ACCÈS AU FONCIER: Le ras-le-bol et les doléances des femmes

Au Sénégal, les femmes constituent 70% de la force de travail de la terre, alors qu’elles n’ont ni accès à ces ressources foncières ni aucun contrôle. Cette situation les précarise et par ricochet les populations qui sont à leurs charges. Cela justifie la tenue d’un atelier de deux jours sur la formulation d’une stratégie concertée en faveur des droits fonciers des femmes.

La terre, en milieu rural, est une ressource vitale à laquelle les femmes n’ont pas ou difficilement accès. De ce fait, elles sont cantonnées à un rôle de main d’œuvre agricole. Elles travaillent cette terre pour se nourrir, se loger, se procurer des revenus, entre autres. Mais elles n’ont quasiment pas de contrôle sur elle. C’est pourquoi l’Institut Panafricain pour la Citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev) a initié une rencontre pour réfléchir sur cette problématique et les enjeux liés à cette ressource.

Selon le journal « EnQuete » dans s livraison du jour, l’atelier de deux jours regroupe des associations de femmes rurales, des maires, entre autres. Il en ressort que “les chiffres sont alarmants, puisque 51% des populations sénégalaises sont des femmes et 70% de la force de travail sur la terre sont des femmes. Malheureusement, nous sommes à 46,7% de taux de pauvreté dans cette catégorie de Sénégalais”, explique Abdou Khadre Dieylani Lo, directeur de la cellule d’appui aux élus locaux (Cael) de l’Union des Associations des Elus locaux. L’accaparement de la terre est un phénomène qui s’accélère et inquiète de plus en plus. “Nous, femmes rurales, sommes très fatiguées. Nous ne pouvons pas accéder à la terre. Quand nous cultivons, nous louons l’hectare à 25 000 francs. Et ce n’est pas normal. Où va l’argent de cette location ?” se demande Geneviève Manta, secrétaire générale de la fédération nationale des femmes rurales. Selon la dame, il est nécessaire d’octroyer aux femmes des terres, car elles ont les capacités d’assurer une sécurité alimentaire durable.

D’où ce coup de gueule contre une exploitation qui ne dit pas son nom. “La main d’œuvre agricole, c’est les femmes. Quand vous vous rendez dans les champs, vous ne voyez que des femmes avec leurs enfants. Il faut qu’on nous octroie des terres, car nous pouvons garantir la sécurité alimentaire et réduire la pauvreté rurale”, assure-t-elle.

L’inaccessibilité à la terre de cette frange de la population est une menace à la sécurité alimentaire, car les femmes sont ceux qui alimentent les populations locales. “Il s’y ajoute le défi du changement climatique qui est venu s’ajouter aux préoccupations alarmantes et presque permanentes des femmes. Les femmes sont dans des situations dans lesquelles elles sont obligées de soutenir les hommes en termes de prise en charge du développement local”, indique M. Lo.

Pendant deux jours, rappelle le journal, les acteurs vont essayer de développer une stratégie d’autonomisation de la femme qui donne une place importante à la question de l’accès et du contrôle de la terre par les femmes.

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