La chanteuse France Gall est décédée : son histoire avec le Sénégal

La chanteuse France Gall, qui avait l’âme insulaire des artistes de renom, vivait une bonne partie de l’année dans son élyséenne retraite de la grève des Almadies, où elle tenait un restaurant dénommé Noflaye Beach. Très débonnaire, elle y a aussi fondé une école avec ses sœurs « de sens et de sang », les femmes léboues. La voix de roitelet était si attachée au pays de la Téranga qu’on dirait de cette vielle blonde aux yeux éclair qu’elle a emprunté son nom Gall au suffixe de Sénégal. 

Cet amour est fixé devant l’Eternel par la production musicale issue de son duo avec feu Doudou Ndiaye Coumba Rose, celui-là même qui avait le don de faire danser les Toubabs au rythme du tambour. 

L’histoire commence au milieu des années 80, lorsque, adoptant un jeune garçon du nom de Babacar, elle finit par adopter le Sénégal comme sa seconde patrie. Seconde et non deuxième, puisque la France et le Sénégal étaient les deux versants de son cœur, l’un à l’autre intimement liées comme l’écorce chaude du soleil nègre en manteau sur l’arbre principiel de sa France originelle, de sorte qu’il n’eût plus de place dans les entrailles de son moi profond.   

Babacar, pour mémoire, a arraché la passion de la fille de Robert Gall quand la chanteuse vit le chérubin pour la première fois en 1986. Le contact produit chez l’artiste l’effet d’une beauté transcendantale au sens de Emmanuel Kant. Elle déclare sa flamme auprès de la maman du gamin. Celle-ci, touchée par autant d’ardence et d’ardeur onirique, ne put résister à la tentation de vouloir « offrir » le gamin à la française. Fatou, ainsi se nommait la mère de Babacar, était une étudiante trahie par le père de son enfant, qui, pour la petite histoire, la délaissa au milieu d’un tas de responsabilités.    

Le couple est revenu plusieurs fois ouvrir cette porte océane qui donne sur le monde et donner à Babacar une vie de rêve, matériellement et moralement. Les Français louent un appartement pour la famille démunie et financent les études de Babacar. C’est la trame de la chanson éponyme, publiée en 1987 et écrite de son mari, l’auteur-compositeur Michel Berger. Le clip a été tourné à Dakar la même année. Le morceau, d’inspiration humaniste, interprété par France Gall, presque un best-seller, sera repris en mode pop par Kate Ryan en 2009. 

Ayant quitté la scène en 1997, Isabelle Gall, de son vrai nom, est née le 9 octobre 1947 à Paris. C’est dire que 7 est son chiffre mystique. Car, elle est morte un 7 janvier à 70 ans. « On ne vit pas sans se dire adieu », pleure Mireille Mathieu. Ses larmes irrigueront bien des souvenirs de part et d’autre de l’île de Ngor, suite au décès de France Gall.

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