Atelier sur « Réaliser le miracle africain : politique de diversification et de croissance »

MOT D’OUVERTURE de Monsieur Mamadou SARR, Directeur de Cabinet du Ministre du Budget

---

Permettez-moi, à l’entame de mon propos, de remercier l’Allemagne pour le soutien à l’initiative « Compact G20 avec l’Afrique », le Fonds monétaire international et la Banque mondiale pour les efforts inlassables en faveur de l’Afrique mais particulièrement pour l’organisation de cet atelier au Sénégal, pays d’hospitalité.

Il est aisé d’imaginer le plaisir et la fierté des autorités Sénégalaises, au premier chef Son Excellence Macky SALL, Président de la République, pour le choix porté sur notre pays pour abriter, deux jours durant, cet atelier d’échange de bonnes pratiques sur le thème «RÉALISER LE MIRACLE AFRICAIN : POLITIQUES DE DIVERSIFICATION ET DE CROISSANCE».

Mesdames et Messieurs

L’atelier de Dakar offre l’opportunité d’échanger sur une problématique inscrite en lettre d’or dans les programmes de l’agenda 2063 de l’Union africaine ainsi que dans les programmes nationaux. Je veux parler de la diversification et de la croissance.
En effet, au cours des deux dernières décennies, l’Afrique a réalisé des progrès remarquables. Le rythme de progression de l’économie a été particulièrement élevé dans bon nombre de pays, porté notamment par des réformes d’envergure et un environnement international porteur, se traduisant par l’amélioration des indicateurs sociaux à la faveur également de meilleures politiques sociales.

Mais le récent coup de frein à la croissance imputable pour une large part au recul des cours des produits de base, en fragilisant les acquis, met les gouvernements africains devant leur responsabilité historique, celle de libérer le potentiel productif afin d’élargir les bases de la production et résister aux vents contraires.

Les épisodes de croissance en Afrique sont plus brefs que dans les autres parties du monde. Il est donc important, dans un nouvel élan national et avec l’appui des partenaires, de questionner les voies et moyens de fortifier la croissance et améliorer sa qualité au bénéfice des populations.

Les économistes s’accordent sur les vertus de l’élargissement de la base productive et l’extension de la gamme des produits, surtout lorsqu’ils s’accompagnent d’une meilleure sophistication. La production davantage de biens et services à forte valeur ajoutée sous-tendue par une productivité vigoureuse constitue, au regard de l’histoire contemporaine, un excellent vecteur de transformation structurelle pour l’émergence.

Le saut qualitatif sur l’échelle de la productivité est, un dénominateur commun aux pays émergents. L’innovation et les progrès technologiques sont à cet égard à promouvoir. Il semble également fondamental de renforcer les investissements, notamment, dans les infrastructures, l’énergie et le capital humain pour diversifier l’économie et conforter sa résilience. D’un autre côté, l’assainissement du cadre macroéconomique et la promotion de la gouvernance semblent nécessaires.

Dans la même veine, la transition de l’agriculture vers l’industrie puis vers les services semble être une voie prônée par des économistes parmi les plus éminents et des organisations internationales très crédibles.

Mesdames et messieurs

Si la diversification comme moyen de transformer la structure de l’économie pour une croissance forte et auto auto-entretenue est au cœur des politiques de développement économique et social en Afrique, un grand nombre de questions nous interpelle.

La quête de diversification menant, par exemple, à une désindustrialisation à petit feu, pauvre en emplois viables ou facteur d’accroissement des inégalités sociales et territoriales, ou préjudiciable au cadre macroéconomique et à la viabilité de la dette publique n’est certainement pas désirable.

L’Afrique n’est donc pas obligée de répliquer les schémas de diversification du reste du monde. De quelle diversification nos pays ont-ils réellement besoin ? Quelles en sont les contraintes ? Comment exploiter au mieux les atouts et avantages comparatifs ? Quelles sont les erreurs à éviter ? Comment consolider les acquis aussi minimes soient-ils en matière d’élargissement des sources de la croissance ?

Au Sénégal, ce que nous avons fait, c’est donner du contenu à la vision du Président Macky Sall de faire du Sénégal un pays émergent à l’horizon 2035. Ce que nous sommes en train de faire, à cet effet, c’est d’accélérer le rythme de réalisation des réformes et les ruptures structurelles pour véritablement inscrire notre pays sur une nouvelle trajectoire de croissance et de développement.

Des actions hardies sont en cours à ce titre pour relever durablement le potentiel de croissance, stimuler la créativité et appuyer l’initiative privée afin de satisfaire la forte aspiration des populations au mieux-être.

Les premiers résultats sont très probants avec le positionnement du Sénégal dans le peloton de tête de la croissance en Afrique grâce aux efforts de diversification de la production malgré le contexte mondial difficile.

Mesdames et messieurs les participants

Il vous appartient, à vous experts ici réunis, d’orienter les stratégies et politiques des décideurs. Vos gouvernements respectifs s’attendent à ce que l’effort de diversification de l’économie demandée soit transposable, adapté aux institutions sans être perçue comme une marche forcée.

En mettant en exergue les implications de la diversification sur les exportations, les recettes budgétaires, les réserves de change, l’exposition et la capacité de réaction aux chocs importés, mais également sur l’inclusion sociale, les enseignements et recommandations issus de l’atelier aideront vos gouvernements respectifs à mieux calibrer leurs politiques de diversification, dans le cadre de leur vision de long terme.

Je suis persuadé au vu du niveau de représentativité des pays et des partenaires techniques, que l’atelier débouchera sur des recommandations pertinentes pour les décideurs. Je souhaite plein succès à vos travaux et déclare ouvert l’atelier sur les politiques de diversification et de croissance en Afrique.

Je vous remercie de votre aimable attention.