La démission de Mame Mbaye Niang cache une guéguerre politique au sein de l’APR (Parti au Pouvoir)

L’info a fait tabac sur la toile. Aussitôt annoncée dans la matinée d’hier (Dimanche), la démission du ministre Mame Mbaye Niang s’est en effet répandue comme une traînée de poudre. Si cela émeut tout le monde et charrie beaucoup de commentaires, c’est que les relations de proximité qui ont toujours existé entre l’intéressé lui-même et le chef de l’Etat ne sont plus un secret de Polichinelle. Qu’est-ce qui s’est passé pour que le responsable apériste décide de jeter l’éponge et de quitter le gouvernement?

Au-delà de la convenance personnelle avancée par le désormais ex-ministre du Tourisme pour justifier son départ du gouvernement, qu’est-ce qui se cache derrière cette démission? D’après certaines informations glanées par EnQuête, c’est sur la demande de ses proches que le ministre Mame Mbaye Niang a décidé de quitter le gouvernement, suite à la publication du rapport de l’Inspection générale des Finances (IGF) sur sa gestion du Programme national de développement communautaire, communément appelé Prodac. Ledit rapport, paru dans la presse, met à nu une foultitude d’irrégularités dans la gestion du Prodac.

Dans cette affaire, l’on éventre un scandale financier sans précédent avec un lot de détournement d’objectifs sur fond de surfacturation et de clientélisme politique et qui implique, outre les services du ministère de la Jeunesse, la société israélienne Green 2000, Locafrique et la société de communication 3M universelle. Locafrique est la compagnie ouest africaine de crédit-bail qui a conclu avec l’Etat du Sénégal un contrat de financement du programme des Domaines Agricoles Communautaires pour un montant de 29 600 536 000 FCFA. Les dirigeants du Prodac sont accusés d’avoir signé, dès le départ du projet, un contrat par entente directe avec la compagnie israélienne Green 2000 sans au préalable avoir le quitus de la Direction centrale des marchés publics (DCMP) et sans pouvoir justifier que la société a l’exclusivité du développement du concept des DAC.

De telles accusations sont balayées d’un revers de main dans l’entourage du ministre qui conforte ses dénégations par la décision N°198/15/ARMP/CRD du 15 juillet 2015, prise par le Comité de règlement des différends statuant en Commission litige sur la demande d’autorisation du Prodac de passer un marché en entente directe avec Green 2000, en vue de la réalisation des premiers Domaines agricoles communautaires (DAC).

Dans le document signé parle Directeur général de l’Armp, Saër Niang, et dont EnQuête détient copie, il est clairement indiqué que l’existence de potentialités pour disposer d’offres meilleures que celle de Green 2000 n’est pas évidente, si l’on prend en compte les avantages comparatifs détenus par l’expertise israélienne dans le domaine de la question. Par conséquent, il autorise, à titre exceptionnel, l’autorité contractante à contracter avec la société Green2000 pour la réalisation des DAC de Séfa (Sédhiou), Keur Samba Kane (Diourbel), Keur Momar Sarr (Louga) et Itato (Kédougou).

En outre, d’après nos informations, Locafrique a récemment effectué un virement de 2,5 milliards pour le compte de Green2000 qui montre, selon nos interlocuteurs, que le projet suit son cours normal.

D’ailleurs, poursuit-on, ce même Green2000 a, récemment, retiré du port de Dakar plus d’une cinquantaine de conteneurs remplis de matériels destinés à la mise en œuvre du projet.

Un complot politique à l’origine du départ ?

Ces précisions faites, l’entourage du ministre Mame Mbaye Niang dénonce un “complot politique’’. Parce que l’on se demande comment ce rapport, jusqu’ici en cours de finalisation, a pu atterrir sur la place publique, si ce n’est dans le dessein de nuire.

Toutes choses qui font que dans l’entourage de l’ancien ministre de la Jeunesse, l’on soupçonne une tentative de liquidation politique orchestrée dans le cadre de la guéguerre pour le contrôle de Dakar, en perspective des prochaines échéances électorales de 2019. Cependant, si aujourd’hui une chose est sûre, c’est que ce départ du gouvernement n’est en rien lié à une quelconque bisbille entre le président de la République et son ex-ministre du Tourisme, par ailleurs Secrétaire national en charge de la jeunesse de l’Alliance pour la République (Apr). C’est d’ailleurs pour mettre à l’aise le chef de l’Etat que Mame Mbaye Niang a décidé de sortir du gouvernement. Mais c’est également pour avoir les coudées franches afin de rendre coup pour coup, dans la bataille désormais engagée pour sa survie politique au sein de l’Alliance pour la République. Puisque dans cette affaire se joue son avenir politique au sein du parti présidentiel miné depuis un bon moment par une guerre fratricide qui trouve ses répercussions jusque dans l’attelage gouvernemental. Quel va être la réaction du président de la République ?

EnQuete

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