Demba DIOP de Dembancane, patron du RCS/ADSR: Il parle de son parti, de Macky Sall, des législatives…

Demba Diop est un haut cadre natif de Dembancane, dans le département de Kanel (région de Matam). Titulaire du Diplôme d’Etudes Supérieures Commerciales, Administratives et Financières/D.E.S.C.A.F et du Diplôme Universitaire de Technologie/D.U.T / Gestion des Entreprises et des Administrations, il a travaillé dans les secteurs de l’Elevage, de l’Huilerie et à la Loterie Nationale Sénégalaise / LONASE. Il a occupé, entre autres, les fonctions de Directeur Financier, de Contrôleur de Gestion, de chargé de missions et de Contrôleur Interne avant de quitter pour convenance personnelle et de s’investir dans le privé.
Député de la 11ème législature (2007 – 2012), il était militant du Parti démocratique sénégalais (PDS) avant de démissionner et de créer, en 2015, sa propre formation politique, le Rassemblement pour la construction du Sénégal/And Défar sunu rew (RCS/ ADSR) dont il est le secrétaire général. Dans cette interview exclusive accordée à soninke.tv, Demba Diop parle de son parti, de Macky Sall, des prochaines élections législatives. Il se prononcera également sur le nombre pléthorique de partis politiques au Sénégal et les raisons qui l’ont poussé à quitter le PDS.

Entretien réalisé par Amadou Kanouté

Honorable, vous êtes le secrétaire général et fondateur du RCS/ ADSR, comment se porte ce mouvement politique crée il ya un an ?

Reconnu il y a juste un an et demi, le Rassemblement pour la construction du Sénégal/And Defar Sunu Rew, en abrégé RCS/ ADSR, se porte très bien au regard du dynamisme des membres de son bureau, de l’engouement suscité, suite à sa création, chez les populations et de son objectif sans équivoque de construction du Sénégal en sus de son objet portant sur la conquête et la gestion démocratiques du pouvoir. Il est clairement précisé dans la dénomination du parti notre volonté de voir les Sénégalais et les Sénégalaises de tous bords et de toutes confessions se joindre à nous pour entreprendre ensemble cette exaltante œuvre de construction du Sénégal.

Il existe beaucoup de formations politiques au Sénégal. Le chiffre est estimé par le Ministre de l’Intérieur à plus de 150. Un nombre pléthorique pour beaucoup d’observateurs. Qu’est-ce que le RCS/ ADSR  apporte de plus sur la scène politique sénégalaise?

Avant de répondre à votre question, permettez-moi, de dire que la création d’un parti politique procède de l’exercice d’un droit constitutionnel de la liberté d’association, et de relever que l’assertion relative au nombre pléthorique de formations politiques, l’estimation du Ministre de l’intérieur à 150 formations politiques constituent les deux yeux d’un même visage en ce qu’elles procèdent de la même logique de diversion au regard de la liberté d’association garantie par notre loi fondamentale. A ceux-là, charge leur incombe d’indiquer aux Sénégalais et au monde la limite supérieure fixée en termes de nombre de partis politiques autorisés au Sénégal ? Au Ministre de l’Intérieur, nous nous devons de lui rappeler que si le nombre de formations politiques avait été plafonné  et arrêté au 31 Décembre 2011, l’Alliance pour la république (APR) n’aurait jamais existé et, certainement, la coalition Benno Bokk Yakkar (BBY) dont l’APR est l’épine dorsale ne serait pas, aujourd’hui, au pouvoir au Sénégal. Pour répondre à votre question le RCS/Adsr n’analyse pas sa présence dans l’espace politique sénégalais en termes de ce que nous apportons ou pas, mais plutôt en termes de différence qualitative puisque notre parti a l’avantage, sur les autres formations politiques, d’être clair et précis pour ce qu’il veut faire pour les Sénégalaises et les Sénégalais qui acceptent de se rassembler autour de nous pour construire notre pays/And défar sunu Réw.

Est-ce que le RCS /Adsr a les moyens de ses ambitions, notamment en termes d’adhésion à sa politique. Quel est le niveau d’implantation de votre parti au Sénégal et a l’étranger?

L’implantation de notre parti a commencé depuis sa date de reconnaissance, c’est à dire le 07 Avril 2015, et se poursuit à pas de géants au Sénégal et à l’étranger. C’est ainsi que le RCS/Adsr est représenté dans plusieurs départements du Sénégal dont ceux de Matam, de Ranérou Ferlo et de Kanel ou se trouve, actuellement, son siège, précisément, dans la Commune de Dembancane. Il est également implanté dans les départements de Dakar, Pikine, Guédiawaye, Rufisque, Thiès, Bakel, Goudiry, Kaolack pour ne citer que ceux-là. Le Rassemblement pour la construction du Sénégal/And défar sunu Réw n’est pas méconnu en Afrique, notamment dans les pays limitrophes du Sénégal, au Gabon, en Europe, dans les principales villes de France, de l’Espagne, de l’Italie, de l’Allemagne et aux Etats-Unis d’Amérique.

Quels sont les rapports du RCS/Adsr avec l’opposition regroupée au sein du « Front Manko wattu Sénégal » qui continue de réclamer un fichier électoral fiable et une gestion transparente des affaires publiques?

Notre parti n’a de rapports directs ni avec les coalitions ou les fronts où sont regroupées certaines formations politiques de l’opposition ni avec la coalition Benno Bokk Yakkar(…). En termes clairs notre parti n’est ni au pouvoir ni dans l’opposition.
Le Rassemblement pour la construction du Sénégal/And défar sunu Réw, profondément attaché au respect de l’exercice des libertés politiques et à l’exigence de transparence, est acquis au double objectif poursuivi par le « Front Mankoo wattu Senegaal » lors de sa marche du 14 octobre 2016 portant, notamment, sur la fiabilisation du fichier électoral et la transparence dans la gestion des affaires publiques au rang desquelles figurent, en très bonne place, les ressources naturelles dont le pétrole et le gaz.
Le RCS/ ADSR souhaite voir l’organisation, au Sénégal, d’un débat national sur le pétrole et le gaz au cours duquel notre parti donnera sa contribution par la déclinaison de ses points de vues sur les deux accords d’association entre Petro-Tim LTD et PETROSEN sur Saint Louis et Cayar offshore profonds, les contrats de recherche et de partage de la production d’hydrocarbures, les décrets portant approbation des contrats de recherche et de partage de la production d’hydrocarbures des deux blocs de Saint Louis et de Cayar offshore profonds. Bref, sur ces points et d’autres encore, notre parti a des arguments très solides.

Les élections législatives sont prévues le 30 juillet 2017, votre parti ira t-il seul ou en coalition ?

La question de la participation ou non de notre parti aux élections législatives de Juillet 2017 est réglée par la très bonne formulation de votre question et de ce point de vue il reste au RCS/ADSR de déterminer le format de participation à ces élections législatives (…) Il faudra attendre que l’instance qui en a la charge se réunisse pour en décider avant de communiquer à cet effet. Quoiqu’il adviendra, à mon avis, la jeunesse de notre parti politique n’autorise pas de présenter une liste sous sa propre bannière mais cela ne signifie, nullement, qu’il devra pactiser avec le diable. En effet, nous serons très exigeants par rapport à la qualité et la représentativité de la coalition de partis politiques légalement constitués avec laquelle notre parti se lancera dans la compétition des prochaines législatives pour lui assurer une meilleure représentation a l’Assemblée nationale et préparer l’élection présidentielle de 2019.

L’Assemblée nationale est souvent décriée par la population. Elle est qualifiée de budgétivore et les députes sont considérés comme des privilégiés qu’on paie gracieusement a ne rien faire. Vous avez été parlementaire, que répondez-vous à ce type de jugement?

C’est un mauvais procès fait à l’Assemblée nationale et aux députés (…). La caractérisation de l’Assemblée nationale de budgétivore ne repose sur aucune analyse scientifique ou technique digne de ce nom et traduit plutôt l’assentiment de Sénégalaises et de Sénégalais qui, pour la plupart d’entre eux, ignorent tout du mode de fonctionnement de l’institution parlementaire. Ces jugements s’adossent peut être sur le travail des députés lors des séances plénières, véritables vitrines dédiées à la consommation publique, alors que ces travaux ne représentent pas 10% de la charge de travail des députés au niveau des douze commissions techniques permanentes dont la commission technique transversale de l’économie générale, du plan et des finances. Les travaux des députés portent, entre autres, sur l’examen et l’adoption de projets ou propositions de lois ordinaires, de lois de finances initiales ou rectificatives, les enquêtes parlementaires, les questions orales ou d’actualité, les visites de terrain, la représentation du Sénégal à la commission UE/ACP, dans les organisations communautaires et les clubs d’amitié du Sénégal, l’examen et l’adoption des lois de règlements suite aux rapports annuels de la Cour des Comptes etc. Au titre des lois de règlements, les députés, au cours de la 11ème législature à laquelle j’appartiens, ont examiné et adopté dix gestions couvrant la période de 1999 à 2000 et je n’ai pas souvenance de séances parlementaires portant examen et adoption de lois de règlement pour la période postérieure à 2012 par les députés de la 12ème législature, celle en cours, ce qui constitue un danger incommensurable pour notre pays vu que les lois de règlements sont aux lois de finances ce que le contrôle budgétaire est au budget dans les entreprises.

Vous faisiez partie des députés libéraux qui avaient pris la défense de Macky Sall pendant sa période de disgrâce alors qu’il était président de l’Assemblée nationale et responsable au Parti démocratique sénégalais/PDS. Pourquoi aviez-vous adopté cette attitude à l’époque?

La descente aux enfers de Macky Sall a commencé avec le faux débat sur le maintien ou non dans l’organigramme du PDS du poste de n° 2  qu’il occupait et qui était convoité par des dinosaures et des caciques. Ces caciques, après avoir ‘’croqué l’oreille’ ’du Pape du Sopi, Maître Abdoulaye Wade, Secrétaire général national sur les dangers ou risques de laisser Macky Sall à cette station stratégique, ont orchestré et obtenu de lui la suppression du poste de n°2. Ainsi, le président Wade s’est retrouvé entouré de Secrétaires généraux nationaux chargés les uns d’affaires utiles, les autres dont Macky Sall, chargés des affaires inutiles. Cela n’a pas suffi à ces caciques qui ont fini par filtrer les députés et créer la stupide affaire de la convocation du Ministre d’Etat Karim Meissa Wade par Macky Sall, président de l’Assemblée nationale, pour que ce dernier s’explique sur sa gestion de l’ANOCI devant la représentation nationale. A ces deux événements susvisés est venue s’ajouter la proposition de loi inopportune Sada Ndiaye portant réduction de la durée du mandat du Président de l’Assemblée dont le mandat en cours du Président Macky Sall. J’ai adopté une position de principes par rapport à ces événements de haute magouille aux antipodes de la démocratie, des valeurs républicaines dont le Président Macky Sall avait été la victime.

Lorsque Macky Sall avait été poussé à la sortie du PDS, vous ne l’aviez pas suivi. Après son arrivée au pouvoir aussi vous n’aviez pas rejoint la mouvance présidentielle. Pourquoi?

Macky Sall et moi étions tous les deux militants du Parti démocratique sénégalais à des niveaux de responsabilités différents, certes, mais pourquoi devrais-je le suivre comme vous le dites lorsqu’il avait été poussé à la sortie du PDS d’autant plus que ce n’est pas lui qui a fait de moi un militant du PDS et que lui et moi militions dans des circonscriptions différentes, même si Macky Sall, en un moment donné, a joué un rôle important pour moi. Cela dit, je me dois de préciser que Macky Sall n’a pas été poussé à la sortie du PDS puisque le 09 novembre 2011, après le vote de la résolution mettant fin à ses fonctions de Président de l’Assemblée nationale, il a pris la décision individuelle de démissionner de l’institution parlementaire, du Parti démocratique sénégalais et de renoncer à toutes ses fonctions électives dont celles de député et de maire de Fatick. Dans les conditions sus indiquées et pour d’autres raisons liées à nos statuts de députés des départements de Fatick et de Kanel je ne pouvais pas, même si je le voulais, suivre Macky Sall dans son choix car le département de Kanel, au nom et pour le compte duquel j’étais élu député ne me l’aurait jamais pardonné. Le candidat de la coalition BBY Macky Sall est élu, au second tour, le 25 mars 2012, Président de la République du Sénégal et depuis je n’ai pas eu de ses nouvelles pour ne l’avoir pas rencontré, peut-être, parce que je ne l’ai pas suivi dans son choix nonobstant le rôle très important que j’ai joué, avec d’autres députés, dans son combat politique au sein et en dehors de l’Assemblée nationale contre les caciques du Parti démocratique sénégalais.

Après la défaite du PDS et de ses allies a l’élection présidentielle de 2012 devant le candidat de BBY Macky Sall, vous avez quitté ce parti, le PDS, pour créer votre propre formation politique. Qu’est-ce qui explique ce choix ?

Estampillé pro-Macky par Doudou Wade et ses affidés, livré à moi-même pendant toute la période du 09 novembre 2008 à juin 2012, fin de la 11ème législature, je suis resté sans responsabilités aucune dans le PDS et à l’Assemblée nationale alors que j’avais meilleur profil à l’emploi par rapport à beaucoup d’entre eux pour être membre du bureau de l’Assemblée nationale, secrétaire élu ou occuper les fonctions de président de l’une des douze (12) commissions techniques permanentes .
J’ai payé très cher, trois ans durant, pour avoir été parmi les députés qui ont porté le combat politique de Macky Sall à l’Assemblée nationale sans Macky. Et il n’est pas rare, aujourd’hui, d’entendre la cohorte politique de fripouilles, autour du Président Macky Sall, clacher sur nous qui, hier, avions porté son combat à l’hémicycle. C’est pour toutes ces raisons et d’autres encore que j’ai décidé de créer le Rassemblement pour la Construction du Sénégal /And Défar Sunu Réw pour résister et poursuivre mon combat politique.

Entretien réalisé avec Soninke.tv

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