Chronique politique du vendredi : Sonko, cette patate chaude dans la gueule de la majorité présidentielle

Avant même la publication de la liste des candidats à l’élection présidentielle du 24 février prochain par le Conseil Constitutionnel, et en attendant la date fatidique du démarrage de la campagne électorale prévue au début du mois de février,  le candidat Ousmane Sonko  fait l’objet d’une remarquable attention  de la part de Benno et de ses alliés. D’un fardeau électoral faible, en comparaison aux dernières élections législatives à l’occasion desquelles il est entré à l’Assemblée Nationale par le « système du plus fort reste », l’ex-inspecteur des Impôts et Domaines, s’est facilement imposé, par la force d’une accumulation d’erreurs commises par la majorité présidentielle. Tête de file de l’une des coalitions minoritaires à l’hémicycle, il est devenu l’adversaire redouté du candidat-sortant, Macky  Sall. Le pouvoir en place aurait-il  commandité des sondages qui annoncent Sonko au second tour de l’élection présidentielle ?

Déjà, des  journalistes affranchis au régime en place mettent sur la place publique des cafards. Des responsables politiques de la mouvance présidentielle, pris de peur par cette percée inattendue du leader des Patriotes, jettent le discrédit sur des fonctionnaires du cadre des Impôts et Domaines accusés de vendre des terrains pour financer la campagne électorale de leur ex-collègue.

C’est le  journaliste Madiambal  Diagne, patron du groupe Avenir Communication, qui, dans une contribution « j’accuse Ousmane Sonko sur des faits précis », a établi l’existence de conflit d’intérêts et le caractère malveillant du candidat à la présidentielle. Et après, c’est la journaliste, Oumou Wane, ancienne directrice de la télévision Africa 7, qui, dans le même format d’expression,  demande à Ousmane Sonko de répondre. Serait-on dans une répartition des tâches d’une mission dessinée dans un cabinet officieux ?

A qui profitent ces deux contributions aux relents de questions-réponses ? Allez savoir !

A malin, malin et demi, dit-on. Même s’il ne s’est pas manifesté personnellement à la conférence de presse organisée par son parti, Pastef, Sonko a réussi la prouesse d’avoir esquivé le piège tendu, en envoyant ses inconditionnels répondre aux accusations. Nul doute, l’objectif bien connu, est de bouleverser l’agenda d’un candidat en installant et en faisant alimenter un débat sur l’existence ou non de conflits d’intérêts, d’un cabinet fiscal, d’un bradage foncier dans lesquels l’ex-inspecteur des Impôts et domaines serait mouillé. La force d’un candidat à une élection se trouve dans sa capacité à déranger le calendrier de son ou de ses concurrents. Cette fois-ci, il n’a pas été comme l’opposition, dans sa dimension large, qui, à force de réagir aux attaques d’un pouvoir calculateur, a fini par  réduire son combat aux questions électorales à tel point que des rencontres et initiatives tournent autour du processus électoral.

Désormais, c’est  presque le sentiment, qu’à la rencontre des opposants à Macky, on ne parle que parrainage, fichier électoral, conseil constitutionnel, Cour suprême, doublons, Cena  et Cnra. Toute autre question est supposée renvoyer aux calendes grecques. Et pourtant, les impactés du Train express régional (Ter)  ruent dans les brancards pour exiger leurs indemnisations, après leur expropriation, dans le cadre de la réalisation de l’infrastructure ferroviaire; les enseignants ont repris le combat en déposant des préavis pour réclamer le respect des accords signés; la grogne du secteur privé national; des greffiers sont en mouvement de grève sur toute l’étendue du territoire pour non-respect des promesses…

Même s’il a perturbé le Président-candidat, Macky Sall, dans son discours du nouvel an suivi d’une rencontre avec des journalistes, le 31 décembre dernier, Sonko a choisi d’être le dépositaire de son calendrier. Il ne veut pas donner l’occasion au pouvoir et de ses bras armés  de le mettre au cœur de l’atmosphère politico-médiatique.

Cependant, cette offensive du pouvoir continue de plus belle. Car, c’est Aliou Sall, maire de Guédiawaye, qui dénonce  l’établissement circonspect d’actes de vente par plusieurs agents des Impôts et domaines, au sujet  des terrains de la bande des filaos dans ladite localité, dont l’objectif, selon lui, est de rassembler des sommes d’argent pour le financement de la campagne du candidat Ousmane Sonko. Que l’on ne soit pas surpris d’entendre, dans les prochains jours, des mesures suspendant l’attribution foncière dans la bande des filaos à Guédiawaye.

Terrible révélation qui doit donner des frissons au gouvernement. Que des fonctionnaires censés participer à la mobilisation des recettes pour la satisfaction des dépenses publiques, vendent leurs terrains acquis légalement, pour financer la campagne d’un opposant. Cela traduit un vent de mécontentement à l’intérieur de l’administration particulièrement dans les régies financières. C’est la colère d’une administration chargée de concrétiser la vision du Gouvernement d’un Etat-parti. Une preuve tangible de  l’existence d’une démoralisation dans l’administration fiscale qui ne manquera pas d’avoir des répercussions dans les objectifs de recettes assignés par le Gouvernement.

          Ciré Eric Bâ – laviesenegalaise.com

 

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