La double déculottée : Du G5 Sahel au Garde-à-vous

Double déculottée pour le G5 Sahel battu sur son terrain et obligé de quémander une assistance française contre ses maigres ressources : la convocation du 16 décembre est une injonction irrecevable pour les populations africaines massacrées avec les armes de l’assistant français.

Les cinq chefs d’État africains impliqués dans le G5 Sahel sont convoqués sans ménagement à Pau le 16 décembre; il s’agit des dirigeants de la Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad. Emmanuel Macron, le chef suprême des armées français, veut redéfinir moins les règles du jeu que la forme d’intervention d’une armée rémunérée sur les ressources africaines pour des résultats décevants, aussi bien pour la France que pour l’Afrique. Le 28 février 2008 déjà au Cap, en Afrique du sud, Nicolas Sarkozy voulait renégocier les huit Accords de défense avec les pays africains.

Des deux côtés, aujourd’hui, les opinions publiques s’émeuvent des pertes subies par rapport au peu de gains et le président français en course vers un second mandat se doit de redresser le buste. Or, les résultats engrangés à date, au moins au niveau social, sont des plus catastrophiques : le terrorisme vit ses meilleurs jours, les pertes s’accumulent et l’on pleure plus la vie du Français que celle du Noir dont le sang coule encore en Europe depuis l’esclavage et les deux guerres mondiales. Macron et ses « homologues » sahéliens croulent sous les critiques des différentes opinions que la France assimile malheureusement à de « l’ antifrançais ».

Six ans après le début de l’intervention française au Mali et cinq ans après sa création, le G5 Sahel ne voit pas encore le bout du tunnel dans une bataille apparemment destinée à maintenir au pouvoir des présidents contestés par les armes de l’assistant venues de la Libye fragilisée par Sarkozy et du désert algérien refuge des terroristes depuis le démantèlement du Front islamique du Salut algérien sous François Mitterrand.

Ces accords ont été adaptés au goût du jour, avec un effort de guerre explosif payé par le pauvre pays assisté. Dans l’exemple malien le plus récent, des accords signés à la veille de l’entrée en guerre de la France assurent l’irresponsabilité des assistants dans les dommages infligés aux populations maliennes, comme le stipule le statut juridique des soldats français chez Ibrahim Boubacar Keïta, en particulier l’article 9 révélé par une récente émission télévisée de David Pujadas.

La présence et le maintien des soldats français en Afrique ne sont pas du seul ressort des Africains : Paris a tout verrouillé avec les instruments de la souveraineté au moment des indépendances ; ces accords sont conclus avec la Côte d’Ivoire (1960), la République centrafricaine (1960), Djibouti (1977), le Gabon (1960), le Sénégal (1960, révisé en 1974), le Cameroun (1960, révisée en 1974), les Comores (1973, révisée en 1978) et le Togo (1963).

« Il ne s’agit pas de la France de se désengager militairement de l’Afrique, mais plutôt que la sécurité de l’Afrique est avant tout, naturellement, l’affaire des africains. Ces accords devraient être adaptés aux réalités actuelles … Contrairement à la pratique passée, les accords renégociés seront entièrement publics ». Cette volonté de Nicolas Sarkozy pourrait peut-être se vérifier à l’issue de la rencontre du 16 décembre prochain. Certaines sources affirment en effet que certains des accords contiennent des clauses “secrètes” donnant à la France le monopole des droits d’exploitation des ressources naturelles dans les pays concernés.


Pathé MBODJE, M. Sc,
Journaliste, sociologue
pathe82@hotmail.com

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