Le discours du Ministre Mankeur Ndiaye à la Conférence ministérielle sur le Processus de Paix au Proche-Orient

Ce vendredi 03 juin 2016, à Paris 25 pays dont 4 africains à savoir l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Maroc et le Sénégal ont pris part à une rencontre à laquelle ont été conviées trois organisations internationales : l’ONU, l’UNION EUROPEENNE ET LA LIGUE DES ETATS ARABES, une Conférence ministérielle sur le Processus de Paix au Proche-Orient.
Voici in extenso le discours du Ministre des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieurs 

Monsieur Jean Marc AYRAULT, Ministre des Affaires étrangères et du Développement international,

Mesdames, Messieurs,

Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,

Mesdames et Messieurs, en vos rangs, titres et qualités,

 

Qu’il me soit permis, à l’entame de mon propos, de transmettre les chaleureuses félicitations de Son Excellence Monsieur Macky SALL, Président de la République du Sénégal à Son Excellence Monsieur François HOLLANDE, Président de la République française, pour avoir pris l’heureuse initiative de convoquer cette importante rencontre qui a comme noble ambition de relancer le processus de paix au Proche-Orient.

Par cette initiative que nous saluons, la France démontre, aujourd’hui, une fois de plus, tout l’intérêt qu’elle accorde à la paix dans la Région. Elle est dans son rôle historique dans cette région névralgique du monde.

En prenant part à cette importante réunion, suite à l’aimable invitation de la France, le Sénégal souhaite réaffirmer son engagement constant en faveur du règlement juste et durable du conflit israélo-palestinien, en sa qualité de Président, depuis 1975, du Comité de l’Assemblée Générale des Nations Unies pour l’exercice des droits inaliénables du Peuple palestinien.

Notre présence se justifie également par le sentiment d’un devoir agissant de solidarité et par la foi en la paix à bâtir ensemble avec les Palestiniens et les Israéliens, à travers cette précieuse opportunité que nous offre l’initiative française.

 

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,

Cette initiative vient à point nommé car les derniers développements relatifs au conflit que nous déplorons tous, au lieu de favoriser un climat propice au dialogue, semblent hélas nous en éloigner.

Faudrait-il le rappeler, sur le terrain règnent encore la tension, la violence, la poursuite des colonies de peuplement, le blocus de Gaza avec ses conséquences humanitaires préoccupantes, le sort des prisonniers palestiniens ; le tout sur fond d’absence d’un horizon politique clair.

Il s’y ajoute une poussée du terrorisme et de la radicalisation ainsi que le sectarisme et des bouleversements géopolitiques d’envergure dans la Région, à bien des égards, alimentés par ce conflit.

Le sentiment de désespoir généralisé dans les territoires occupés mais également et surtout la scission profonde entre Palestiniens et Israéliens ; une séparation physique, culturelle, anthropologique qui ne cesse de se creuser, constituent de véritables défis à la paix et à la réconciliation entre les deux peuples pourtant condamnés à vivre  ensemble. C’est la loi de la géographie. Donc de l’histoire.

Comme pour ternir davantage ce tableau somme toute sombre, les négociations israélo-palestiniennes sont restées dans l’impasse depuis au moins deux ans.

Aussi, le règlement de ce lancinant conflit dans une Région qui nous est tous si chère, mérite-t-il toute l’attention requise de la Communauté internationale, car autrement, l’échec continuerait de mettre en jeu des vies humaines et saperait les fondements même du multilatéralisme, si essentiel à la paix et à la sécurité internationales.

Mesdames et Messieurs,

Même si elles ont connu des fortunes diverses, différentes initiatives de paix ont été entreprises par la Communauté internationale pour relancer le processus de paix israélo-palestinien. Mais aujourd’hui c’est l’impasse, le statu quo.

Je salue à cet égard l’engagement louable de différentes parties prenantes telles que le Quartet, mais aussi les efforts d’autres partenaires comme l’Organisation de Coopération Islamique (OCI), la Ligue des Etats Arabes, l’Union Européenne, l’Union Africaine, les Etats Unis d’Amérique.

Quelles que soient les frustrations qui peuvent nous animer face à l’absence de progrès tangibles du processus politique, notre conviction est que les efforts entamés doivent être poursuivis, renforcés et intensifiés jusqu’à ce que le défi de la paix soit relevé, à travers la solution à deux Etats : la Palestine et Israël, vivant dans la paix et la sécurité, dans des frontières sûres et internationalement reconnues et garanties.

C’est là une responsabilité à la fois morale et légale qui incombe à la Communauté internationale, en particulier au Conseil de Sécurité des Nations Unies qui devrait jouer le rôle qui lui revient de garant de la paix et de la sécurité internationales.

Au demeurant, je tiens, ici, à faire écho aux appels amicaux qui ont été lancés aux dirigeants israéliens et palestiniens, en tant qu’acteurs principaux, afin qu’ils fassent davantage preuve d’engagement et d’ouverture dans un esprit constructif, avec l’assistance de la Communauté internationale, en particulier du Quartet et des pays de la Région, pour que le Proche-Orient puisse renouer durablement avec la Paix et la Stabilité.

Mesdames et Messieurs,

Nos efforts en faveur d’une paix juste et définitive devraient continuer de  prendre notamment en compte les termes de référence de la Conférence de Paix de Madrid, de la Feuille de route mais également de l’Initiative de Paix arabe, laquelle préconise, au-delà de la Palestine, une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes de la Région.

Notre pays attend avec intérêt la publication prochaine du rapport du Quartet sur le statu quo, en espérant qu’il contribuera à surmonter l’impasse actuelle et à alimenter l’initiative française.

Un autre aspect tout aussi important demeure la prise en compte de thématiques traitant de la résilience et du développement qui pourraient être appréhendées sous l’angle des Objectifs de Développement durable (ODD), en soutien à l’économie palestinienne, qui se trouve dans une situation très difficile.

En réaffirmant la place centrale reconnue à la société civile dans le cadre de la prise en charge de ce dossier, notre réunion invite, à juste titre, cet acteur important à poursuivre, en l’amplifiant, sa mobilisation au service de la paix dans la Région.

Ce dont il nous faut, comme l’a rappelé le Secrétaire général des Nations Unies,  c’est une véritable chance à la paix, sur la base d’un horizon politique clair devant aboutir à une solution pacifique à deux Etats, qui ne laisse place ni à la violence ni au terrorisme.

Mesdames et Messieurs,

Pour terminer, je voudrais vous dire tout l’espoir de ma délégation de voir nos travaux baliser le terrain à la prochaine Conférence prévue dans le second semestre de l’année en cours, avec la participation des parties au différend, qui devra donner toute sa chance au processus de paix en tant que seule voie de salut.

Pour sa part, le Sénégal, par ma voix, réitère son engagement et sa disponibilité sans faille à contribuer, autant que faire se peut, à la Paix et à la stabilité au Moyen-Orient.

C’est dans cet esprit et dans cet espoir que mon pays  participe à cette généreuse initiative de la France dont nous souhaitons tout le succès escompté.

Je vous remercie de votre aimable attention.

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