Election présidentielle en Gambie: Les Gambiens retiennent leur souffle

Ouverte depuis le 16 novembre dernier, la campagne électorale pour la Présidentielle gambienne a pris fin hier à minuit. Deux semaines durant lesquelles les différentes formations politiques en lice ont rivalisé d’ardeur et de promesses.

L’air zen, la mine décompressée, sourire en coin, droit devant son commerce, Aliou Jallo ne semble pas être préoccupé par la campagne électorale qui bat son plein à Banjul et ses environs. A 48 heures du scrutin devant déterminer le futur Président de la Gambie et qui trouble tous les esprits, ce commerçant gambien d’origine sénégalaise est partagé entre foi et craintes.

La quarantaine révolue, taille moyenne, Aliou reste, toutefois, préoccupé par l’après-scrutin. «Nous résidons dans ce pays depuis des décennies, avec notre famille et pratiquement tous nos biens. Je n’ai pas participé à la campagne, parce que je suis apolitique.

Depuis que je réside ici, je me concentre sur mes affaires. Cela ne m’empêche pas d’accomplir mes devoirs civiques et le jour du scrutin, je compte aller voter. Mais, je suis très préoccupé par les résultats du scrutin», souffle Aliou, un brin inquiet. Au moment où le marché Serrekunda, l’un des plus grands de la Gambie, grouille de monde, Aliou qui pianote de temps en temps sur son téléphone portable, jette un regard sur l’ambiance électorale qui rythme cette fin de campagne. De Banjul à Bakau, en passant Serrekunda, les rues gambiennes puent du monde. Ça chante, ça danse, ça raisonne à tout bout de champ.

La campagne électorale ouverte depuis le 16 novembre dernier, est arrivée à sa phase terminale. Elle a pris fin hier à 23 heures 59 minutes, selon les dispositions du Code électoral gambien. Le président sortant, Yaya Jammeh, chef de file de l’Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (Aprc), après des visites dans la quasi-totalité des localités du pays, a bouclé sa campagne électorale dans la capitale gambienne. Au moment où l’homme fort de Gambie tient son meeting de clôture à Banjul, la «Gambia democratic congres (Gdc en anglais), une coalition de huit formations politiques, dirigée par Amadou Barrow, sillonne les artères de Youna, Daru Busumbala, Kunkujang Keitayaa, Brikama Praying Groun, avant de clôturer sa campagne à Bakau.

Dans cette même ambiance électorale, le troisième candidat de ce scrutin présidentiel, Mama Kandé, qui dirige «The Indépendants» (les indépendants), a bouclé sa campagne par une marche. Les indépendants ont fait Dippakunda five Junction, Marché Ngélew, Cider, Old Jeshwang, Bakau Newtown et Bakau Praying Ground (Ngum Junet).

Une campagne au rythme «Aya jee Jam…» (Quitte le pouvoir…)

Ils ont rivalisé d’ardeur et les slogans fusent de partout. Galvanisé par une foule surexcitée, le leader de la coalition Gdc, Amadou Barrow, ouvre la rengaine. «Aya jee… Aya jee Jammeh (en langue Socé)» (Quitte le pouvoir). Un refrain repris dans les grand’places, les marchés, les autocars, et qui a fini de faire fureur en Gambie, même si le tout puissant Président Jammeh n’a pas encore dit son dernier mot.

Tout au long de sa campagne, Jammeh n’a cessé de promettre, s’il est réélu, de rendre gratuites les études supérieures pour tous les étudiants, dès l’ouverture de l’année académique 2018. Mieux, le chef de l’Etat sortant a promis aux habitants de la localité de Jara central la gratuité de l’eau et l’électricité. En somme, Jammeh promet aux Gambiens de mettre fin à la pauvreté qui tue son peuple.

Pour sa part, Amadou Barrow jure de faire de la Gambie un Etat démocratique. Un pays où les libertés des personnes seront respectées, une Nation libre et prospère.

Il a précisé qu’il sera un Président de transition. Mais, contrairement aux précédentes campagnes présidentielles qui ont vu l’homme de fort de Kanilaï rempiler pendant 22 ans à la magistrature suprême de la Gambie, celle de cette année a été satisfaisante. Les différentes formations politiques qui ont pris part à cette course à la Présidence, ont salué la bonne tenue de la campagne électorale. Citoyens simples comme autorités politiques ou religieuses restent unanimes pour dire que c’est la première fois, sous l’ère Jammeh.

«Depuis que le Président Jammeh est à la tête du pays, c’est la première fois que j’assiste à une campagne électorale sans heurts majeurs, ni arrestations tous azimuts», confie un Imam sous le sceau de l’anonymat. Et d’ajouter : «La Gambie est un seul peuple. C’est pourquoi, à l’image de cette campagne sans violence, nous invitons les leaders à poursuivre cette voie pour que la paix continue de régner en Gambie et que le verdict des urnes reflète le choix des citoyens.» Néanmoins, les Gambiens retiennent leur souffle et souhaitent que la paix règne après le scrutin, quel que soit le verdict des urnes.

L’OBS

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