Diourbel : une ville dépourvue de plateau infrastructurel

Le leitmotiv le plus partagé par les natifs de Diourbel est : notre ville est «morte». Cette situation moribonde de la localité est, en partie, imputable à ses leaders politiques locaux, surtout ceux de ces dernières décennies.

Si des hommes politiques comme Louis Legrand et Mamadou Dia ont marqué la ville par leur stratégie politique et leurs réalisations, la plupart des politiciens qui leur ont succédé ont plus œuvré pour leurs intérêts personnels que pour l’intérêt de Diourbel.

Ils sont devenus riches et ont construit de belles maisons, mais n’ont jamais été utiles à la ville ; aucun programme de développement important défendu, aucune stratégie pour réduire l’indigence des populations.

Ces politiciens et politiciennes n’ont jamais pris exemple sur leurs autres collègues du pays qui ont su profiter de leur position et de leur influence dans la sphère étatique pour faire bénéficier à leur ville d’infrastructures considérables ou de programmes de développement significatifs (les leaders politiques de Dakar, Thiès et Fatick peuvent être cités en exemple).

Peut-être leur manquait-il du chauvinisme ? Leur stratégie a toujours été d’attendre la veille des élections pour faire du saupoudrage en distribuant des billets de banque à gauche et à droite à des populations appauvries et pour faire semblant de travailler politiquement à la base. Ces politiciens de métier n’ont pas compris que les Diourbellois sont intelligents, dignes et ne vendent pas leur patriotisme.

Ce ne sont pas la duperie et l’achat de conscience qui vont dicter leur vote, mais plutôt une politique sérieuse et des actions pertinentes. Compte tenu de tous ces maux cités plus haut, Diourbel présente depuis plusieurs années la même image d’une ville pauvre, usée et donc sans plateau infrastructurel. A propos de la responsabilité de l’Etat, elle date de longtemps et a donc traversé plusieurs régimes politiques.

 Le régime du Président Abdou Diouf, marqué par les ajustements structurels et le manque de volonté politique, n’a pratiquement rien réalisé à Diourbel. Celui de Abdoulaye Wade était le champion des promesses non tenues dans la ville de Diourbel ; beaucoup de Diourbellois se souviennent encore des 15 milliards qui étaient prévus pour la ville dans le cadre du programme spécial indépendance.

 Ce programme avait permis de doter plusieurs villes du pays d’infrastructures nouvelles. Mais Diourbel n’a jamais reçu son financement. Toutefois, ces régimes précités ont payé pour leur forfaiture, car depuis lors ils n’arrivent plus à gagner des élections à Diourbel.

Avec le régime du Président Macky Sall, des promesses sont faites et l’espoir est encore renouvelé. Les Diourbellois attendent avec beaucoup d’attention leur concrétisation.

Il y a un début de réalisation, avec le démarrage annoncé d’un programme de construction de quelques kilomètres de routes, mais la demande est plus importante que cela. La voirie doit être mieux fournie, le réseau d’assainissement réhabilité et étendu, le tissu industriel structuré et des stratégies de lutte contre la pauvreté et le chômage des jeunes développées.

En somme, depuis l’indépendance, la ville de Diourbel n’a pas eu de programme de modernisation. En plus, nous remarquons que les projets de développement implantés dans les autres villes sont généralement absents à Diourbel.

Pourtant, le principe de développement équilibré des territoires est consacré dans notre gouvernance. Nous lançons un appel à l’actuel régime pour apporter les ruptures nécessaires qui permettront à notre ville de sortir de l’ornière. Nous lançons également un appel à la nouvelle génération d’hommes politiques locaux pour plus de responsabilité et d’engagement dans la lutte contre la pauvreté et le manque d’infrastructures dans la ville. Les hommes d’affaires diourbellois ne doivent pas aussi être en reste, ils doivent accompagner toute dynamique de développement de la ville par l’entreprenariat et des investissements de qualité.


Samba GUISSE,

 Coordonnateur du Mouvement Diourbel ca kanam

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