La francophonie à l’honneur ce 20 mars : Les étapes de la construction de l’institution

La Francophonie, « le Commonwealth à la française », telle qu’aimait à l’appeler Léopold Sédar Senghor, possède aujourd’hui une dimension planétaire et un statut internationalement reconnus. Pourtant, l’idée même de regrouper des pays francophones au sein d’une communauté organique a mis plusieurs siècles à germer.

L’acte de (re)naissance de la Francophonie : les pères fondateurs

Léopold Sédar Senghor, premier président de la République du Sénégal indépendant en 1960, y tisse les contours du concept moderne : « La francophonie, c’est cet humanisme intégral qui se tisse autour de la de la terre, cette symbiose des énergies dormantes de tous les continents, de toutes les races qui se réveillent à leur chaleur complémentaire. »

Ce numéro spécial, co-signé par des personnalités telles que Jean Lacouture ou Norodom Sihanouk, figure du mouvement des non-alignés et principal instigateur de l’indépendance du Cambodge, constitue indéniablement le texte fondateur de ce qu’est à l’heure actuelle la Francophonie. Ce projet d’association francophone intergouvernemental est porté par des chefs d’Etat comme Habib Bourguiba, Hamani Diori ou Senghor, qui se fait le chantre de cette cause. Ces dirigeants développent une réflexion commune autour du colonialisme et de ses conséquences. Ayant mené leurs pays respectifs à l’indépendance, ils rejettent radicalement toute forme d’impérialisme mais militent pour la conservation et la promotion d’un outil : la langue française.

La naissance même de l’idée de Francophonie est le fait de ces « pères fondateurs » qui tentent activement durant le début des années 60 de réunir les nations qui emploient le français comme « langue nationale, langue officielle ou langue de culture ». C’est la teneur du discours de Senghor en juin 1966 à la conférence des chefs d’Etats de l’Organisation commune africaine et malgache (OCAM), où il est mandaté aux côtés d’Hamani Diori pour tenter de convaincre les pays francophones africains de participer à des projets de coopération, avant tout culturels.

Leurs efforts sont récompensés en février 1969 avec la tenue à Niamey d’une première conférence intergouvernementale des Etats francophones, puis d’une seconde l’année suivante. Elle aboutit le 20 mars 1970, en présence d’André Malraux, à la signature par 21 pays d’une charte créant l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), qui deviendra l’Agence intergouvernementale de la Francophonie avant de prendre son appellation actuelle, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), en 2005. La date du 20 mars est devenue un symbole : elle est depuis 1988 celle de la Journée internationale de la francophonie.

La Francophonie en 5 dates

1886 : Le géographe français Onésime Reclus lance le néologisme « francophonie » dans son ouvrage France, Algérie et colonies.

20 mars 1970 : Création de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), sous l’impulsion des « pères fondateurs ». Devenue un symbole, cette date est désormais célébrée comme la Journée Internationale de la Francophonie.

1986 : Instauration des Sommets de la Francophonie, qui se réunissent en principe tous les deux ans. Ils définissent les grandes lignes et orientations de la Francophonie. C’est la capitale malgache qui a accueilli en novembre 2016 le dernier sommet.

1997 : Création du poste de Secrétaire général à l’occasion du sommet d’Hanoï. Le Secrétaire général qui représente la Francophonie, est élu par les chefs d’Etat et de gouvernement pour un mandat de quatre ans renouvelable une fois. Michaëlle Jean, la Secrétaire Générale actuelle, a pris les rênes de l’organisation francophone en 2014, succédant au Sénégalais Abdou Diouf (2002-2014). Le premier fut l’Egyptien Boutros Boutros-Ghali (1997-2002).

Novembre 2000 : La déclaration de Bamako réaffirme les principes démocratiques de la Francophonie et instaure des instruments concrets d’actions politiques.

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