Dettes de la CMU à Matam : les précisions du Dr Bocar Mamadou Daff, directeur de l’Agence Couverture Maladie Universelle

Interpellé sur la dette de la CMU auprès des prestataires, le Directeur de l’Agence de la CMU, Dr Bocar Mamadou Daff, a préféré parler d’un «retard de paiement», parce que simplement, dit-il, ce qui a été convenu avec les structures de santé, c’était que celles-ci assurent les prestations, envoient les factures pour vérification et après l’Agence de la CMU procède au paiement.

Selon Dr Daff, les factures viennent souvent tardivement, car les gens ne font pas le travail qu’il faut, dans la promptitude et dans la complétude. Pour le cas spécifique de Matam, précise-t-il, il y a des retours de facture du fait que les structures pratiquaient les paiements à termes, c’est à dire que la structure sanitaire considérant que l’Agence de la Couverture Maladie Universelle paie tardivement, elle multiplie le Paf (Patient à ses Frais) par deux ou par trois. Ce qui oblige l’Agence à revoir tout cela et à renvoyer la facture afin de demander des corrections et pouvoir ensuite procéder au paiement. C’est cela qui justifie le retard, précise-t-il.

Les frais de l’assurance maladie étant coûteux, les ressources limitées, il y a forcément un petit déficit qu’il faut combler, mais selon le Directeur, le jeu  en vaut la chandelle parce que l’Etat travaille dans le sens de l’équité pour pouvoir prendre en charge les personnes les plus vulnérables. Il estime que ce qui est important, c’est que les structures de santé elles-mêmes soient résilientes, car elles continuent de fonctionner malgré tout.

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Sur la dette agitée un peu partout, Dr Bocar Mamadou Daff lie cela au contexte de la fête de la Tabaski, période durant laquelle les gens ont besoin de donner des primes. « A chaque fois que des situations comme ça se présentent, le débat est actualisé avant de s’estomper. Pour cette année, la CMU a pu payer près de cent quarante-sept millions aux structures de la région de Matam », assure-t-il.

Le Directeur général de l’Agence de la CMU a, par ailleurs, salué la mise sous tutelle de son agence au ministère du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale. Selon lui, c’est une manière de rapprocher l’Agence à la communauté. Dans les perspectives de l’Agence de la CMU, il annonce une évaluation exhaustive dans le cadre d’un partenariat stratégique avec le ministère de la Santé et de l’Action sociale. Lequel partenariat permettra, à terme, de construire une Couverture sanitaire universelle (CSU) tangible et pérenne au Sénégal. 

A propos du budget de l’Agence de la Couverture Maladie Universelle, Dr Daff estime qu’il est d’environ 13 milliards pour l’année 2019 en plus d’un apport supplémentaire de 7 milliards de francs Cfa pour payer une partie de la dette de la CMU. Avant d’ajouter : « pour une politique de gratuité pérenne, il faut bien l’encadrer avec un très bon ciblage pour ne permettre qu’aux ayants droit d’en bénéficier. Pour cela, l’Agence est en train de réaliser un entrepôt de données avec les ID (Identifications numériques) prenant en compte toutes les personnes concernées pour éviter une surconsommation des deux côtés aussi bien chez les prestataires que chez les consommateurs.»

A l’endroit des prestataires, Dr Daff assure que les plus hautes autorités du pays sont bien au fait de la situation et qu’elles sont en train de prendre les mesures correctives idoines. « On est en train de développer des stratégies pour apurer cette dette », assure-t-il, annonçant que dans les prochains jours, le ministère de tutelle va réunir tous les acteurs pour  solutionner ces retards de paiement, avec l’appui du ministère des Finances et du Budget.


 

 

 

           Par Djiby DEM

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