Bilan d’Aliou Cissé de la participation sénégalaise à la CAN 2019: Mais dans quel monde sommes-nous?

Les Lions du Sénégal rentrent de la CAN 2019 finalistes. Ils ont pu retrouver leur niveau de performance de 2002 (en somme aucune avancée depuis 17 ans). Les 23 joueurs empochent chacun une prime de 59 millions de Francs. Et après des vacances bien méritées pour des performances qu’ils sont seuls à voir, Aliou Cissé dresse un bilan qui ne nous apprend rien de plus que ce qu’on sait déjà de l’équipe, et n’avancera sans doute en rien la sélection pour les prochaines échéances. Et la FSF le félicite. Mais dans quel monde sommes-nous?

Pour résumer, le football sénégalais aura travaillé depuis 2008, dépensé des millions de francs Cfa pour nous « aider » à retrouver notre niveau de 2002.

Même si la FSF ne tarit pas d’éloges, regardant sans doute les recettes de cette campagne 2019 s’élevant à 1 964 581 036 Francs, mais aussi la« constance » des résultats, « l’organisation et l’état d’esprit », force est de reconnaître que cela ne hausse en rien le drapeau national et ne sera pas retenu au final. Ne pensez-vous pas qu’un pays qui a participé 15 fois à la CAN et de surcroit disposait des meilleurs joueurs du tournoi cette année méritait plus ? Quand aurions-nous le courage de nous regarder dans les yeux pour nous dire la vérité, cultiver l’esprit de la gagne et refuser tout autre résultat ?

Pourquoi laisser la FSF continuer à vivre dans les mascarades qui maquillent les contre-performances en satisfaction sur… « la bonne gestion des hommes » ou « une place de second » ? La bonne gestion des hommes est une obligation toute naturelle pour le sélectionneur et la FSF. Ils maîtrisent leurs poulains ou ils seront les premiers indexés et sont comptables de tous les impaires notés à chaque campagne. Aucun argument n’est recevable sur les contre performances du Sénégal à cette CAN 2019 parce que c’est de contre-performance dont il s’agit. Sinon montrez moi la coupe d’Afrique.

Aliou peut faire son bilan, si cela lui chante, sur la base ses éléments internes, lesquels quoiqu’on dise sont connus de tous. Il n’y’a aucun secret dans la tanière. Mais pour avoir un sens, le FSF ne devrait pas s’en contenter. D’autant plus que l’équipe a été victime de ses tares et imperfections connues de tous et indexées par plusieurs observateurs, anciens joueurs, techniciens et journalistes.

L’impératif d’élargir la réflexion et le débat aux observateurs, anciens joueurs, techniciens et journalistes

On ne les a pas écoutés avant ou pendant, mais on doit élargir la réflexion à ses observateurs, anciens joueurs, techniciens et journalistes pour mieux projeter l’équipe dans les échéances prochaines et maximiser ses chances de remporter enfin ce trophée continental qui nous fuit depuis 1965. Toute autre approche n’est illusoire et vouée à l’échec. Des assises nationales du football s’imposent. Elles peuvent ne pas remettre en cause la FSF dans sa composition, mais permet une réflexion inclusive et la prise en compte de la pensée et les avis des avertis qui ne feront que renforcer l’équipe à moyen et long termes.

Les lacunes persistantes de l’équipe nous vouent à l’échec à l’avenir si rien n’est fait

Si l’équipe du Sénégal a été l’une des meilleures équipes de la CAN 2019, force est de reconnaître aussi que c’était l’équipe la plus prévisible. Bien des techniciens savent nous poser des équations que nus avons parfois du mal à déjouer. Les nombreux résultats étriqués (1-0) acquise dans la difficulté et les deux défaites face à l’Algérie illustrent bien cette réalité. Le Sénégal est toujours peu inspiré lorsqu’on lui empêche de poser le jeu. Nos individualités qui doivent nous sortir de situation peinent aussi à s’exprimer. Un défaut de responsabilité qui trouve racine dans la gestion psychologique du groupe.

La première défaite contre l’Algérie est pleine d’enseignements. Un pressing haut et à contretemps pour pousser les joueurs sénégalais aux fautes techniques, une projection rapide en cas de récupération, la réduction de tout espace exploitable pour les sénégalais. Voilà la recette du Sélectionneur algérien pour dévoiler au grand jour les carences du Sénégal, et permettre à son équipe de se découvrir un talent de futur champion. Le mauvais changement et l’inertie et les retards inexpliqués des Lions sur les deuxièmes ballons, les milliards de balles arrêtées vendangées et le manque d’inspiration de nos milieux et attaquants ont fait le reste. Malheureusement nous n’avons pas pu tirer enseignement de cette rencontre pour mieux aborder la finale.

 

 


Cheikh Mbacké SENE

Consultant Sportif et auteur du Livre « Lions de la Teranga : Vérités et contre vérités sur les échecs répétés (2003-2013)”

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