Istanbul : L’Allocution du Ministre Mankeur Ndiaye au conseil des ministres de l’OCI

Permettez-moi, de prime abord, d’adresser mes sincères remerciements au Gouvernement et au peuple de la République de Turquie et à notre Frère Son Excellence M. Mevlüt CAVUSOGLU, pour le chaleureux accueil, empreint d’une généreuse hospitalité, qui m’a été réservé avec ma délégation et les délicates marques d’attention, depuis notre arrivée dans cette belle et historique ville d’Istanbul.

Je voudrais, également, adresser mes sincères remerciements et félicitations à Son Excellence Monsieur Iyad Ameen MADANI  pour le travail remarquable qu’il accomplit à la tête de notre organisation. Son leadership, son engagement et son professionnalisme ont beaucoup aidé à renforcer les activités de l’Organisation et à consolider sa position, et son rayonnement sur la scène internationale.

J’exprime ma profonde gratitude à la République Arabe d’Egypte, à mon frère et ami Son Excellence M. Sameh CHOUKRY qui a assuré avec engagement et compétence, la présidence du Conseil des Ministres en contribuant pleinement au rayonnement de notre Organisation.

Mesdames et Messieurs;

Puisque c’est la première fois que l’occasion m’en est offerte, je voudrais vous adresser les plus vifs remerciements du Gouvernement du Sénégal pour le soutien précieux que les Etats membres de l’OCI ont apporté à l’élection du Sénégal au Conseil de Sécurité des Nations Unies et au Conseil Exécutif de l‘UNESCO.

Mesdames et Messieurs ;

Le thème de ce 13ème Sommet islamique « Unité et Solidarité pour la Justice et la Paix », rappelle les principes fondateurs de notre Organisation qui, depuis sa création en 1969, a toujours œuvré pour la promotion de la paix dans le monde.

L’implication de plus en plus de l’OCI dans le règlement des crises et conflits dans les pays de la Oummah montre que nos dirigeants ont pu mesurer l’impact des crises politico-militaires et les conflits armés sur le développement de nos Etats et le frein qu’ils constituent pour le bien-être de nos populations.

C’est pourquoi il est heureux de constater que notre organisation a replacé, au cœur de son agenda, la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans le monde musulman, comme l’attestent les nombreuses missions de bons offices et la désignation d’Envoyés spéciaux, notamment en République Centrafricaine, en Syrie, en Irak, au Yémen, en Somalie, au Mali, au Myanmar et dans le Sud des Philippines.

En dépit de ces initiatives et des succès enregistrés avec les dernières élections, notamment au Bénin, au Burkina Faso, en République centrafricaine et en Côte d’Ivoire, dont nous nous félicitons, force est de reconnaître qu’aujourd’hui de nombreux pays connaissent des crises et que le terrorisme et l’extrémisme violent prennent du champ.

Ces crises intensifiées par l’expansion de Daesh sont d’autant plus préoccupantes que beaucoup sont localisées au sein de la Oummah islamique avec, notamment, les conflits en Syrie, en Irak, au Yémen, en Somalie et en Libye pour ne citer que ceux-là qui s’ajoutent, du reste, au lancinant conflit israélo-palestinien.

Dans ce contexte, je voudrais réitérer le soutien du Sénégal à l’heureuse initiative du Royaume d’Arabie Saoudite de  mettre en place une large coalition internationale, afin de combattre les groupes terroristes.

Cette coalition témoigne de la volonté inébranlable du monde islamique de combattre le terrorisme et de s’ériger comme un partenaire incontournable dans la lutte mondiale contre ce fléau en s’appuyant sur la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, et, plus récemment, le Plan d’action du Secrétaire Général de l’ONU pour la Prévention de l’extrémisme violent, présenté en janvier 2016, de même que sur les Résolutions 2178 (2014) sur les combattants étrangers et 2253 (2015) du Conseil de Sécurité sur les sanctions contre Daesh.

Au-delà, les défis sécuritaires de l’heure, comme ceux qui se posent au Sahel, ne sauraient être relevés que si l’on s’attaque aux racines du mal. A cet égard, ce 13ème Sommet devrait être l’occasion pour notre Organisation de réfléchir davantage sur les voies et moyens de mettre en place des mécanismes aptes, non seulement à nous permettre d’anticiper sur d’éventuels conflits et crises, mais également, qui soient capables de favoriser des perspectives à notre jeunesse, de renforcer la solidarité islamique dans la lutte contre l’extrême pauvreté, la faim et le sous-développement.

A cet égard, le Programme spécial pour le développement de l’Afrique mérite d’être soutenu et renforcé, en mettant l’accent sur la promotion des projets régionaux.

En effet, il faudrait éviter que les jeunes deviennent des proies faciles pour les recruteurs qui surfent très souvent sur les vagues de la pauvreté pour développer leur rhétorique extrémiste à leur endroit.

Par conséquent, il est devenu urgent, à titre préventif, d’accorder une priorité absolue à l’éducation et à l’emploi des jeunes, sans perdre de vue le renforcement des capacités des femmes, pour leur donner l’opportunité de contribuer  à la paix et au développement économique et social.

Cette politique doit être accompagnée  par une promotion des vraies valeurs de l’Islam, du dialogue interculturel et de la culture de la paix et de la tolérance, à laquelle s’attèle le Comité permanent pour l’Information et les Affaires Culturelles (COMIAC), sous la haute autorité du Président de la République du Sénégal, Son Excellence Monsieur Macky SALL qui présentera au Sommet son rapport à ce sujet.

Dans sa phase de redynamisation illustré par le succès de sa 10e session, tenue en 2015, le COMIAC, entend jouer pleinement le rôle qui est le sien, à travers notamment l’implication de la jeunesse musulmane dans la promotion des vraies valeurs de l’Islam que sont la paix, la tolérance et la solidarité.

A cela s’ajoute la nécessité pour nos pays de se concentrer sur d’autres défis, tels que la question palestinienne, le changement climatique, la réalisation des Objectifs de Développement durable, le Plan d’Action décennal de l’OCI 2016-2025, celle à mener contre l’Islamophobie, la situation des minorités musulmanes dans le monde, le sort des réfugiés et des personnes déplacées dans notre espace.

 

Mesdames et Messieurs les Ministres ;

 

Le règlement de la question palestinienne demeure  encore, plus que jamais, une responsabilité morale pour la Communauté internationale et un défi de taille pour notre organisation.

En réaffirmant la centralité de la cause palestinienne, le 5ème Sommet extraordinaire de l’OCI, tenu les 06 et 07 mars derniers à Jakarta,  illustre, si besoin en est, l’importance et la primauté de cette question pour la Oummah islamique.

En effet, le Peuple palestinien continue de subir le blocus à Gaza, dans un contexte qui reste dominé par l’impasse des négociations, la situation des prisonniers palestiniens, la poursuite de la colonisation israélienne en Cisjordanie assorties de stratégies de modification démographique, géographique et culturelle de la ville d’Al Qods Al-Sharif.

Cette crise, qui continue de compromettre la paix et la sécurité régionales et mondiales, mérite toute l’attention requise et une solution à deux Etats tant réclamée: la Palestine, avec Jérusalem-Est comme capitale, et Israël, coexistant pacifiquement dans des frontières sûres et internationalement reconnues et garanties.

Pour l’heure, il demeure impératif, comme l’ont souligné nos dirigeants lors du 5ème Sommet extraordinaire de l’OCI, de continuer nos efforts au niveau du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour l’exhorter à respecter ses obligations en vertu de la Charte et à assumer ses responsabilités légales et morales, afin que des négociations israélo-palestiniennes, crédibles, basées sur les résolutions pertinentes des Nations Unies, les termes de référence de la Conférence de Madrid, l’initiative de paix arabe et la feuille de route du Quartet, se tiennent, au nom de la paix dans tout le Moyen-Orient.

Le Sénégal, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du Peuple palestinien, s’engage à mettre à profit son mandat au Conseil de Sécurité pour ériger la question palestinienne au rang de priorité. C’est dans cet esprit, d’ailleurs, qu’il se réjouit d’organiser, conjointement, avec les Nations Unies et l’OCI, la 3e Conférence internationale d’information sur Jérusalem, les 03 et 04 mai 2016, à Dakar.

Mesdames et Messieurs les Ministres ;

 

Je ne terminerai pas sans évoquer, pour solliciter votre soutien, la nouvelle thématique : « Eau, Paix et Sécurité » qu’envisage d’introduire le Sénégal dans l’agenda du Conseil de Sécurité, afin de susciter, dans un esprit constructif, ouvert et consensuel, une réflexion sur l’importance d’assurer une gestion pacifique des cours d’eau internationaux .L’OCI peut et doit jouer un rôle important dans l’identification de domaines d’action concertés dans la promotion de l’hydro-diplomatie, le renforcement des capacités des Etats dans la gestion des eaux dans l’espace OCI, en promouvant la coopération et l’intégration régionales.

Par ailleurs, en sachant pouvoir toujours compter sur votre appui habituel, je voudrais annoncer la candidature du Sénégal au Conseil des Droits de l’Homme, pour la période 2018-2020, à l’occasion des élections prévues en 2017, à la 72e session de l’Assemblée Générale des Nations Unies.

Pour terminer, je renouvèle l’engagement sans limite du Sénégal au service de l’OCI, de ses idéaux et de nos causes communes, au service de la solidarité, de la paix et de la justice.

ASSALAMOU ALEYKOUM WA RAHMATOULLAHI WA BARAKATOUHOU.

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