ATELIER APPEL – Le Discours du Président Ibrahima Lissa FAYE

Monsieur le Secrétaire d’Etat à la Communication,
Monsieur le Ministre, porte-parole de la Présidence
Honorable député,
Monsieur le Directeur Général
Monsieur les Partenaires
Distingués invités
Mesdames, Messieurs les participants,

C’est un honneur et un plaisir renouvelé pour nous, Editeurs de la presse en ligne, de recevoir les différentes composantes de la société sénégalaise, particulièrement des médias ici à Saly portudal.

Cet atelier est une suite logique de la rencontre de novembre 2014 organisée ici, dans le même réceptif. Ces travaux qui avaient des allures ouest-africaines avaient pu aboutir à des résolutions importantes. En effet, une proposition de réforme des dispositions du Titre 4 du code de la presse avait été formulée dans des détails précis, le type de régulation identifié avec à la clé une ébauche de textes mais surtout un projet de charte d’éthique et de déontologie.

Toutefois malgré ces avancées et les efforts d’autorégulation en interne, la situation se complique davantage. Les agissements d’une partie de la presse en ligne inquiètent et inspirent des mesures hardies. Des tenants de sites d’informations sont capables du meilleur comme du pire pour accroitre drastiquement le taux de clics. Des images ou des informations rocambolesques et invraisemblables venant d’autres contrées de la planète sont tropicalisées et servies aux internautes sénégalais.

Plus grave, ce sont les dérives liées aux atteintes gratuites à la vie privée des individus, à leur honorabilité et à leur dignité. Des exemples aussi hallucinants qu’ahurissants peuvent ainsi être cités.

Ces perditions et manquements trouvent leur substrat dans une recherche effrénée de trafic simplement pour rentabiliser. Avec moins de 100.000 francs CFA, on peut créer un site. Et avec un minimum de technicité, on peut en tirer des revenus mensuels supérieurs ou égaux à un salaire moyen de l’Administration sénégalaise.

Conséquence : la presse en ligne est passée d’une dizaine à plus de deux cents sites d’informations de 2011 à 2016. Tandis qu’une centaine sont actuellement dans l’antichambre parce que des milliers de noms de domaines ne sont plus disponibles. Ce foisonnement est facilité par une absence de réglementation qui fixe, de manière claire, les conditions de création.

Aujourd’hui, nous sommes tous concernés, nous sommes tous responsables de ce grand bazar. L’Etat observe et laisse pourrir la situation, pendant que les professionnels des médias préfèrent les critiques et quolibets à toute idée de renoncer à ces pratiques qui n’honorent pas la presse, en général ; et le journalisme en ligne, en particulier.

L’Association des Editeurs et Professionnels de la Presse en Ligne (APPEL) est consciente de sa part de responsabilité. C’est pourquoi, dès le départ, elle n’a cessé d’alerter et de proposer des solutions. Sachant que nous avons des alliés aussi déterminés pour limiter les dégâts de cette tendance pernicieuse, nous, éditeurs de la presse en ligne, avons commencé à mettre en place des mécanismes liés aux critères d’adhésion. C’est tout le sens qu’il faut donner à la mise en place de la Commission « éthique et déontologie » qui fait un travail remarquable.

Sur plus de 200 sites d’information au Sénégal, seule une soixantaine sont membre de l’APPEL. La Commission « éthique et déontologie », depuis qu’elle a été remise au goût du jour, abat un travail remarquable qui même si vous ne le constatez pas, a beaucoup contribué à limiter les dégâts.

Elle fait des rappels à l’ordre fréquents, des mises en garde, saisit le Tribunal des pairs du CORED et même propose des rapports circonstanciés, bien détaillés pour l’exclusion de membres multirécidivistes. Le Bureau exécutif a déjà eu à suivre Cheikh Saadbou Sèye dans cette recommandation, avec l’exclusion d’un site de nos rangs.

Sur un autre domaine pas aussi visible, depuis le début de l’année 2014, les membres du bureau ont pris sur eux, suite aux nombreuses critiques, de consentir davantage d’efforts pour contrôler les commentaires. Ainsi, des avancées notoires sont enregistrées depuis quelque temps, en matière de modération.

Comme vous pouvez tous en témoigner, chères autorités, chers invités, chers confrères, la forte volonté de l’APPEL à professionnaliser le secteur n’est plus à démontrer. Cet engagement ferme utile et précieux pour tout un peuple, tout un Etat, ne passera que par des textes forts et l’installation d’un Organe autonome et représentatif.

Pour ainsi envisager des lendemains meilleurs et donner corps à la prophétie disant que la presse en ligne est l’avenir des médias, il faut un cadre normatif de qualité, adapté aux exigences de l’heure, mais surtout à l’évolution rapide des nouveaux médias. Nous allons vers l’explosion des webtv et si on ne prend pas les devants, dès maintenant, elles peuvent faire basculer la stabilité d’un pays.

Notre objectif, dans cet atelier, est de renforcer davantage le corpus juridique de la presse en ligne. L’APPEL va travailler, pendant ces trois jours, avec tous les compartiments de notre société ici présents, avec à leur tête l’Etat, à mettre en place un cahier de charges, des mécanismes de labellisation reposant sur un ensemble de référentiels qualité.

Ce cahier de charges va définir les conditions de création et fixer des critères qui seront obligatoires pour tout promoteur de la presse en ligne.

La labellisation concerne la presse numérique déjà existante. Elle va proposer un ensemble de référentiels pour un contenu de qualité, une bonne gestion de nos entreprises. Cette initiative valorise les bonnes pratiques, le respect scrupuleux des textes régissant la profession. La Charte « éthique et déontologie » sera aussi un élément fondamental pour bénéficier d’un label de qualité et pouvoir le garder.

Les Editeurs de la presse en ligne lancent, ici, solennellement un appel pressant à l’Etat et prennent à témoin les organisations ici représentées. Dans l’une des dernières moutures du Code de la presse remaniées sous l’égide des autorités actuelles du Ministère de la communication, les conclusions de l’atelier régional de novembre 2014 ont été royalement ignorées. Nous avons été surpris et un peu déçus quand nous avons pris connaissance du document.

Et nous n’aimerions pas que les fruits de nos présents travaux soient confinés à ce funeste destin. Si nous avons pris la peine de venir jusqu’à Mbour et de solliciter une expertise aussi variée et respectée, c’est parce que nous voulons que des conclusions remarquables soient à la hauteur de nos attentes et prises en compte dans le Code de la presse.

Ce texte, s’il est voté à l’Assemblée nationale, va régir, pendant des années, au moins une décennie ou même plus notre profession. Ainsi, les autorités compétentes et les professionnels devront s’accorder sur les contours et les moindres détails, afin de s’assurer que tout a été bien pris en compte, de manière consensuelle, et d’éviter que les dérives que nous vivons cessent.

Pour une bonne mise en œuvre du Code de la presse, l’APPEL est convaincue qu’il faut un Organe central à l’image de la CNP en Côte d’ivoire et qui aura une mission de veille et d’exécution. Nous avons fait une proposition documentée à ce sujet et nous sommes disposés à la partager.

Messieurs les Ministres
Madame l’honorable député
Monsieur le Directeur Général
Mesdames, Messieurs les participantes et participants

Loin de vouloir s’autoflageller ou de donner raison à nos détracteurs, le Bureau exécutif de l’APPEL a estimé que ces deux ateliers doivent être compris comme une opération de fondation, afin que l’édifice que nous sommes en train de construire tienne sur de bonnes bases.

Après, nous allons nous concentrer sur notre Plan stratégique 2016-2020 que nous avons fini d’élaborer. Il s’agit d’un projet très ambitieux, qui s’articule autour d’axes majeurs comme le renforcement des capacités de nos personnels (volets éditorial et administratif), le social et l’économie. Ce plan sera soumis, d’ici à novembre 2016, à nos partenaires, à travers une table-ronde des bailleurs.

Par ailleurs, l’APPEL est dans le sillage de conforter la position de leadership du Sénégal en Afrique de l’ouest. Après avoir aidé la presse en ligne du Mali et du Burkina à s’organiser, elle est actuellement en train de travailler avec le Réseau des Professionnels de la presse en ligne de Côte d’ivoire pour un atelier ouest africain sur l’harmonisation des textes.

En discussion avec nos partenaires, cette rencontre régionale va se tenir avant la fin de l’année à Abidjan ou à Ouagadougou. Ce qui permettra, au niveau régional, de doter nos pays d’un cadre normatif adapté aux ambitions d’une presse en ligne responsable et florissante.

En mon nom, je profite de cette tribune pour rendre hommage et remercier chaleureusement tous nos partenaires. Depuis sa création, chaque fois que l’APPEL a mis sur la table un projet, ils nous accompagnent. Grâce à leur confiance mais aussi à la crédibilité de notre association, les deux bureaux successifs ont eu à dérouler des projets majeurs et à tenir régulièrement des activités.

Je ne peux finir sans formuler des remerciements appuyés à l’endroit de l’Etat du Sénégal, à travers ses différents démembrements qui se sont très bien impliqués pour la réussite de ces initiatives. La Présidence de la République ne cesse de nous accompagner et de nous prêter une oreille attentive, à chaque fois que nous le sollicitons pour la tenue de nos Activités.

Quant au Ministère de la Culture et de la Communication, il n’est pas seulement notre tutelle. C’est un partenaire traditionnel avec qui nous travaillons tous les jours.

L’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP) est également l’un des partenaires naturels-phares de l’APPEL. En parfaite intelligence avec le Directeur général et son service de communication, nous sommes persuadés que notre partenariat va continuer et se densifier dans le cadre nos futures activités respectives.

Chers invités, chers collègues

Des personnalités vont marquer de leurs empreintes nos travaux. Dès le départ, Mame Less Camara, éminent journaliste, doté d’une expérience reconnue de tous même et au-delà de nos frontières, a accepté de nous accompagner, de piloter nos travaux comme l’avait fait le Pr Abdoulaye Sakho. Il sera épaulé par Bouna Manel Fall, qui est le Rapporteur général. Son expertise dans le droit des médias est éprouvée et reconnue.

Enfin, nous savons tous, chers experts, chers participants, que vous avez un calendrier très chargé. Malgré tout, vous avez tenu à faire le déplacement à Saly.

Par ma voix, APPEL vous dit tous merci et vous prie de donner le meilleur de vous-mêmes pour la réussite des travaux.


Ibrahima Lissa FAYE
Président APPEL

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