Vbg à travers des causeries (68,20 %). Il y a des conférences (22,70 %), des projections de film (4,50 %) et des médiations (4,50 %). Le Groupe d’études et de recherches en genre et sociétés (Gestes) conclut qu’en milieu professionnel, les violences psychologiques sont les plus exercées. Il ressort aussi de l’étude que les violences infligées par l’homme à la femme sont plus récurrentes, avec 95,00 %. Sur les 140 professionnels interrogés, il ressort que les auteurs de Vbg viennent le plus souvent du supérieur et représentent 42,50 %. Il y a aussi les supérieurs directs (22,50 %), les subalternes (7,50 %) et les collègues (27,50 %).

Etablissements scolaires

Le Groupe d’études et de recherches en genre et sociétés s’est également rendu dans les établissements scolaires. Un échantillon de 300 personnes interrogées (113 élèves dans les lycées et 187 étudiants dans les universités et instituts d’enseignement supérieur) a été pris. Les enquêteurs se sont intéressés aux violences basées sur le genre subies selon le sexe. On apprend que les hommes viennent en première position, lorsqu’il s’agit de violences physiques, avec 61,7 %. L’étude renseigne que les femmes subissent davantage des violences psychologiques qui représentent 58,1 % et celles sexuelles (11,6 %). Ces Vbg sont plus importantes dans les universités et lycées, avec respectivement 42,8 % et 41,8 % des cas. L’étude renseigne que 16,6 % des personnes enquêtées affirment avoir été auteurs de Vbg dans leurs structures de formation. En ce qui concerne le dépôt des plaintes après un acte de Vbg, 23,1 % des enquêtés affirment avoir eu connaissance de dépôt de plainte après un acte de Vbg.

L’enquête montre aussi qu’il existe autant d’auteurs chez les hommes que chez les femmes. “Une imbrication d’inégalité sociale, de classe et de genre (sexe, âge) rend les filles plus vulnérables que les garçons aux violences. Si les hommes subissent plus les violences physiques et psychologiques, les femmes sont plus victimes de violences psychologiques et sexuelles”, déclare Ndèye Fama Ndiaye. Avant de préciser que “le milieu de formation n’est pas, en réalité, un espace social isolé des autres. Il est un lieu de production et de prolongement des Vbg qui se produisent dans la sphère privée”.

Recommandations

Les recommandations vont dans le sens de disposer d’une masse critique de journalistes formés au traitement des Vbg. Favoriser une collaboration entre la société civile et les médias pour une prise en compte continue de la lutte contre les Vbg dans les rédactions, à travers des campagnes périodiques de communication et de sensibilisation sur le phénomène. Établir des partenariats entre, d’une part, les universités, les instituts de recherche et les écoles. Rendre plus dynamique les organisations corporatistes de lutte contre les Vbg, en appuyant la mise en œuvre de leur plan d’action.

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