Émouvant – Ce vieux risque de mourir sans assistance !

Il a dépassé les 80 ans. Les yeux globuleux, les cheveux blanchis par le poids de l’âge, il est couché à même le sol, à côté d’un tas d’immondices, près du Cem qui fait face à la Mosquée du Point E, à un jet de pierre du commissariat de la localité. C’est ici qu’il dort depuis mardi dernier. Qu’il pleuve ou vente, il est là, n’ayant nulle part où aller.

Un arbre planté à côté lui sert d’abris. Son cas émeut plus d’un. Mais aucune solution n’est encore trouvée le concernant.
Le “merr gadou” (matelas de fortune) et les habits neufs que des étudiants lui ont offerts, il n’a pas jugé utile de les utiliser. Il préfère se coucher sur l’asphalte, la tête tournée vers le ciel, le regard hagard, demandant de temps en temps au gardien de l’entreprise d’en face de lui donner de l’eau à boire.

“Il est en danger de mort et s’il meurt ici, toutes les structures sanitaires du pays devraient être poursuivis pour non assistance à personne en danger”, peste un étudiant, préoccupé par le sort du vieux. Un vieux dont on ignore tout. D’où vient-il ? Qui sont ses parents ? Comment il est arrivé ici? Mystère.

Demandez lui comment il s’appelle, il vous répondra : “Borom Darou”. “Quel est votre nom de famille ?”. “Kâ”, répond-il. “Où habitez-vous?”. Il rétorque : “si vous voulez m’aider, amenez moi à “Jakkah zinc” (la mosquée construite avec des zinc)”. “Et où se trouve cette mosquée”. Silence. Fin de la discussion. Subitement, le vieux se renferme sur lui et n’accepte plus de piper mot.

Un gardien trouvé sur place par un reporter de Seneweb explique que “ce sont des ambulanciers qui l’ont déposé nuitamment sur les lieux, il y a quatre jours”. “L’ambulance s’est arrêté subitement, ils (les occupants) ont sorti le vieux et l’ont déposé sur le trottoir. Avant qu’on ne comprenne ce qui se passe, la voiture a démarré en trombe. Personne n’a eu le temps de relever le numéro d’immatriculation. Mais, je suis formel : c’est une ambulance qui l’a déposé ici”, explique-t-il.

“Beaucoup de gens sont venus le voir. Les agents du commissariat du Point E sont également venus le voir. Mais jusqu’ici, aucune solution n’a été trouvée”, ajoute le gardien. Même si la police continue à se démener pour faire retrouver au vieux sa famille ou lui trouve un gîte.
Joint au téléphone par Seneweb, le commissaire du Point E, Daouda Bodian, soutient que ses agents et lui font tout pour un dénouement heureux de cette affaire.

“Nous faisons tout pour un dénouement heureux” (Police)

“On n’est pas resté les bras croisés. Lorsque nous avons été mis au courant, nous nous sommes rendus sur place et avons vu le vieux. Nous avons requis les services des sapeurs-pompiers. Il a été acheminé à l’hôpital Abass Ndao. Une médecin l’a consulté et il n’est pas en danger de mort comme les gens le disent. Il a, cependant, des problèmes de motricité car l’une de ses jambes semble paralysé. Il semble avoir aussi des troubles psychiques. Nous avons envoyé des réquisitions à l’hôpital de Fann et à l’hôpital psychiatrique de Thiaroye.

Mais là aussi, il se pose un problème de prise en charge car les malades mentaux doivent avoir des accompagnants. Nous avons acheminé le vieux à la Rts, on l’a filmé et diffusé ses images pour retrouver sa famille. Hier, des gens qui avaient perdu un des leurs parents sont venus le voir, mais finalement, ils ont dit que ce n’est pas la personne qu’ils cherchaient.

Voila la situation que nous suivons de très près. Nous sommes un commissariat, nous avons nos limites. Nous ne sommes pas une structure d’accueil. Si un hôpital accepte de l’accueillir, à la minute qui suit, nous délivrons la réquisition”, promet le commissaire.
En attendant une issue heureuse, le vieux dort à la belle étoile et se restaure de bananes et autres fruits offerts gracieusement par des riverains.

Daouda Mine – Seneweb

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