La carrière des magistrats au menu d’un atelier de l’union des magistrats du Sénégal

L’Union des magistrats du Sénégal (Ums) a, ce lundi, organisé un atelier de sensibilisation sur les réformes de la Justice. Des réformes qui visent trois objectifs que sont le renforcement de l’indépendance des magistrats, la préservation de l’image d’indépendance de la justice et la garantie de la performance des juridictions. Une occasion saisie par le président de l’Ums pour parler d’un sujet qui lui tient à cœur : la carrière des magistrats. 

« Souvent, quand on parle de la gestion de la carrière, on est tenté de penser qu’on est dans une posture corporatiste. Alors que dans tous les Etats de droit, quand l’exécutif contourne la question de la carrière des magistrats, c’est qu’indirectement il a un moyen de pression sur les juges. Vous ne verrez pas, ni en France ni dans un autre grand pays les autorités contrôler à ce point la gestion de la carrière. C’est révolu », a  soutenu Souleymane Téliko. Il poursuit : « Au Sénégal nous voulons que la question de la gestion de la carrière sorte des mains de l’exécutif pour être gérée par une entité indépendante. Il n’est normal du point de vue de l’image et de la perception qu’on peut avoir de la justice, qu’un organe aussi central que le Conseil supérieur soit dirigé par les membres de l’exécutif ». 

A l’en croire, les deux prérogatives essentielles qui existent au sein du Conseil, c’est le pouvoir de proposition et le pouvoir de nomination. « Le premier exercé par le ministre, le second par le Président de la République. Les autres membres que sont les magistrats n’ont qu’un pouvoir d’émettre des avis. Cela veut dire que dans les faits, seul l’exécutif gère la carrière des magistrats et c’est un moyen de pression sur les juges. Je trouve que c’est grave parce que la liberté n’a pas de prix. Tout ce qui est une atteinte ou une menace pour les libertés doit être banni », indique le président de l’Ums, dont les propos sont rapportés par Seneweb. Il estime que si la justice est bien organisée, si les réformes sont mises en œuvre, il n’y aura pas de place pour l’immixtion d’autres forces ou de lobbies au sein du fonctionnement de la justice.

Les pressions sur la justice ne proviennent pas du pouvoir exécutif (Ministre de la Justice)

Le ministre de la Justice n’est pas d’accord avec ceux qui disent que la justice est aux ordres des autorités étatiques. Ismaila Madior Fall a porté sa robe d’avocat pour défendre l’Exécutif qui, selon lui, ne met pas de pression sur les juges. « À partir de deux affaires, on dit que la justice est instrumentalisée, la justice subie les pressions de l’exécutif. Les pressions sur la justice ne proviennent pas du pouvoir exécutif ou du gouvernement », a soutenu Ismaila Madior Fall, ce mardi, à l’occasion d’un atelier de sensibilisation sur les propositions des réformes de la justice.

À l’en croire, celles-ci proviennent des lobbies économiques et sociaux. D’autant plus que 99,99% des affaires qui sont jugées devant la justice n’intéressent pas l’État. Ce sont, souligne-t-il, des affaires qui opposent des civils ou des entités privées. « Il arrive même que l’État soit condamné sans que le ministère de la Justice ne soit au courant », rapporte-t-il.

S’agissant de la précipitation du jugement de certaines affaires judiciaires comme le dossier de Khalifa Sall, le ministre de répondre : « Le jugement d’un dossier dépend de sa maturité. Quand vous avez un dossier, il faut de l’instruction. Il faut avoir tous les éléments pour juger un dossier. C’est pourquoi vous avez des dossiers qui prennent plus de temps que d’autres. Il y en a qui disent que c’est suspect mais tout dépend de la maturité du dossier. »

Avec Seneweb – Aliou Diouf

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