Abus contre les femmes : Il est temps d’agir

Le viol supposé, suivi de meurtre de la fille du directeur de l’Agence de développement local (Adl) dans la nuit du samedi dans son domicile à Tambacounda est un cas qui vient s’ajouter à la longue liste des violences faites contre les femmes. Le meurtre après avoir commis un sacrilège comme le viol serait-il en phase de devenir une banalité dans la société ?

En début de semaine, Coumba Yade a été retrouvée morte dans la chambre de son violeur dans le quartier Hersent à Thiès. Son meurtrier court toujours. Le souvenir de la dame Mariama Sagna, du nom de cette responsable politique du Pastef, le parti d’Ousmane Sonko, abusée puis tuée dans sa propre chambre est encore vivace. C’était en octobre 2018. Les crimes se suivent et se ressemblent.

L’un, plus atroce que l’autre. Cela fait dix ans depuis que Fama Niane a été tuée, découpée, les restes de son corps mis dans un sachet et jetés sur la corniche. Ce crime risque d’être impuni car ses agresseurs courent toujours. Une année auparavant en 2008, c’est une écolière, Ndeye Selbé Diouf, en vacances à Guédiawaye qui a été sauvagement violée avant d’être tuée. L’affaire avait choqué plus d’un. Le comble dans cette situation est que même les nourrissons ne sont pas épargnés par les auteurs de tels actes ignobles. En mars dernier, une petite fille âgée de 2 ans et 11 mois a été violée à Diamaguéne Sicap Mbao.

En 2017, une gamine de 18 mois l’a été également au quartier Randoulen de Thiès. Ces quelques exemples ne suffisent pas pour mesurer le degré de perversité des malintentionnés. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. 982 cas d’exploitation sexuelle sont enregistrés sur 1637 cas de violences recensés par l’Association des juristes sénégalaises (AJS) en 2018. Selon les statistiques de cette même association, le Sénégal a enregistré en 2016, 3600 cas de viol. Malheureusement, de nombreux cas d’abus sexuels restent impunis, faute de dénonciation. Et en pareilles circonstances, c’est la victime qui en fait les frais.

Rejetées, incomprises, beaucoup de femmes subissent les affres de l’exclusion sociale à cause d’une maltraitance subie. Reste maintenant à se demander à quand la fin de cette ignominie ? Dans un Sénégal où un trafiquant de faux médicaments condamné à 5 ans de prison et de surcroît non méritant de la grâce présidentielle est élargi de la prison après quelques mois de séjour carcéral, doit-on espérer qu’un maniaque sexuel croupisse en prison le temps de se repentir ? Une vie en quiétude ne doit pas être une exigence de trop dans une République. Si vivre dans un Etat ne confère pas à un citoyen le droit de vivre paisiblement, il semble dès lors opportun de se débarrasser de toutes ces lois et chartes qui empêchent au citoyen abusé de rendre les coups reçus.

 

  Fatou NDIAYE

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