BOURSES D’ÉTUDES : L’Etat a payé 66 milliards de FCfa en 2018

Ce sont 3.587 étudiants à l’étranger et 96.680 au niveau national qui bénéficient des bourses d’études de l’Etat. Le cumul fait 100.267 bénéficiaires d’allocations chèrement payées en 2018, à savoir 66 milliards de FCfa.

Le nombre total d’étudiants bénéficiaires d’une bourse d’études du gouvernement du Sénégal en 2018 s’élève à 100.267 étudiants. Dans le détail, cela donne les chiffres suivants : 3.587 étudiants enregistrés pour le compte de l’étranger. Ce sont les étudiants directement pris en charge par l’antenne de la Direction des bourses à Paris. « Nous gérons un effectif de près de 4.000 à l’étranger. Exactement 3.587 étudiants en 2018. C’est le nombre d’étudiants établis à l’étranger et qui sont gérés par l’antenne de la Direction des bourses à Paris », a précisé le directeur des Bourses, Dr Lansana Konaté. L’impact financier de ces boursiers établis un peu partout à travers le monde a atteint 5,100 milliards de FCfa en 2018.

Les boursiers étudiant au Sénégal sont au nombre de 96.680 en 2018, selon Dr Konaté, avec un impact financier de 61 milliards de FCfa. Les deux régimes de bourses (étranger et national) ont coûté, au total, plus de 66 milliards de FCfa au Trésor public. «C’est incroyablement énorme », a commenté le directeur des Bourses qui dit avoir pourtant abattu un «immense travail» pour assainir et mettre de l’ordre dans les allocations.

A mon arrivée, a-t-il dit, il y avait une totale anarchie. La politique d’attribution et de renouvellement des bourses n’était pas du tout cohérente. Les ayants droit se retrouvaient sans bourses alors que les non ayants droit étaient payés. « La situation, à notre arrivée, était caractérisée par beaucoup de dysfonctionnements. Il fallait les corriger et proposer une nouvelle politique d’attribution sur la base de l’équité, afin que le social soit au service de l’excellence et de la pédagogie. Nous l’avons fait. Aujourd’hui, ce sont les méritants qui sont les vrais boursiers », a expliqué Dr Lansana Konaté. Ce « travail de fond » a nécessité le changement des textes. Un nouveau décret et de nouveaux arrêtés ministériels ont été pris. L’audit du fichier a révélé 25.000 étudiants boursiers qui, en réalité, ne devaient pas l’être. Ce qui donne un montant détourné de 10 milliards de FCfa.

Nouvelle politique des bourses

Les efforts entrepris et le toilettage des textes concernant les bourses d’études ont abouti à la mise en place d’une nouvelle politique qui récompense l’excellence pédagogique. Une politique qui s’est traduite par la création des bourses d’excellence qui n’existaient pas auparavant au niveau national. Aujourd’hui, tout bachelier ayant obtenu la mention « Très bien » ou « Bien », inscrit dans un établissement public ou privé, a droit à cette bourse qui s’élève à 60.000 FCfa. Sur les catégories des bourses, des critères très clairs ont été également mis en place. La nouvelle politique a aussi favorisé les bacs en voie de disparition (S1, S3, S4) et les bacs techniques et technologiques. Dans cette dynamique, on enregistre les femmes et les étudiants handicapés qui ont tous bénéficié d’une discrimination positive.

Demande de bourse en ligne, l’autre grande innovation

La nouvelle approche concernant les bourses étrangères a permis de prendre en charge une vieille doléance : celle des Sénégalais de l’extérieur. Désormais nos compatriotes nés à l’étranger sont éligibles. Ils peuvent demander et obtenir une bourse de l’Etat du Sénégal. « La mesure a été très bien appréciée par la diaspora. Nous recevons très sou- vent des notes pour nous le faire savoir », a souligné le directeur des Bourses. Il s’y ajoute que tout bachelier inscrit dans un institut préparatoire ou dans une grande école d’ingénieur à l’étranger peut bénéficier d’une bourse d’excellence qui s’élève à 460.000 FCfa, en réponse aux exigences du Plan Sénégal émergent (Pse), a noté Dr Konaté. « Ces étudiants sont brillants. Il faut les mettre à l’abri du besoin en leur donnant des moyens économiques qui leur permettent de se consacrer exclusivement à leurs études », a-t-il souligné.

D’autres innovations ont été aussi introduites. La plus grande est certainement celle relative à la procédure. Plus besoin d’envoyer un dossier physique. L’étudiant doit juste aller sur le site Campusen, remplir le formulaire et l’envoyer par Internet (en ligne). « Campusen est une très grande innovation », a fait remarquer le directeur des Bourses qui a également mis en exergue les allocations de mobilité. Ce sont des bourses (650 euros, soit un peu plus de 426.000 FCfa) qui vont jusqu’à dix mois, voire plus, et qui permettent à des étudiants sénégalais de fréquenter un laboratoire ou une faculté d’un autre pays pour apprendre une technique. Mais, « une technique qui n’existe pas au Sénégal », a précisé Lansana Konaté. Il a, en outre, mis le doigt sur la grosse difficulté connue à la Direction des bourses, c’est-à-dire le chevauchement des années universitaires. Un Master qui devait normalement durer deux ans est, aujourd’hui, fait en quatre ans. Cela pose problème puisque la bourse est annuelle. Face aux difficultés de maîtriser la durée de l’année universitaire, on ne peut donc pas payer plus de 12 mois. « Voilà les sources des malentendus », a martelé Dr Konaté.
Abdoulaye DIALLO – Le Soleil

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