Dieu n’est pas Sénégalais… Par Samba Oumar Fall

En parcourant l’histoire, on apprend que l’humanité a connu une multitude de crises. Qu’elle a été secouée par des épidémies et pandémies parfois dramatiques. Nos grands-parents et parents n’ont pas été épargnés par la sécheresse, la famine, la peste et autres catastrophes qui ont frappé de plein fouet notre cher Sénégal. Avec le coronavirus, cet hôte indésirable qui, sans crier gare, nous a envahis, notre génération a, elle aussi, goûté à sa part de calamité.

Cette menace sanitaire venue de Wuhan, en Chine, a réussi à inscrire son nom sur les pages de l’histoire et à installer une psychose qui restera longtemps encore dans les mémoires.

Cette pneumonie virale a montré combien nous, pauvres mortels, étions vulnérables. Que n’a-t-on pas dit quand cette pandémie encore mal appréhendée par les scientifiques, n’avait pas encore franchi nos frontières ? Tout. On l’a minimisée, minorée voire banalisée. L’inconscience a amené certains à douter de son existence.

Samba Oumar Fall - Journaliste

Au lieu de prendre toutes les précautions recommandées par les autorités sanitaires pour lutter contre la propagation de ce fléau mondial que les pays les plus puissants de la planète ont du mal à juguler, nous nous sommes payés le luxe de mettre en place un nombre de mécanismes superstitieux, portés que nous sommes par la croyance que le sang qui coule dans les veines de l’Africain et la peau noire sont des facteurs de résistance au Covid-19 ; que cela nous éviterait d’être infectés.

Imbus de nos croyances apparentes, nous pensions que certaines choses n’arrivent qu’aux autres, tout simplement parce que nous bénéficions de la protection de nos chers marabouts et guides religieux que nous avons élevés au rang de dieu alors qu’eux-mêmes, mortels comme nous, ne sont pas à l’abri d’une contamination. Que nous sommes immunisés, grâce à leurs prières, contre la fatalité. Que sous leur protection, nous ne risquons absolument rien. Nous leur faisons plus confiance qu’à Dieu qui nous a créés. Fanatisme religieux ou hypocrisie religieuse? C’est tout comme. Le plus cocasse est que quand ça se gâte, nous nous rappelons de l’existence du Créateur. « Dieu est grand ! » entend-on partout telle une vieille rengaine. Quelle évidence ! Grand, Dieu l’a toujours été. Il n’a pas attendu qu’on soit là pour qu’Il le soit.

Alors que les experts et autres chercheurs n’avaient pas encore fini de s’interroger sur le faible nombre de cas en Afrique, le coronavirus qui avait sans doute quelques âmes à faucher sur notre continent y a pointé le bout de son nez. Il a assombri notre horizon quelque peu dégagé après l’épidémie d’Ebola. L’arrivée du tueur invisible au Sénégal a fait souffler un vent de panique jamais ressentie, alimenté surtout par les réseaux sociaux qui se sont enflammés depuis l’éclosion du Covid-19 en Chine, déclenchant ainsi une pandémie de désinformation. Il fallait bien s’y attendre. On a même fait circuler une théorie du complot autour du coronavirus, faisant croire que c’était une arme bactériologique créée par les États-Unis dans le seul but de gagner de l’argent grâce à un potentiel vaccin. Ceux qui ont véhiculé ces informations ont certainement trop lu le roman « The Eyes of Darkness », une fiction de l’écrivain américain, Dean Koontz, parue en 1981, qui prédisait une épidémie de type coronavirus et son origine.

Dans cet ouvrage, l’auteur raconte comment le virus appelé Wuhan-400 (étrange coïncidence quand même) a été développé dans des laboratoires militaires autour de la ville chinoise de Wuhan. Finalement, les services de renseignement américains réussiront à mettre la main sur des informations top secrètes du Programme d’armes biologiques ; ce qui a permis à l’armée américaine de mettre au point un vaccin là où les Chinois ont échoué. Toujours dans cette course à la désinformation, d’autres ont fait circuler la rumeur selon laquelle le coronavirus est une création d’industries pharmacologiques à des fins économiques. Bref, chacun y est allé de sa thèse.

Toujours est-il que depuis que le premier cas positif a été enregistré au Sénégal le 2 mars, la peur a changé de camp. Elle a bousculé les habitudes. La propagation du coronavirus nous a démontré qu’une toute petite particule infectieuse pouvait mettre à genoux tout un pays, toute une planète, sans que rien ne puisse l’arrêter. Et la suite risque d’être désagréable. Le coronavirus ne connait pas de nationalité. Il n’épargne personne. Cela devrait nous amener à comprendre que Dieu n’est pas Sénégalais ; même si certains croient dur comme fer qu’Il l’est. Il est le Maitre incontesté des Cieux et de la Terre.

 

◊ Samba Oumar Fall – Journaliste, écrivain

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