Couvre-feu : Qui nous a dit que le Covid-19 n’était que noctambule ?

Le 23 mars dernier, le Président Macky Sall avait décrété l’état d’urgence et un couvre-feu de 20h à 06h du matin dans le cadre de la lutte contre la propagation du covid-19. L’objectif premier de cette mesure est sans doute d’enrayer la chaîne de contamination en évitant les rassemblements. Après une semaine, cette mesure semble être sans effet.

Aujourd’hui, la réalité du terrain montre que cette riposte ne fait pas le poids devant « l’infiniment petit qui fait trembler le monde entier ». L’état d’urgence qui, devait être d’ordre sanitaire, est devenu d’ordre sécuritaire. La communication autour de cette mesure a été biaisée. Dans son discours du 23 mars 2020, le président de la République interpelle les forces de défense et de sécurité en ces termes : « J’ordonne les forces de défense et de sécurité de se tenir prêtes en vue de l’exécution immédiate et stricte des mesures édictées sur l’étendue du territoire national ». Cette phrase semble être la seule retenue et mal interprétée par l’opinion publique. En atteste la tournure qu’a pris le couvre-feu.

Magatte Gaye - CESTI

Par effet boule de neige, la population a détourné sa peur vers les forces de défense et de sécurité en laissant en rade « l’ennemi commun ». Résultat des courses, elle se protège de ses alliés (Forces de l’ordre) de 20h à 06h et prête le flanc à l’ennemi réel (Covid-19) tout au long de la journée.

Aujourd’hui, les marchés sont toujours bondés, certains comportements favorisant la transmission du virus sont toujours visibles, le Sénégalais n’est toujours pas conscient de la gravité de la situation actuelle. Les principales motivations des mesures de restriction ne sont pas bien explicitées. Par conséquent, nous sommes plus dans le respect des heures de couvre-feu que dans le respect des gestes barrière.

Face à cette situation, il urge de passer à la vitesse supérieure. Le tâtonnement et l’indiscipline sont les principaux alliés du Covid-19. C’est pourquoi, il serait opportun de réfléchir sur un modèle de confinement progressif pour stopper cette courbe de contamination qui ne cesse d’aller crescendo. D’ailleurs le professeur Moussa Seydi du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital fann semble depuis quelques jours préparé le terrain à l’Etat. Il a déclaré qu’il est « presque certain que, tôt ou tard, le Sénégal ira vers le confinement total des populations».

 

Auteur : Magatte Gaye – Etudiant en Journalisme au Cesti

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.