Dindéfélo, un gâchis naturel

Trésor perdu dans la forêt et les montagnes de Kédougou, Dindéfélo, en cette période d’hivernage, est coupée du reste du monde. La commune, confrontée également à un manque terrible en eau potable, compte sur le projet Energie de l’Omvg pour sortir au moins des ténèbres.

Devenue célèbre grâce à ses merveilleuses chutes d’eau, Dindéfélo se noie pourtant dans la douleur. Des routes, de l’électricité, de l’eau… C’est tout ce que demande cette population dépourvue presque de tout. Nous sommes à Ségou, un des 12 villages qui composent la commune, le plus impacté par le projet Energie de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie, dans la région de Kédougou. Et toutes les occasions semblent bonnes pour exprimer ces vieilles doléances. Hier, devant les autorités déconcentrées et la délégation de l’Omvg, la vieille Kadidia Diallo, teint clair, avec toute la discipline qui caractérise les gens de ce hameau situé à la frontière avec la Guinée, supplie : “En venant ici, vous vous êtes sûre- ment rendu compte de l’état délabré de la piste. Notre principal problème, c’est cette voie impraticable, surtout en période d’hivernage. Nous souhaiterions également que vous nous la réhabilitiez’’, dit-elle en s’adressant naïvement à la cheffe de la délégation de l’Omvg.

Laquelle la réoriente gentiment vers les représentants de l’Etat à qui incombe cette mission. Sur place, c’est à se demander si des autorités passent de temps en temps dans cette zone pourtant pleine de potentialités. Avec ses cascades, sa réserve naturelle communautaire où l’on trouve même des chimpanzés, ses montagnes magnifiques, sa forêt dense, ainsi que ses nombreux cours d’eau.

Dindéfélo est ainsi une des attractions des visiteurs venus de tous les coins du Sénégal et du monde. Hélas, l’inaccessibilité constitue son principal frein sur le chemin de l’émergence. Le maire de la ville, Kikala Diallo, reconnait : “C’est vrai que c’est un réel problème. Nous essayons de prendre beaucoup d’initiatives pour booster le tourisme qui est une des caractéristiques de cette zone, mais c’est difficile, sans infra- structures routières.’’ Cela dit, M. Diallo a aussi tenté de rassurer ses administrés.

A l’en croire, le gouvernement est bien conscient du problème et a promis de l’inscrire parmi ses priorités. Il précise, optimiste : “Le ministre Oumar Youm (ministre en charge des Transports terrestres et des Infrastructures routières) était de pas- sage, il y a quelques jours, et il a réaffirmé cette volonté. Nous pensons que les travaux pourront être engagés bientôt.’’Ravie, l’assistance, composée en majorité de femmes, applaudit. La bonne dame qui avait évoqué la lancinante question se lève de son banc, se dirige vers lui, courbe l’échine et lui caresse les pieds en guise de remerciements. Mais en attendant la délivrance, le calvaire continue. Pas plus tard que cette semaine, informe l’édile, six bus remplis de touristes ont été contraints de rebrousser chemin, ne pouvant accéder à la localité.

Un manque à gagner énorme pour la municipalité, les hôteliers ainsi que la population toute entière. En fait, pour une distance longue seulement d’une trentaine de kilomètres, il faut faire plus d’une heure de temps à bord de 4X4 et de L200, se faufilant entre les arbres, bravant non pas des nids de poules, mais “d’éléphants’’ remplis d’eau de pluie, pour rallier Ségou, à quelques jets de la Guinée voisine. Un endroit paradisiaque, mais coupé du reste du monde.

         EnQuete

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