DIALOGUE SUR LE PÉTROLE ET LE GAZ : L’opposition en rangs dispersés

L’opposition sénégalaise apprécie différemment l’appel au dialogue lancé par Macky Sall sur le pétrole et le gaz. Si certains attendent d’être saisis officiellement pour participer à ces conclaves, d’autres, par contre, ont formellement décliné l’invitation.

L’appel au dialogue du président de la République sur les ressources pétrolières et gazières, est différemment accueilli par l’opposition. Celle-ci adopte des positions divergentes par rapport à la décision du chef de l’Etat de fixer la date de cette rencontre au 12 juin prochain. Ainsi, chaque entité pose ses conditions et avance ses arguments.

Déjà, avant qu’une date ne soit fixée, le leader du Grand parti, Malick Gakou, a, à travers une conférence, exigé d’abord la “déclassification’’ des rapports de l’Inspection générale d’Etat (Ige) sur le pétrole et le gaz. Au même moment, le Front patriotique pour la défense de la république (Fpdr), coordonné par Mamadou Diop Decroix, dénonce la gestion “cavalière’’ du président Macky Sall des ressources gazières et pétrolières.

Selon l’allié du Parti démocratique sénégalais (Pds), le président de Benno Bokk Yaakaar (Bby) prend des décisions avant d’appeler à des concertations. C’est également cette démarche que lui reproche le leader du Front pour le socialisme et la démocratie/Benno Jubël (Fsd/Bj) qui estime que le chef de l’Etat a mis les charrues avant les bœufs. “Il a pris sur lui la liberté de faire ce qu’il a voulu en avançant trop loin dans l’espace des contrats signés, en refusant en même temps la transparence autour de ces questions’’, dénonce Cheikh Bamba Dièye.

Ce dernier pense, toutefois, qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. C’est ainsi qu’il propose au régime actuel un flash-back pour mettre toutes les parties prenantes au même niveau d’information. “Cet appel n’a de sens que s’il accepte que la partie immergée puisse être examinée ensemble. On nous appelle autour d’un dialogue, alors que nous ne savons rien de ce qui a été fait. Des contrats ont été signés dans l’obscurité’’, dénonce l’ancien maire de Saint-Louis.

Selon lui, il est nécessaire de respecter ce préalable pour rendre cet appel au dialogue crédible et pertinent. “Si nous sommes d’accord que ce qui a été fait est conforme aux intérêts du Sénégal, nous pourrons poursuivre. J’attends que Macky Sall clarifie ce qu’il entend par dialogue.

Il y a un préalable : s’il est de bonne foi, il ne devrait pas y avoir de problème’’, laisse entendre le parlementaire. Si ce dernier pose ses conditions de participation, d’autres, par contre, gardent toujours en mémoire les actes posés par le président Sall qui les exclue des prises de décision. C’est le cas notamment du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur) qui reste catégorique. Les camarades du professeur Issa Sall ne comptent ni répondre à l’appel encore moins participer au dialogue.

“Dialoguer pour mettre fin à la méfiance mutuelle’’

D’après le chargé de communication du Pur, le moment n’est pas opportun pour des concertations. “Lors du vote de la loi sur le parrainage, on a dit ce qu’il fallait à l’Assemblée nationale, mais l’Etat a fait un forcing. Donc, ce n’est pas maintenant qu’il faut appeler les gens’’, peste Makhary Mbaye qui fait savoir que l’heure est à la massification dans sa formation politique. Chez Modou Diagne Fada, par contre, on attend d’être saisi officiellement par invitation pour découvrir les termes de référence et savoir sur quoi portera le dialogue. “Nous allons discuter au sein de notre parti et coalition pour prendre position’’, souligne le leader de Ldr/Yessal.

Cependant, le chef de l’Etat peut compter sur des partis comme le Mouvement des patriotes pour le développement (Mpd)/Liguey pour répondre à son appel. En effet, pour Aliou Sow, “c’est une excellente idée de convoquer ces concertations entre les différents acteurs afin de poser le débat autour des questions du pétrole et du gaz’’.

L’ancien ministre de la Jeunesse sous Wade pense que ces concertations pourront mettre fin à cette incompréhension, cette méfiance mutuelle et ce manque de confiance entre le régime, les forces de l’opposition et d’autres acteurs de la société civile. “Par conséquent, dialoguer ne saurait qu’avoir des vertus positives dans une démocratie. Se regardez avec méfiance sans aborder les questions qui créent des divergences ne fait qu’enfoncer les problèmes et créer des tensions inutilement’’, avertit-il.

En Conseil des ministres ce mercredi, Macky Sall avait convié l’ensemble des forces vives de la nation, dit-il, pour “instaurer un dialogue, une gouvernance inclusive et transparente de nos ressources naturelles et asseoir un consensus national durable (…) au service exclusif de la nation, de l’industrie pétrolière et gazière’’.

  • EnQuete
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