Des enfants, des vieux; et des jeunes de la rue ?

Je salue, avec toute la sincérité nécessaire, le retrait des « enfants » de la rue. J’encourage aussi, avec toute mon énergie, le retrait en cours des« personnes âgées ou adultes », de la rue. Mais que fait-on des « Baye Fall » qui polluent aussi la rue ? Ils ont tout un dénominateur commun : tendre la main. Si les uns le font pour leurs maîtres, d’autres pour leurs ventres, les derniers le font tout aussi pour leur « marabouts ».

Je garde en mémoire, cet enfant, devant la porte d’un bus, clarifiant qu’il est « apprenant » du Qur’an. La précision était de taille. Il y a des « intrus », dans le secteur, au point que le donneur ne reconnait à peine qui est « vraitalibé » et qui ne l’est pas. Le propos de cet enfant m’interpelle encore. Il sonne dans ma conscience. Comment en est-on arrivé là, à justifier, la main tendue au nom de l’apprentissage du Saint-Qur’an ?

Précision. Je suis musulman « pratiquant » : je lis le Qur’an, je prie, je jeûne, je donne l’aumône à la mesure de mon avoir et je voudrais bien me rendre à la Mecque pour pèlerinage… J’ai donc appris à lire le Qur’an mais sans mendier. Mais, j’ai puisé de l’eau, pilé du mile et du riz…, j’ai défriché, labouré, cultivé et récolté. Pourquoi ? Pour permettre à mon maître d’avoir le temps de m’inculquer le savoir.

J’ai travaillé pour lui afin que maître Coranique puisse assurer mon « instruction » et de s’occuper de certaines de ces tâches familiales, etc…, à l’image de beaucoup d’enfants ruraux qui ont emprunté ces pistes pour apprendre à lire le Qur’an. Mon maître n’aimait pas bouger de sa maison, à plus forte raison du village voire même de la région. Les seules fois qu’il l’a fait, c’était pour se faire consulter et traiter à l’hôpital.

Comment en est-on arrivé à cet « exode spirituel » par lequel des adultes, font dans « latraite  des enfants » au seul motif du « devoir les apprendre le Qur’an ? » Pourquoi l’Etat a laissé faire autant d’années ? Peur des chapelets ou des versets ? Des versets. Parlons-en. Je veux, pour mieux comprendre, qu’on m’indique un verset, où Allah instruit qu’un enfant tende la maison sous le soleil, dans la rue, pour son maître ?

Je veux aussi, pour faciliter la digestion de ce verset, qu’on me dise dans quel ouvrage des « Hadiths (propos ou gestes) » du Prophète Mouhammad (saws) qui recommande cette traite des enfants ? Et puis pour mieux appréhender, je veux un enseignement d’un érudit, Imam Malick, Imam Châfi, Imam…, entre autres… Pour rappel, au Sénégal, la Loi (N° 2005-06) interdit de telles pratiques. Alors au nom de quoi perdurent-elles ?

Elles perdurent et s’élargissent des « enfants » aux « adultes ». Les rues de Dakar, de Thiès, de Kaolack, Ziguinchor, etc… sont bondées de mendiants qui bravent soleil, pluies, fraicheur et autres facteurs dégradants, pour tendre la main, à longueur de journée, toute l’année durant. Ils proviennent généralement de pays riverains du nôtre. Une surproduction de « nécessiteux » que les systèmes politiques nous envoient sans accord.

Mais revenons au Sénégal. Dans nos mêmes rues, on rencontre, des jeunes, bien portant, très bien portant, qui tendant « mains et esprits ». Je veux nommer les « Baye Fall » qui, au nom du même principe de « servir le maître », tendent les mains. Pire, eux, sont souvent ivres, sales, trop sales même, font dans un tapage sonore désagréable. Souvent dans un véhicule sonorisé, ils créent une pollution sonore sur leur passage.

Au nom d’une supposée « tarbiyya » (éducation spirituelle) ou une « discutable » perpétuation de la loyauté « active » de leur guide, Cheikh Ibra Fall, à Serigne Touba, ils se sont constitués en communauté en total déphasage avec les enseignements de l’Islam. Ils ne prient pas et jeûnent. Deux piliers de l’Islam que le « Prophète Muhammad a observé, fait observer et a invité à observer ». Insuffisant ou impertinent pour eux.

C’est comme un journaliste reporter qui, au nom d’une solidarité avec son cadreur, préfère tenir le trépied, pour amoindrir le poids, que de tendre son micro à l’interlocuteur. Un reporter qui ne fait pas de reportage. Un chasseur sans lance, sans piège, un pécheur sans filet ni gilet. Bref un juge sans langue, un marcheur sans pied, un nageur sans mains… Alors que nous sommes dans un contexte mondial de « JRI (journaliste reporter d’image).

Pourquoi sortir «enfants et vieux » de la rue et laisser se poursuivre les mêmes pratiques par les « jeunes »Baye Fall ? N’est-ce pas là, deux poids, trois mesures ? Ou bien cherche-t-on, et ça concerne autant les gouvernants passés qu’actuels, à produire deux ou plusieurs catégories de sénégalais devant la même Loi ? Pourquoi permettre à Touba ce qu’on refuse à Tivaouane, Alwar et tous les autres lieux d’instructions islamiques ?

Sénégalaises, sénégalais ! Nous sommes tous, autant que sommes, comptables de l’Etat actuel comme du devenir de notre cher Sénégal, que nous aimons tant entendre chanter comme « exemple », à l’image de a Côte d’Ivoire d’avant crises politico-militaires…Albert Einstein, en 1934, dans « Comment je vois le monde ? », disait que « le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire ».


Mamadou Lamine BA

Citoyen sénégalais

ballamine@gmail.com

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