Idrissa Seck : “Je suis attristé que le président utilise l’institution judiciaire pour combattre et écraser des adversaires politiques”

A Porokhane hier pour présenter ses vœux à la communauté mouride, le président du Rewmi, Idrissa Seck, s’est apitoyé sur le sort que l’actuel président de la République, Macky Sall, réserve à son prédécesseur Abdoulaye Wade et au maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall.  “Je suis attristé que le président de la République utilise l’institution judiciaire pour combattre et écraser des adversaires politiques”, a-t-il dit.

Idrissa Seck multiplie les assauts contre le régime de Macky Sall. Engagé dans une tournée politique qui l’a déjà conduit dans plusieurs localités du pays, en perspective des prochaines joutes électorales, le président du Rewmi ne cesse d’acculer le pouvoir depuis un bon moment sur plusieurs questions d’intérêt national.

A Porokhane hier, pour présenter ses vœux à la communauté mouride, à l’occasion du Magal célébrant la mère du fondateur du mouridisme, Sokhna Diarra Bousso, l’ancien Premier ministre en a profité pour plaider la cause de son ex-mentor Abdoulaye Wade, par ailleurs ancien président de la République du Sénégal.

Selon Idrissa Seck, le comportement du président Macky Sall visant à détruire des leaders politiques qui auraient pu servir le pays et le continent est une démarche tout à fait inacceptable. Prenant ainsi le cas du président Abdoulaye Wade, il regrette aujourd’hui que l’Afrique et le Sénégal soient privés de son “talent diplomatique, de son envergure et de toute sa flamboyance’’. “Aujourd’hui, ni l’Union africaine, ni la Cedeao, ni l’Uemoa, encore moins l’Onu ne font appel à lui, du seul fait du traitement que lui réserve Macky Sall. Je trouve cela indigne’’, condamne-t-il fermement. Pour ce qui concerne le maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall, le président du Conseil départemental de Thiès estime qu’il est victime du même traitement.

Il regrette ainsi qu’au moment où, dit-il, “la coopération décentralisée est un pilier essentiel de la diplomatie, le régime l’écrase et prive, du coup, l’ensemble des communes du pays de son apport’’. “Je suis attristé que le président de la République utilise l’institution judiciaire pour combattre et écraser des adversaires politiques. Le procès de Khalifa Sall est un procès politique, parce que le décret qui a mis fin au mode de fonctionnement de la caisse d’avance depuis son institution porte sa signature. Donc, il ne pouvait pas l’ignorer, dès lors que ce décret date de 2004’’, fulmine le leader de Rewmi.

Idrissa Seck se demande d’ailleurs pourquoi, depuis 2004, Macky Sall n’a jamais soulevé le problème et pourquoi seulement maintenant au moment où Khalifa Sall manifeste son ambition présidentielle. Au chef de l’Etat, il rappelle ainsi ce qu’un vieux sage peulh lui avait dit : “Un vrai chef doit porter deux noms : ‘Tognékha’ (celui qui ne fait pas offense aux autres) et ‘Yoptatako’ (celui qui ne se venge pas, qui ne cherche pas à écraser les gens).’’

Ce rappel fait, Idrissa Seck fustige les déplacements du président de la République qui, selon lui, occasionnent des dépenses qui devraient être versées dans une caisse pour solutionner les nombreux problèmes auxquels il fait face. Il attend ainsi de Macky Sall “qu’il achète l’arachide des paysans, qu’il paye les bourses des étudiants et leurs frais de scolarité pour ceux d’entre eux qui n’ont pas eu de place dans le public et qui ont été orientés dans des institutions privées, qu’il respecte ses engagements vis-à-vis des enseignants, qu’il veille sur la sécurité des Sénégalais, celle routière en particulier’’.

Aux yeux du leader du Rewmi, “faire des tournées folkloriques, répéter des promesses qu’on a déjà faites et qu’on n’a pas respectées, ne relève pas du comportement adéquat d’un chef d’Etat’’.

EnQuete

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